Tout, ou presque, a été dit sur la problématique du vieux bâti dans la ville de Bouira. Un épineux dossier resté en suspens depuis les années 80, depuis la décision prise il y a plus de trente ans de raser les vieillies bâtisses qui menacent ruine et de reloger les locataires, qui n’a pas été suivie d’effets et où peu de choses ont été accomplies. Il a fallu attendre 2008 pour que l’administration locale daigne, enfin, prendre le problème à bras le corps et même utiliser la force publique, en cas de nécessité. Les résultats étaient plus que probants et les citoyens avaient, à l’époque, applaudis des deux mains l’autorité de l’Etat, face aux propriétaires récalcitrants. Pour rappel, en l’espace d’une année, les bidonvilles qui défiguraient le chef-lieu de la wilaya, avaient complètement disparu, laissant place à de nouvelles bâtisses, plus esthétiques et, surtout, plus sûrs. Mais la joie fut de courte durée, puisque des propriétaires, trop gourmands, et des locataires, parfois peu scrupuleux, avaient refusé de céder leurs propriétés, pour les premiers. Les seconds, quant à eux, ont trouvé l’astuce afin de faire bénéficier toute leur smala d’un logement social. Comment ? En réunissant la « grande famille » sous un même toit d’à peine 10 mètres carrés. Ajouté à cela, le vide juridique qui subsiste en matière de biens privés, puisque, contrairement aux biens relevant des domaines, régis faut-il le rappeler par a loi n° 91-11 du 27 avril 1991 et l’article 40 du décret exécutif n° 93-186 du 27 juillet 1993, les autorités publiques peuvent procéder à toute expropriation, sans attendre l’aval de la justice. En revanche, pour les terrains appartenant à des personnes, la législation est floue, pour ne pas dire inexistante. Mais alors, et au vu de tout cela, la situation de blocage est-elle condamnée à le rester indéfiniment ? C’est là toute la problématique qui attend d’être résolue par le nouveau premier magistrat de la wilaya, M. Nacer Maaskri. En effet, le désormais wali de Bouira devra trouver un terrain d’entente avec les propriétaires récalcitrants, pour céder leurs biens à l’amiable et ce, dans l’intérêt général. Les locataires des nombreux Haouchs que compte la ville de Bouira se sont récemment constitués en association et comptent faire front commun, dans le but de s’affranchir, une fois pour toutes, de ces Haouchs de la honte. D’ailleurs, et selon M. Rachid Ouchen, l’un des membres fondateurs de cette association, ils comptent incessamment y interpeller le nouveau wali de Bouira. « Nous espérons que le wali va nous prêter une oreille attentive. Nous voulons lui faire part de tous les détails de notre situation et, à partir de là travailler en commun pour éradiquer ces maudits gourbis », dira M. Ouchen. Si cela venait se faire, le nouveau chef de l’exécutif de Bouira aura les coudées franches et, surtout, le soutien des locataires. Cet appui, ne sera pas de trop, en vue d’entamer un dialogue avec les propriétaires hésitants. Mais tout cela n’aura aucun effet, si les membres de la chambre basse du parlement (députés), ne légifèrent pas à propos de l’expropriation des biens privés. Pour rappel, lors des législatives de mai 2012, quasiment tous les élus de la wilaya de Bouira s’étaient engagés devant leurs électeurs à travailler en ce sens. Presque une année plus tard, aucun projet de loi, ni même un semblant de mouture relatif au vieux bâti, n’a été déposé au bureau de l’APN.
Ramdane. B.