La rue de la Liberté était, hier, noire de monde.
L’appel à la marche lancé la semaine dernière, par l’assemblée ouverte de la commune de Barbacha, a drainé des centaines de citoyens qui ont battu le pavé hier matin, en marchant de la place dite « des quatre chemins » vers le siège de la wilaya, où un bivouac, d’une durée indéterminée, est prévu. C’est, en effet, une véritable démonstration de force des citoyens de Barbacha, par laquelle ils demandent la dissolution de l’APC menée par la majorité formée par l’alliance RCD-FLN-FFS, et la démission du chef de daïra. Des « exigences » auxquelles les autorités n’ont, jusque là accordé aucune suite. La situation de blocage dure depuis plus de quatre mois, au niveau de cette localité et la tension ne cesse de s’accroître dans les rangs de l’assemblée ouverte de Barbacha. Cette dernière, à travers une déclaration qu’elle a distribuée, hier lors du rassemblement, tient pour « seul responsable de ce pourrissement qui s’est emparé de leur localité le wali de Béjaïa, » lui reprochant « d’œuvrer pour instrumentaliser la mafia locale au lieu d’appliquer l’article 46 du code communal pour faire cesser la crise », selon un écrit de ladite assemblée ouverte, qui ajoute que cette crise est gérée de la même manière avec laquelle sont gérées toutes les affaires de la wilaya. « Ce mode de gestion, adopté par le wali à Barbacha, est le même sur toutes les questions concernant la gestion des revendications des citoyens (gaz, logement, emploi, réseau routier,…) et des travailleurs (ETDE, ETR, ERENAV, GETIC…) », dénonce l’assemblée qui estime que cette politique « vise à brader les infrastructures industrielles et foncières de notre wilaya, au profit d’une classe d’affairistes ». L’assemblée ouverte de Barbacha a bloqué tous les accès menant au siège de la wilaya et les manifestants se disaient, dans la matinée, prêts à passer leur première nuit sous les fenêtres du premier responsable de la wilaya. A noter qu’un imposant dispositif sécuritaire a été déployé autour du siège de la wilaya pour parer à tout éventuel débordement.
Des dizaines d’arrestations parmi les manifestants en début d’après-midi
Des policiers antiémeute ont été dépêchés en renfort, en début d’après-midi, depuis l’unité de Oued-Ghir, pour déloger les manifestants qui au fil des minutes confirmaient leurs intentions de ne pas libérer les lieux. L’intervention des policiers a vite viré à l’émeute, avec à la clef des dizaines d’arrestations parmi les manifestants, dont l’ex-maire de Barbacha, Mohand Sadek Akrour. Ils ont été embarqués à l’intérieur du siège de la wilaya par des agents de police. L’on déplore, également, trois blessés parmi les manifestants, selon un délégué des citoyens de Barbacha. Suite à cela, d’importants renforts des forces anti-émeute ont été déployés autour du siège de la wilaya, voire dans tout le quartier Naceria. Les centaines de manifestants, venus de Barbacha pour dresser des tentes et empêcher tout accès au siège de la wilaya, ont usé de jets de pierres en guise de riposte à l’intervention «musclée» des policiers. Même si les forces de l’ordre n’ont pas usé de bombes lacrymogènes pour disperser la foule, il régnait, à l’heure où nous mettons sous presse, une atmosphère tendue au niveau de la rue de la Liberté. Les habitants de Barbacha ont mis sur pied une cellule de crise pour décider des suites à donner à leur action de rue. « Nous comptons passer la nuit devant le siège de la wilaya, jusqu’à satisfaction de nos revendications. Et nous allons prendre attache avec la sureté de wilaya pour obtenir la libération de toutes les personnes arrêtées, dont une personne âgée», nous a confié l’un de membres de l’Assemblée ouverte de la population de Barbacha, ajoutant que des dizaines d’autres habitants de sa localité devaient rallier le chef-lieu de la wilaya de Béjaïa, en fin d’après-midi, pour grossir les rangs des manifestants.
M. H. Khodja et D. S.

