“Près de 70 entreprises ont quitté la région”

Partager

L’hémicycle Aïssat Rabah a abrité hier, la première session ordinaire de la nouvelle Assemblée populaire de wilaya. 

Une session qui avait pour ordre du jour l’examen de certains bilans des commissions et, surtout, d’établir le constat sur le développement dans la wilaya et sur le secteur économique en particulier, dans une région qui a perdu près de 70 investisseurs ces dix dernières années.    Cette première session été marquée par la montée au créneau de certains élus qui ont remis en cause le règlement intérieur de l’assemblée. Un règlement intérieur qui avait pourtant été voté à la majorité des élus lors de la session extraordinaire du 13 janvier dernier, consacrée à cet effet. Mais certains élus, notamment ceux du RCD, ont durement contesté certains volets qu’ils ont jugés « en contradiction avec la loi 12/07 du 21 février 2012 relative à la wilaya ». Ils ont aussi contesté la désignation du bureau censé conduire le déroulement de la session présidée par le P/APW lui-même. Ils ont ainsi « exigé » que les membres de ce même bureau soient élus par l’ensemble des présents. Ce fâcheux événement n’a finalement pas affecté la session dont l’ordre du jour a été maintenu par le président de l’assemblée, Hocine Haroun.  Ce dernier, tout en promettant de se pencher sur les exigences et les réclamations des élus, a vite fait d’ouvrir la séance en présentant sa communication. Une communication axée sur les différents programmes alloués à la wilaya, où il fera un constat, plus ou moins amer, sur développement dans la wilaya, avec, notamment, les retards dans la réalisation et dans la mise en service des projets. Une situation déplorée même par les citoyens qui ne voient rien se concrétiser sur le terrain.

70% de budget non consommés en 2012 

En effet, et d’après M. Haroun, plus de 70% du budget global alloué aux différents secteurs de la wilaya en 2012 n’ont pas été consommés. Les directions de l’exécutif ne sont parvenues à consommer que moins de 30% du budget octroyé l’année écoulée. À cela, vient s’ajouter la difficulté de relancer le secteur économique dans la wilaya. L’atmosphère au sein de la région ne permettant pas des investissements d’envergure. D’après le président de l’APW de Tizi-Ouzou, le phénomène de la délocalisation des entreprises prend de plus en plus d’ampleur. Il affirmera, en effet, que lors de la dernière décennie, « la wilaya de Tizi-Ouzou a enregistré quelque 70 délocalisations d’entreprises ». Affirmant que ce chiffre « est révélateur d’un processus de désinvestissement et d’appauvrissement effarants, confirmé d’ailleurs par le montant des recettes budgétaires, en l’occurrence la taxe sur l’activité professionnelle (TAP) et par le taux de chômage galopant. Et il n’est de secret pour personne que l’insécurité dans la wilaya n’encourage personne à venir y investir, et pousse aussi ceux qui y sont déjà à partir ailleurs ». Le président de l’APW de Tizi-Ouzou jugera la wilaya « en dessous de la moyenne, en termes de ratio d’entreprises par habitants ». M. Haroun rehaussera ses dires en mettant en avant la moyenne nationale relative à cet index d’investissement. Il expliquera que « la moyenne nationale, en termes de ratio d’entreprises par habitants est de 12,5 entreprises pour 1000 habitants, alors que Tizi-Ouzou ne compte que 6,5 pour 1000 habitants». 

«Nous sommes allés très loin dans l’aboutissement du projet du barrage de Souk Tléta pour vouloir reculer» 

Pour M. Haroun, il est temps de remédier à la situation afin de relancer le développement dans la région. Ceci, en atténuant les contraintes pour aider les investisseurs et les encourager à venir et à rester. « Il faut mettre à la disposition de l’investisseur un cadre légal adéquat, l’aider en lui accordant toutes les dispositions incitatives et alléchantes pour l’inviter à venir et le convaincre de rester », dira-t-il. Tout en signalant l’urgence de revoir la situation des zones d’activité et des zones des dépôts et de créer de nouvelles zones industrielles, M. Haroun ajoutera : « Il faut débureaucratiser l’investissement pour forcer l’allure du développement ».  Abordant le barrage de Souk Tléta, dont les rumeurs de son annulation ont fait le tour de la région, M. Haroun affirmera : « Nous sommes allés très loin dans l’œuvre pour reculer ». Et invitant tous les parties concernées dans ce projet au dialogue, il ajoutera qu’« il faut régler ces résidus de problèmes. Les citoyens qui ne sont pas indemnisés, doivent l’être sine-die. Pour ceux qui ne sont pas dans leurs droit, l’état se doit d’intervenir par les moyens légaux ». M. Haroun précisera que les sommes dépensées pour les indemnisations avoisinent, au stade actuel, l’enveloppe réservée à la réalisation du projet. Aussi, l’implication de la population dans cette dynamique de développement devra se faire par des actions de sensibilisation, d’incitation et d’encouragement. 

Instituer des concours et des prix pour les communes et villages les plus propres

Pour le volet environnement, la propagation des décharges sauvages dans la wilaya de Tizi-Ouzou, malgré des efforts consentis par les autorités pour y faire face, a été abordée par le P/APW.

M. Haroun déclarera vouloir « instituer, à nouveau, le prix de la commune et des villages les plus propres, prix qui sera baptisé Aïssat Rabah, son initiateur. Ce prix sera attribué par une commission secondée par des spécialistes en la matière », affirmera-t-il. Ainsi, la commune la plus propre sera dotée de 10 millions de Dinars, et 5 millions de Dinars seront attribués aux deux villages les plus propres de la wilaya. Par ailleurs, hier, lors de la première journée de la session, il fut procédé à la lecture du rapport de la commission santé hygiène et protection de l’environnement sur le secteur de la santé. Elle sera suivie des lectures des rapports d’activités de la commission de l’aménagement du territoire et du transport et de la commission éducation, formation professionnelle et enseignement supérieur. Il y a lieu de noter que la session ordinaire de l’APW se poursuit, aujourd’hui pour sa deuxième journée, avec comme pour ordre du jour des délibérations relatives au transfert des crédits et des autorisations spéciales, ainsi que des sujets divers. 

Tassadit Ch.

Partager