Déjà intimidés par ces spéculateurs qui font flamber les prix des produits alimentaires, les Algériens se voient encore astreints à redoubler de vigilance, en ce mois de piété, face aux hordes terroristes. A Dellys, on semblait même renouer en cette première soirée de Ramadhan avec les anciens réflexes de survie: inventer ou mettre en pratique un quelconque plan pour se prémunir contre le danger. Le prétexte à Dellys est sur toutes les lèvres. C’est l’affichage de tracts subversifs, trois jours auparavant, dans les ruelles de cette ville et dans celles d’autres villages avoisinants. Signés par l’émir national de l’ex-GSPC, Abdelmalek Droukdel, ces manifestes non authentifiés pourtant par les services de sécurité, recommandent, en gros, aux habitants de “ne pas s’attarder en ville après la prière des taraouih.”
Et tentant de soumettre la population à une forme de chantage, le même manifeste enjoint aux habitants de “s’éloigner des endroits fréquentés par les services de sécurité.” A la lecture de ces tracts, chaque citoyen, sans perdre son sang-froid, s’est dit en son for intérieur qu’il faut prendre garde. Chose tout à fait normale. Mais peut-on renoncer aux veillées en ville, en ce ramadhan?, se demandait hier un notable. Nous n’en sommes qu’au deuxième jour de ce mois sacré. Et soyez rassurés, Dellys restera une ville de résistance à l’intégrisme. Notre interlocuteur nous explique que les forces locales de sécurité sont aux aguets, ici et là. Trois nouveaux cantonnements de l’ANP viennent d’être installés, non loin de Afir, et deux autres à Taourga et Baghlia, prêtant main forte aux gendarmes et policiers, les patrouilles militaires improvisent, au moindre soupçon d’un quelconque danger, des barrages où des fouilles des papiers d’identité des automobilistes est systématique. Prenant les récentes menaces au sérieux, des sections de l’ANP et de la BMPJ ratissent, ces jours-ci, de nuit, de nombreux quartiers de Dellys après y avoir coupé l’électricité durant un laps de temps. On sait qu’un gros travail attend les services locaux de sécurité, dans cette contrée où sévissent encore des serriate de la phalange sanguinaire d’El Ansar. Des serriate qui ont appauvri de nombreux agriculteurs, en leur imposant le paiement de la djizzia. D’autres entrepreneurs ont préféré investir ailleurs, le temps que Dellys retrouve pleinement sa sérénité. Pour l’heure, y compris en ce début de Ramadhan, les forces de l’ANP occupent les points stratégique des zones environnantes rurales ou semi-rurales.
Salim Haddou