Profitant de sa venue, samedi dernier, pour une vente-dédicace de son livre La martingale Algérienne, à la librairie KLMI Édition, sise au lotissement sud, le café littéraire de Tizi-Gheniff a convié M. Abderrahmane Hadj Nacer, l’ex-.3gouverneur de la Banque d’Algérie (1989-1992) à une rencontre.
Cette journée a été particulièrement chargée pour les habitués de ces rencontres qui, pour la grande majorité devaient assister à l’hommage qui fut rendu par l’association des fils et des filles de Chahid de la Wilaya III historique, au colonel Ali Mellah, dit Si Chérif, à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, à l’occasion du 57e anniversaire de sa mort alors que d’autres devaient assister à l’Assemblée générale d’une nouvelle association communale au niveau du foyer pour jeunes. « Nous sommes obligés de nous rabattre et de nous contenter de l’espace de la librairie pour cette rencontre, d’autant plus que les lieux habituels, plus spacieux, ne sont pas disponibles », nous confie M. Yahia Boubekeur, propriétaire de ladite librairie, qui n’a pas omis de préparer de nombreux sièges en prévision d’une éventuelle importante affluence. Comme convenu, c’est à dix heures que l’intérieur de la librairie commençait à faire le plein. Abderrahmane Hadj Nacer ne s’attendait certainement pas à un tel accueil. Dès que tout le monde prit place, l’hôte fût informé que tous les présents se connaissent depuis très longtemps et qu’avec le lancement du café littéraire, c’est devenu un véritable club d’intellectuels et d’amateurs de littérature, d’autant plus qu’il s’agit d’universitaires. Certains présents se sont présentés avec des livres de la première édition, apparemment mieux conçue que la seconde. Sur cette remarque, l’auteur regrette ce qui a été fait par l’édition « Barzakh », d’autant plus qu’il avait fait confiance à cet éditeur. « J’avais tenu, dans la première édition, à donner aux lecteurs un livre qu’ils puissent garder toute la vie et, pourquoi pas, à ce qu’il soit transmis pour les autres générations », fera remarquer le conférencier tout en qualifiant cette seconde édition comme une arnaque de la part de l’éditeur, avant d’ajouter que c’était au mois de Ramadhan 2009 qu’il avait commencer écrire cet ouvrage, pour enfin le finaliser et l’éditer au cours du mois d’août 2011 « Nous pouvons dire, sans aucune exagération, qu’il s’agit d’un livre du Ramadhan mais dans lequel j’ai voulu transmettre à mes enfants ainsi qu’aux générations futures ce dont nous avions rêvé ce que l’on pouvait faire ainsi que les erreurs commises », dira l’auteur avec beaucoup d’humour. Après ce préambule, la question que tout le monde avait sur les lèvres concerne la situation financière du pays lorsqu’il était en fonction. « Je ne suis resté à la tête de la Banque d’Algérie que de 1989 à 1992, alors que la crise s’était déjà installée à partir de 1986, donc c’était une situation négative avec un milliard et demi de dollars de déficit, mais le dépôt des citoyens, qui avoisinait le milliard, avait fait que nous avions un demi million de dollars de déficit, alors que le baril de pétrole ne coûtait qu’à peine 10 dollars. Malgré le désastre, nous n’avions ni vendu ni bradé ni notre or, nous avons fait mieux en le transformant en or de meilleur qualité et en lui choisissant d’autres lieux de dépôt pour le sécuriser », a-t-il insisté en expliquant que la Banque d’Algérie avait eu recours au SWAT pour sauver les meubles. L’ex gouverneur de la Banque d’Algérie fera également un détour sur le contexte des guerres internationales à cette époque, avec l’invasion de l’Irak par la coalition alors que notre pays traversait une période très difficile. Le conférencier parlera longuement de l’argent qu’il qualifie de leurre, car à proprement parler, il n’existe pas. « L’argent n’est qu’un leurre, il n’existe pas .L’argent se crée, c’est un processus… et quand on est un groupe solidaire, on crée de l’argent », tient à souligner le conférencier avant de prendre l’exemple des 200 milliards de dollars déposés dans les banques américaines qui pourraient être utilisés par ce pays à tout moment s’il était en difficulté. L’ex gouverneur de la Banque d’Algérie parlera pendant plus de trois heures et répondra aux nombreuses questions des présents, surtout celles liées à la convertibilité du dinar, au FMI, à l’endettement des ménages, à l’inflation galopante ainsi qu’à la détérioration du pouvoir d’achat des algériens, au commerce informel, aux scandales de SONATRACH, à l’affaire Khalifa et, également, sur les prochaines élections présidentielles avec la participation annoncée tant de M. Benbitour que du quatrième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Mais, toujours est-il que Hadj Nacer revient à chaque fois sur la nécessité de bien connaître l’histoire de l’Algérie avec les principales spécificités propres à chaque région. Par ailleurs, il a été convenu que chaque trois quart d’heure, l’auteur du livre La Martingale Algérienne puisse prendre un peu de temps pour les dédicaces, d’autant plus que certains clients devaient attendre tout ce temps pour pouvoir s’approcher de l’auteur. « Nous avons la chance, non seulement, de rencontrer périodiquement, au sein de ce café littéraire, des personnalités très intéressantes qui nous apportent des connaissances et qui nous enrichissent, mais cela nous permet également de nous retrouver en une assemblée conviviale, d’autant plus que nous partageons la même aspiration qu’est la culture », nous déclare Mali Gheniffi, professeur de français au lycée et animateur du club de lecture, qui n’a jamais raté une rencontre.
Essaid Mouas.