Le jeune demandeur d’emploi qui sera placé dans une unité économique bénéficiera d’un traitement de 12 300 dinars la première année de son placement.
La population demandeuse d’emploi, dans la wilaya de Tizi-Ouzou, avoisine actuellement, selon les estimations fournies par l’administration de wilaya, 90 762 habitants soit un taux de chômage de l’ordre de 25,6%. S’agissant de la population réellement occupée, elle s’élève à 263 776 habitants soit un taux d’occupation de 74,4%. D’autres sources parlent de moins de 20% de chômeurs au niveau de la wilaya. Même si les statistiques sur le chômage et l’emploi demeurent imprécises, faute d’études et enquêtes inhérentes à ce volet, il est très aisé de dire que le phénomène est inquiétant dans une wilaya où le climat de l’investissement est des plus hostiles.
En plus de la tendance de sous-investissement, Tizi-Ouzou fait face à une autre lourde tendance qui est le sous-emploi notamment dans le secteur économique, créateur d’emplois par excellence. Hormis le secteur public qui recrute dans les administrations et les services, rares sont les secteurs de production qui offrent de l’embauche. Ainsi, rien que pour les placements des titulaires de diplômes universitaires et de TS dans le cadre du dispositif des Contrats de pré-emploi (CPE) gérés par la direction de l’Emploi de la wilaya, durant l’année écoulée, le secteur administratif (public) a recruté 1 168 jeunes, dont 701 universitaires et 467 techniciens supérieurs sortant des centres de la formation professionnelle contre seulement 242 placements dans le secteur économique (public et privé inclus) dont 145 universitaires et 97 TS sur un total de quotas alloués de 846 contrats. Ce qui prouve que le secteur public demeure le vecteur essentiel de l’emploi à Tizi-Ouzou. Cela dénote aussi que le développement économique dans cette wilaya est toujours assuré par des investissements publics. » A Tizi-Ouzou, les moyens d’insertion sont très faibles, vu la faiblesse du tissu économique dans cette wilaya. Comparer Tizi-Ouzou à une autre wilaya de la même taille en nombre de communes et en nombre de population, telle Sétif ou Batna, c’est arriver à constater que celles-ci sont beaucoup mieux dotées en matière d’infrastructures et entités économiques. Excepté le couloir du Sébaou où sont érigées des entités économiques publiques comme le complexe de l’Electro-Industrie (ex ENEL) à Fréha, l’ Eniem à Oued Aissi, la Laiterie de Draâ Ben Khedda et l’ENPC de Draâ El Mizan qui constituent l’unique bassin de l’emploi de la wilaya de Tizi-Ouzou, aucune autre localité ne dispose de moyens de recrutement, si l’on exclus le secteur de la Fonction publique, notamment dans les administrations considérées comme premiers pourvoyeurs de postes d’emploi « , dira le directeur de l’Emploi, M. Aïssat.
Entre l’offre et la demande, le marché de l’emploi trinque
Certes l’émergence du privé qui active beaucoup plus dans le bâtiment et l’infrastructure routière à l’image du groupe ETRHB des frères Haddad (leader national en taille dans la construction routière et infrastructures de base), de l’entreprise Slimana ou encore l’entreprise Lagab qui fructifie son entité du même secteur d’activité que les deux premiers cités, contribue d’une façon très significative à la création de l’emploi, il n’en demeure pas moins que la catégorie de diplômés universitaires et des instituts de la formation professionnelle peine à être » casier « .
Si l’évolution démographique dans la wilaya de Tizi-Ouzou reste proportionnelle, des données chiffrées publiées par l’Administration font ressortir que la population est dans sa grande proportion jeune, 58% de celle-ci a moins de 30 ans. La population âgée de plus de 60 ans ne représente que 8,9 %. Quant à la structure par sexe, celle-ci fait ressortir une population féminine de l’ordre de 633 659 au 31 décembre 2007, soit un taux de 49,90%, » ce qui explique l’importance du stock de chômeurs du sexe féminin « , note M. Aïssat.
Pour expliquer le déséquilibre entre l’offre et la demande dans le marché de l’emploi, le directeur du secteur à Tizi-Ouzou renvoie le phénomène à deux facteurs essentiels : la faiblesse du tissu économique dans la wilaya et l’importance du pôle universitaire et des instituts de la formation professionnelle, publics et privés. » Selon l’expérience acquise dans la mise en œvre et la gestion des anciens dispositifs, notamment le pré-emploi, la faculté de droit de l’université de Tizi-Ouzou, à titre d’exemple, met sur le marché de l’emploi une moyenne de 500 diplômés annuellement. Et c’est pratiquement autant de diplômés en sciences économiques, en biologie, en génie civil… qui sont mis sur le marché de l’emploi. Alors que la wilaya ne dispose pas de grandes possibilités d’insertion », dira-t-il.
Depuis 1998, année de la mise en œuvre des anciens dispositifs CPE, ESIL, Tup-Himo, 30.000 jeunes diplômés se sont inscrits. Près de 8 000 seulement ont été placés par la Direction de l’emploi. Soit 20 000 sont en attente d’être insérés. » Ça s’explique par l’importance du pôle universitaire qui forme chaque année des milliers de nouveaux diplômés, en plus des sortants des instituts, publiques et privés, de la formation professionnelle et de la faiblesse du tissu économique de la wilaya « , ajoute-il encore.
Booster l’emploi, une problématique massue
C’est cette réalité qui a poussé, sans doute, l’Etat à revoir sa copie en matière de politique d’emploi et de lutte contre le chômage. Une révision qui donnera lieu à la naissance de la » Nouvelle politique de l’emploi et de lutte contre le chômage « , proposé par Tayeb Louh, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale et promulgué le mois d’avril dernier. Un décret exécutif relatif au dispositif d’aide à l’insertion professionnel fut ainsi signé sous le n° 08/ 126 en date du 19 avril 2008, par le Chef du gouvernement. Il a pour objet de fixer le cadre général du dispositif d’aide à l’insertion professionnelle des jeunes et de définir les modalités de sa mise en œuvre.
Un dispositif via lequel les pouvoirs publics comptent booster l’emploi et lutter contre le chômage dont les statistiques sont logées au centre de polémiques entre les différentes institutions publiques chargées de la collecte des chiffres.
Ainsi, ce dispositif vise à favoriser l’insertion professionnelle des jeunes : primo demandeurs d’emploi et à encourager toutes autres formes d’actions et de mesures tendant à promouvoir l’emploi des jeunes, à travers notamment des programmes de formation-emploi et de recrutement. » Les jeunes qui prétendent bénéficier d’un des contrats de ce nouveau dispositif sont tenus de s’inscrire auprès des agences locales de l’emploi (ALEM) de leur lieu de résidence. C’est par le biais de ces agences que se fera le placement « , signale M. Aïssat.
Les agences locales de l’emploi sont ainsi appelées à jouer un très grand rôle dans la réussite de cette nouvelle politique de l’emploi. Elles sont au nombre de sept dans la wilaya de Tizi-Ouzou dont une agence régionale implantée au chef-lieu de wilaya. Il s’agit des agences implantées dans des chefs-lieux de daïra qui englobent des circonscriptions de trois sous-préfectures.. Leur répartition obéie à la densité démographique. Et c’est ainsi qu’elles sont érigées à Tizi-Ouzou, Azazga, Aïn-El-Hammam, Larbâa-Nath-Irathen, Draâ-El-Mizan, Boghni et plus récemment aux Ouacifs et à Azeffoun.
» Celles-ci, en leur qualité d’institution sont chargées de recueillir les demandes et besoins de toutes les institutions économiques, publiques et privées, par le biais d’un fichier mis à leur disposition par l’Inspection du travail.
C’est à partir de là que l’agence procédera au placement selon les besoins de l’entreprise et selon le profil souhaité. Les démarches sont donc simplifiées aussi bien pour les jeunes demandeurs d’emploi que pour les entreprises qui cherchent à recruter « , précise encore le directeur de l’Emploi de Tizi-Ouzou.
M.A.T.