Trente-trois ans après !

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Le printemps berbère est de retour. Trente-trois ans après, la «révolution» d’avril 1980 est de nouveau remise sur le tapis.

Une autre halte pour réévaluer les acquis de ce mouvement et les déperditions qui l’ont traversé. Car assurément, avril 2013 n’a rien à voir avec avril 1980. Le mouvement a sans doute beaucoup perdu de son intensité comme toute ferveur perd d’ailleurs de sa chaleur au fil du temps… Il y a donc cet acheminement presque naturel en rapport avec cette logique qui fait que chaque courbe ascendante aboutit à un point culminant qui marque son déclin. Et puis il y a tous ces paramètres favorable et peut-être parfois improductifs pour la cause, qui ont conduit dans leur globalité le mouvement à perdre de sa verve. En effet, depuis l’entrée de Tamazight dans la constitution, il était évident qu’un tournant allait être amorcé. La mise en place du HCA, le lancement d’une chaîne de télévision en Kabyle, combien même représentent-ils des acquis pas suffisamment suivis pour leur permettre de jouer le rôle qui leur revient dans la société représentent des victoires non négligeables pour le mouvement berbère. Il y a eu bien entendu auparavant d’autres acquis, en contre partie d’autres sacrifices. Cela a pris du temps mais ça a fini par payer… Maintenant devait-on se contenter de ces avancées ou non ? Il est clair que chacun ira de son appréciation même si l’ensemble conviendrait du fait qu’on est encore loin de l’aboutissement idéal. Un aboutissement qui dépasserait largement le détail de l’officialisation de la langue amazighe pour consacrer la diversité et la place des minorités avec tout ce que cela sous-entend dans un Etat de droit. Et c’est là peut-être une autre étape que l’Algérie, qui célèbre le 50e anniversaire de son indépendance, balbutie à asseoir pour rompre définitivement avec le système qui s’est emparé du pays. Et c’est sans doute là le grand paradoxe, si on tente une approche avec ce qu’a été le cheminement de l’héritage d’avril 1980. En effet, autant le courant conservateur du mouvement national est resté intact et se présente toujours comme le baron, autant le mouvement démocratique berbère s’est sensiblement disloqué et réduit à une fiesta folklorique du printemps… La détérioration de l’école, de l’université principalement celle de Tizi-Ouzou, jadis bastion des luttes démocratiques, a certainement été pour beaucoup dans l’essoufflement du mouvement. Un mouvement qui certes a pris d’autres contours avec l’ouverture du champ politique, mais qui n’aurait jamais dû rompre avec ce milieu naturel qui lui aurait assuré pérennité et résurgence. Et si, à ce niveau, le système a été ingénieux pour briser l’élan de la revendication démocratique à la souche, la responsabilité des précurseurs censés transmettre la flamme n’est visiblement pas moindre. Maintenant devrait-on aussi se contenter d’accabler ces générations montantes qu’on dit plus enclines au sentimental, aux roses et aux feuilles vertes ? Ou n’est-il pas temps de leur laisser la libre opportunité d’exprimer leur épanouissement avec les moyens qui sont les leurs aujourd’hui ? Car la jeunesse reste capable de tout.

Djaffar C.

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