Le foncier, le relief et les entreprises inactives…

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C’est hier que s’est ouvert, à la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, le colloque sur l’urbanisme, le bâtiment, les infrastructures et la construction. Une occasion pour les initiateurs de relever le déficit que compte la wilaya en termes d’entreprises dans le domaine.

C’est d’ailleurs ce que soulignera le président de la Chambre du commerce et de l’industrie du Djurdjura (CCID) M. Meziane Medjkouh. D’après les statistiques qu’il a mises en avant lors de son intervention à la cérémonie d’ouverture, il y a, en effet, un déficit d’une centaine d’entreprises. La wilaya de Tizi-Ouzou ne dispose, actuellement, que de 6,5 entreprises pour 1000 habitant, alors que la moyenne nationale, expliquera-t-il est de 12,5E/1000h. Le président de la CCID ajoutera qu’au niveau de la wilaya, seule 2 250 entreprises sur les 10 500 existantes sont des entreprises activant dans le bâtiment, les travaux publics et l’hydraulique. Ce qui représente moins de 25% du total des entreprises, alors que, signalera l’orateur, la moyenne nationale est de plus de 36%. Sur un autre volet, Medjkouh dira que les entreprises existantes doivent faire face à de réels problèmes sur le terrain, dont celui du manque de main d’œuvre qualifiée. Elles doivent, aussi, selon lui, bénéficier d’un « programme ambitieux de mise à niveau et peu d’entreprises en bénéficient localement. Nous devons provoquer des regroupements d’entreprises autour de marchés publics et faire face à une concurrence extérieure quelquefois déloyale », dira-t-il en citant, entre autres, le projet du port sec d’Oued Aïssi, à la sortie Est de Tizi-Ouzou, dont le lancement aurait pu être d’un apport considérable à l’activité économique. Le premier magistrat de la wilaya qui a procédé à l’ouverture officielle de la manifestation, n’a pas manqué lors de sont allocution, de revenir sur les multiples aléas rencontrées sur le terrain par les entreprises lors de la réalisation et la mise en application des projets dans le secteur de la construction. M. Abdelkader Bouazghi parlera, en effet longuement, sur le manque d’assiettes foncières à travers le territoire de la wilaya, du fait que les terres appartiennent dans leur quasi-majorité à des particuliers. C’est pour cette raison, d’ailleurs, que les difficultés dues à la lenteur des procédures d’expropriation bloquent les projets. Le wali relèvera d’autres facteurs qu’il jugera « exogènes », responsables du ralentissement des projets. Il citera ainsi le problème lié au relief de la région qui n’encourage pas souvent la construction, et celui du manque de moyens et de matériaux, comme le ciment, des agrégats et autres, relevant par là même, le fait que les entreprises aillent chercher ces matériaux en dehors de la wilaya. D’où la nécessité selon M. Bouazghi, de créer sur le territoire de la wilaya d’autres carrières qui rependraient à la demande, sans cesse croissante, du marché local en matériaux de construction. Une demande qui demeure insatisfaite présentement.

Encourager les investissements et les soumissions des entreprises locales

Lors de son intervention, M. Abdelkader Bouazghi saluera les initiateurs du colloque sur l’urbanisme, le bâtiment, les infrastructures et la construction. Une occasion, d’après lui, pour « accompagner et aider les petites entreprises, créées notamment dans le cadre des différents dispositifs de l’Etat d’aide à l’emploi », expliquant que ces dernières pourraient, ainsi, entrer en contact avec leur ainées et découvrir les nouveautés dans le domaine. Cela leur permettra aussi, ajoutera-t-il de « décrocher des contrats et des sous-traitances », chose qui encouragerait les entrepreneurs locaux à investir chez eux. Car, même en étant optimiste sur l’avenir de l’investissement et du développement dans la région, le wali affirme quand même que pour l’heure, « les kabyles font la joie des entrepreneurs étrangers », signalant qu’à Tizi-Ouzou, il y a peu de soumissionnaires. Un indice qui peut néanmoins changer, affirmera-t-il étant donné que « pour la seule année 2012, 500 qualifications ont été distribuées à de nouvelles entreprises dans le domaine ». Le P/APW, M. Haroune Hocine, intervenant lui aussi lors de cette cérémonie d’ouverture du colloque abrité jusqu’au 13 avril par la Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou, a cité les inconvenants qui ne permettent pas de mettre à exécution les projets. Il abondera dans le même sens que le wali et dira que «  les inconvénients liés au foncier, à la bureaucratie, à l’insécurité&hellip,; atténuent certes nos rêves de luxe, mais ne sont pas, j’en suis persuadé l’obstacle qui nous empêcheraient d’atteindre l’accessible, l’utile et le nécessaire ». Par ailleurs, le P/APW, affirmera que des contraintes bureaucratiques font « qu’entre l’inscription d’un projet et l’entame de sa réalisation s’écoulent des semestres, voir des années, d’où la non consommation des crédits alloués et la non inscription de projets conséquents pour l’année 2013 ». Devant une assistance nombreuse, constituée de divers partenaires, M. Haroune signalera que pour cette raison, et d’autres encore, « depuis  des années, la wilaya de Tizi-Ouzou souffre d’un processus de désinvestissement et du cumul inquiétant de retards dans la réalisation des projets, autant publics que privés ». Se disant réjoui par ce colloque, Haroune Hocine espère néanmoins que cela ne soit pas « une simple date à cocher sur un calendrier, ou une énième rencontre budgétivore, mais un déclic déclencheur de l’envie de construire, l’envie de bâtir, l’envie d’investir pour les entrepreneur… ». Il y a lieu de rappeler que le colloque sur l’urbanisme, le bâtiment, les infrastructures et la construction, organisé par l’association Espace pour la promotion de l’investissement (EPI) de la wilaya de Tizi-Ouzou, en partenariat avec la Chambre du commerce et de l’industrie Djurdjura, a pour thème « Construire l’avenir » et s’étalera jusqu’à samedi prochain.

Tassadit Ch.

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