C’est une donnée historique, un constat jamais démenti. Aucune élection n’a jusque-là souri au RCD à Béjaïa-ville. Et ici plus qu’ailleurs. La capitale de la Soummam s’est toujours affirmée comme l’exception dans cette Kabylie où l’image est celle d’un RCD qui s’accroche tel un lutin hargneux aux basques d’un FFS triomphant. En 1990, et en l’absence du parti d’Aït Ahmed, c’est le FLN, encore endolori par les événements d’octobre, qui se charge de rabattre le caquet à un RCD tout feu tout flamme. Cinq ans après, et alors que la première élection présidentielle pluraliste de l’histoire de la nation suscite un vif intérêt partout ailleurs, Sadi est au rendez-vous avec le cauchemar à Béjaïa-ville où seulement 35 % des électyeurs avaient consenti à se rendre aux urnes. L’exhorte contraire du zaïm Hocine Aït Ahmed n’explique pas tout : à Akbou, deuxième pôle urbain de la wilaya — et, excepté pour cette occurrence, fief du FFS —, ce sont plus de 60 % des électeurs qui se rendront aux urnes. Deux années plus tard, c’est à grand peine, et grâce surtout à la contribution compensatoire d’autres localités de la wilaya, qu’il réussit à placer un trio de députés à l’APN. La déferlante FFS n’est contrée que par le mode de scrutin proportionnel qui fait la part belle aux partis minoritaires et aux maîtres des jeux d’appareils assurés, dusse le déluge advenir, d’être aux premières loges des listes de prétendants. Quelques mois plus tard, le RCD chute lourdement et sans surprise à la municipale : sur les 23 sièges mis en jeu à Bgayet-ville, il ne réussit à placer que six élus. Saïd Sadi sera enfin au rendez-vous de la vérité achevée de cet état de fait, lorsque candidat à la présidentielle de 2004, il se fait piteusement battre, à El-Khemis, Lhouma-Oucherchour et à la place Gueydon par Bouteflika et même Benflis. La contribution de quelques autres localités de la wilaya où le parti réussit tant bien que mal à sauver les meubles n’arrive pas à combler la profondeur du gouffre dans lequel s’abîme le chef-lieu de wilaya qui concentre 20 % de l’électorat. A l’élection APW de 1997, le parti ne ravit ainsi que 14 sièges sur les 43 possibles, laissant le FFS caracoler seul aux commandes de cette institution. Les scores respectables enregistrés ici et là se perdent fatalement dans le tonneau des Danaïdes que constitue le chef-lieu de wilaya. Dans l’ancienne capitale des Hammadites, c’est mathématique, le RCD est jusque-là le grand perdant des différents scrutins. Pire, cette tendance paraît à chaque fois cheminer sur une pente inexorable. Le parti est comme placé dans une dynamique d’échec permanent qu’il n’a jamais pris le soin d’analyser objectivement. L’échec est une donnée structurelle, un mal chronique contre lequel on semble s’être remis à la fatalité.Pour l’anecdote, ce sont MM. Sadek Aïssanou et Saïd Azamoum qui conduisent les listes APC et APW du RCD. Tous deux sont maîtres de conférences à l’université. Cela fait très chic, mais c’est sans doute un miracle qu’il faut au RCD.
M. Bessa
