Rencontré hier dans son bureau, le directeur de l’EDIMCO, Farid Derridj, explique les raisons de la crise qui secoue la filière du ciment
La Dépêche de Kabylie : La crise du ciment s’installe de nouveau dans la wilaya de Tizi-Ouzou, comment expliquez-vous cette situation ?
M. Farid Derridj : A vrai dire, il ne s’agit pas d’une crise locale seulement. La pénurie du ciment est nationale et touche pratiquement l’ensemble des wilayas du pays. Elle est due à la perturbation de la production au niveau des différentes cimenteries dont celle de Sour El Ghozlane, qui a connu un arrêt le 8 janvier dernier, avant de reprendre le service ces quelques derniers jours, le 26 mars dernier, précisément. Celle de Meftah aussi est à l’arrêt depuis le 8 mars dernier. La cimenterie de Chlef a connu aussi de fortes perturbations. Il ne faut pas perdre de vue que lorsqu’une cimenterie est à l’arrêt, on se rabat inéluctablement sur une autre qui ne peut satisfaire la demande qui devient de ce fait trop importante. Celle-ci subit donc une forte pression, engendrant de chaînes interminables. L’approvisionnement se fait, du coup, au ralenti.
Selon vous, ces arrêts de production seraient dus à quoi ?
Je ne peux pas me prononcer catégoriquement sur le sujet, mais il s’agirait d’arrêts techniques, pour la rénovation des équipements de l’usine. Il y a également des pannes qui peuvent survenir d’un moment à l’autre. Prenons, par exemple, la cimenterie de Sour El Ghozlane, sachez que celle-ci a annoncé un arrêt programmé pour la fin janvier, mais l’arrêt a eu lieu bien avant, le 8 janvier, pour des raisons techniques.
Comment votre entreprise a-t-elle vécu cette crise ?
Et bien, disons que nous avons dû travailler au ralenti, selon l’approvisionnement. Certes, nous n’avons pas complètement cessé de travailler durant cette crise, mais nous n’avons pas pu satisfaire tout le monde. Je vous annonce, d’ailleurs, que nous avons suspendu la programmation pour les particuliers cette semaine, pour une période de quelques jours. La production reprendra normalement à partir de dimanche prochain. J’espère que d’ici là nous aurons satisfait la demande en attente. Que nos clients sachent que nous faisons tout notre possible pour être à la hauteur de leur confiance et leurs aspirations. Qu’ils sachent que nous envoyons chaque jour nos camions dans les différentes cimenteries. Ils font des chaînes énormes qui durent parfois plusieurs jours, rien que pour ne pas décevoir notre clientèle. Malheureusement nous ne pouvons offrir que ce que nous recevons. Nous n’avons pas le monopole de la commercialisation du ciment et nous sommes traités au même titre que les particuliers.
La demande s’est certainement accumulée avec ce retard et les différentes perturbations ?
Evidemment. Je vous annonce que nous avons pas moins de 3 000 tonnes en instance de livraison. La programmation a atteint au jour d’aujourd’hui, la mi-mai. Cela dit, il n’y a pas lieu de s’affoler, car si tout rentre dans l’ordre au niveau des cimenteries et que nous sommes approvisionnés régulièrement comme avant, nous liquiderons cette demande en l’espace de 10 jours, pour peu donc que la situation revienne à la normale.
On vous laisse conclure…
Je voudrais lancer un appel aux autorités locales afin de sensibiliser les responsables des cimenteries et de saisir qui de droit, à savoir la GICA, pour un programme de rattrapage, afin d’atténuer un tant soit peu le retard accumulé à cause de cette crise. Notre souci est de satisfaire nos clients qui ont placés leur confiance en nous.
Propos recueillis par M.O.B