«Mon équipe a du potentiel»

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Après son match gagné face au Bénin (3-1) à Porto-Novo, dimanche dernier, et à quelques jours de la confrontation avec le Rwanda à Kigali, le sélectionneur de l’Algérie, Vahid Halilhodzic, revient, dans cet entretien accordé à RFI, sur les ambitions des Fennecs et sur la CAN 2013 qui a, peut-être, été l’électrochoc pour se relancer et réussir cette campagne de qualification pour le Mondial 2014.

Lors de la CAN 2013, à l’issue du dernier match de votre poule, nous vous avions donné rendez-vous pour parler des éliminatoires. Vous nous aviez dit : « parce que vous pensez que je serai encore là ?». Finalement vousêtes toujours à la tête de la sélection algérienne…

Après la CAN, j’étais très déçu de notre résultat, mais pas de notre jeu. Je me suis donné un temps de réflexion et les joueurs voulaient que je continue. J’avais des obligations envers eux et, pour le moment, je ne le regrette pas. J’ai toujours été convaincu que cette équipe a du potentiel et, surtout, une vraie marge de progression. C’est un groupe très jeune et, en football, les choses ne vont pas aussi vite que l’on pourrait l’imaginer et l’espérer. Mais cette victoire contre le Bénin nous donne confiance pour la suite.

Justement, contre le Bénin, vous avez fait un grand pas en vous imposant à l’extérieur. Comment l’équipe a-t-elle évolué depuis la CAN en Afrique du Sud ?

Je leur ai demandé d’être plus courageux et plus audacieux, d’autant que depuis 25 ans, l’Algérie n’a gagné que trois matches à l’extérieur lors des éliminatoires en Coupe du monde. C’est pour cela que cette victoire est importante.

Islam Slimani a montré que c’était un attaquant de très grande qualité. Il est le meilleur buteur de ces éliminatoires pour la zone Afrique en ce moment. En quoi a-t il progressé depuis que vous travaillez avec lui ?

Vous savez, on peut se tromper sur un défenseur, mais rarement sur un attaquant. Moi je l’avais découvert en regardant le championnat d’Algérie et je l’avais tout de suite remarqué. Personne ne m’avait conseillé ni demandé de le prendre. C’est un joueur moderne, avec un vrai potentiel, qui demande souvent le ballon et qui est très mobile. Très costaud, il n’a peur de rien et a un mental d’acier, et en Afrique c’est très important. Il a beaucoup travaillé et beaucoup progressé même s’il doit encore s’améliorer techniquement et tactiquement. Ce n’est pas Falcao ou Didier Drogba, mais il a une générosité que j’apprécie. Lors de notre premier match contre le Mali, il avait eu énormément d’occasions. Et un joueur qui se donne beaucoup d’occasions, c’est déjà une très grande qualité.

Pouvez-vous nous dire un mot sur Nabil Ghilas, qui a marqué contre le Bénin pour son premier match officiel avec l’Algérie…

Je l’avais testé lors du match amical contre le Burkina Faso en le mettent sur le côté pour le tester physiquement. Il a une puissance et une technique intéressante. Il n’a peur de rien. Il est capable de faire le ménage dans les 16 mètres. Je lui ai demandé de perdre deux ou trois kilos. Il l’a fait et il est désormais plus mobile et plus présent dans l’intervalle et dans la profondeur. Comme Slimani, je crois qu’il peut progresser et je suis assez optimiste pour eux. L’équipe d’Algérie n’a pas souvent eu d’attaquants buteurs et ce qu’il manque à notre équipe, ce sont des joueurs décisifs qui peuvent marquer. Au même titre que Rafik Djebbour, Nabil Ghilas fait partie de ces joueurs qui sont capable de faire la différence dans des moments clefs et notamment pour concrétiser nos actions dans les seize mètres.

Vous allez affronter le Rwanda dimanche prochain. Comment peut-on décrire le jeu de cette équipe ? Quelle sera la clef pour réussir une nouvelle performance ?

Comme la plupart des équipes africaines, le Rwanda joue un football très généreux, avec des jeunes qui sont fanatiques dans la récupération du ballon et peuvent parfois faire preuve de naïveté (sourire). Ce sera donc un match encore plus difficile que celui contre le Bénin. Et c’est un challenge pour mes joueurs. L’équipe d’Algérie n’a jamais gagné deux fois de suite à l’extérieur. Si on l’emporte, nous aurons fait un grand pas vers la qualification pour ce Mondial. J’ai visionné le dernier match du Rwanda contre le Mali et je peux dire qu’ils ont largement mérité ce nul. Même avec une expulsion à trente minutes de la fin, le Mali, qui a dominé n’a pas réussi à les faire plier.  Lors de notre précédente rencontre, nous les avions battus et j’ai entendu dire qu’ils avaient du mal à accepter cette défaite.

Si vous qualifiez les Fennecs pour leur quatrième Coupe du Monde, vous allez devenir une icône en Algérie…

Vous savez, j’ai participé à la Coupe du monde en tant que joueur en 1982, ensuite, j’ai qualifié la Côte d’Ivoire comme entraîneur, sans pouvoir y aller. C’est pour cela que j’ai accepté ce challenge. Je crois que l’Algérie, c’est l’un des projets les plus difficiles de ma carrière d’entraîneur et je suis investi à fond. Faire plaisir aux supporters de l’équipe algérienne, des gens passionnés de football et qui soutiennent à fond leur équipe, me rendrait très heureux. Je ne dis pas que cela ne me flatterait pas d’être populaire en Algérie, mais je ne suis pas venu pour ça. Ce qui m’a amené à continuer avec l’Algérie, même après cet échec à la CAN, c’est la confiance renouvellée des supporters Algériens, mais aussi leur respect à mon égard : jamais dans la rue, un supporter n’a eu un mot déplacé à mon encontre. Je crois que j’ai une obligation morale vis-à-vis de ces gens et je ne dois pas les décevoir.

Vous étiez très blessé après la CAN ?

Oui. Nous avions énormément travaillé et nous étions parti en Afrique du Sud avec l’espoir de faire un beau parcours. Je crois même que nous n’avions pas eu de chance. Le dernier match contre la Côte d’Ivoire, on mène 2 à 0 et on rate un penalty et des occasions contre une des meilleures équipes du continent. Et finalement ils finissent par revenir au score et égaliser. Avec un peu de chance, et je ne parle pas de l’arbitrage, on aurait pu aller plus loin. La semaine dernière nous avons joué contre le Burkina Faso, finaliste de la CAN et nous les avons battus (2-0). Le jeu de l’équipe algérienne est désormais offensif et avec un bon attaquant, nous devons désormais réussir.

Sous votre ère, est-ce que l’on reverra Ryad Boudebouz avec le maillot des Fennecs ?

La porte n’est fermée pour personne. Je veux juste que l’on se comporte bien et que l’on respecte le règlement de l’équipe. Ryad Boudebouz est le bienvenu.

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