“C’est le FLN qui vous a donné tamazight”

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On attendait la prestation de M. Amghar, le candidat local, ce fut Abderrahmane Belayat, ancien ministre et figure de proue de la nouvelle direction nationale qui accapara la vedette, hypnotisant de son éloquence une foule constituée de très nombreux invités et des militants FLN des communes environnantes et écrasant par son charisme les candidats locaux qui ont préféré s’éclipser, à l’image de Mourad, le fils du moudjahid baroudeur Hamou Amlikech, nouvellement converti au FLN. La foule a eu droit à un discours à la carte, spécialement préparé pour la population d’Ath Mélikèche émaillé d’une litanie de clichés qui ont caressé l’égo local et soulevé l’émotion à l’évocation des sacrifices séculaires de la tribu de Sidi El Mouffaq, loin d’étayer le programme électoral de la liste locale l’objectif du meeting était la réhabilitation du FLN et sa remise sur rails dans cette région où la population témoigne un respect sans égal pour le FLN historique d’avant 1962 et un certain mépris au parti unique, responsable du maintien et de l’enracinement de la culture des clans et du tribalisme (Tasefit) durant près de 30 ans. C’est à Rabah Mahfi, un vieux militant d’Akbou qu’est revenu le devoir de présenter la délégation à l’auditoire nombreux après que celle-ci ait fait une brève escale de recueillement au cimetière de chouhada alors que cette entorse à l’usage qui établit que le protocole de présentation reviennent à un militant de la localité a irrité quelques vieux militants locaux. Menée par M. Belayat, la délégation comprenait également Abdeslam Chelghoum, le secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Saïd Bouifer élu de Staouéli, Messaoud Oulebsir, député de Béjaïa et une centaine d’invités dirigeants d’institutions et militants responsables des multiples échelons de l’ex-parti unique. Eludant la crise de Kabylie et les conséquences désastreuses de cette révolte, M. Belayat a préféré jeter la balle dans le camp des partis politiques ancrés dans la région les accusant par leur comportement de singulariser la Kabylie. L’ancien ministre ne s’est pas privé de décocher quelques flèches à l’endroit du FFS. “Nous n’avons jamais pleurniché auprès de l’Occident en dénonçant notre régime, même quand nous avons été victimes de la fraude électorale de 1997, nous, nous avons du nif” et d’ajouter : “Nous sommes là pour préparer 2007. Nous vous avons choisi des candidats qui ont les compétences et la souplesse nécessaires pour travailler avec le pouvoir central et débloquer les budgets nécessaires au développement local”, dira le vieux routier du parti unique. Décrypté, ce langage veut dire que l’appartenance à l’Alliance présidentielle facilitera le captage des sources de financement. Cet argument de campagne clientéliste, déjà entendu chez certains candidats qui valorisent leurs entrées dans les rouages du pouvoir met à nu, en réalité, la persistance dans les engrenages de l’Etat des mœurs et pratiques du parti unique et les faiblesses corollaires des institutions de la République. Ce type de discours ne travaille pas les intérêts de ceux qui s’en servent, bien au contraire, il ne fait que renforcer dans une région blessée dans sa fierté, le rejet du pouvoir central incarné depuis 1962 par le FLN. M. Mahfi donna la parole à Abdesslam Chelghoum qui versa dans la louange pour caresser dans le sens du poil la population de Tazmalt qui a donné 50% de ses enfants en sacrifice pour la libération du pays. “Ath Mélikèche ont enfanté et abrité le FLN, ce dernier a une lourde dette envers Tazmalt, nous sommes venus nous acquitter de ce dû”, dira le secrétaire général du ministère de l’Agriculture.

Il soutient Smaïl Mira“Je ne partirai pas avant d’évoquer deux questions : tamazight et Abderrahmane Mira”. Concernant tamazight, l’ancien ministre déclara tout de go : “C’est le FLN majoritaire au Parlement qui a voté tamazight langue nationale. Je suis désolé de voir Smaïl Mira se présenter en Indépendant. Je respecte son choix, mais le FLN aurait gagné à l’avoir comme candidat”. Et le candidat local, totalement éclipsé, de prendre pour son grade et de tiquer. L’ancien ministre ajouta : “Abderrahmane Mira est son père, celui de Tarik, mais également le père du FLN dans la région”, dira-t-il avant de rebondir sur la pratique de tamazight, lançant quelques paroles en chaoui et entamant, à la surprise de l’auditoire, une chanson de Chérifa, Bqa ala khir ay Aqbou et une autre de Ferhat Imazighen, qui était un chant patriotique régional durant la Révolution.M. Hamid Amghar, le candidat local à l’APC, a eu toutes les peines du monde à prendre le micro devant les envahissants membres de la délégation, pour exposer timidement les grandes lignes de son programme. La réunion avait failli se terminer en queue de poisson, quand Mourad Ghozali, le directeur de campagne, quitta la salle et que M. Djerrada, le 2e de liste, lui courrait après pour lui donner le micro. Consolé, après sa bouderie, ce dernier partit dans une envolée lyrique truffée de références religieuses qui traduit tout le surréalisme dans lequel nage le FLN local, qui ne semble pas prendre conscience des nouveaux besoins humains générés par les événements du Printemps noir.

Rachid Oulebsir

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