"L'APC nous ignore"

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M. Aissa Benahmed est un ancien joueur qui a lancé l'école de football "ODEM". Aujourd'hui, il a sous sa houlette, pas moins de cent cinquante enfants âgés entre 6 et 15 ans. Dans cet entretien, il revient notamment sur les difficultés rencontrées sur le terrain.

La Dépêche de Kabylie: Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans la formation des jeunes?

Aissa Benahmed: Tout d’abord, je vous dirai qu’étant ancien footballeur, je ne peux plus déserter les terrains, ceci d’une part. D’autre part, je ne vous cacherai pas que la formation est le seul moyen d’accompagner ces petits enfants. En principe, tous les clubs de football, quelle que soit leur division, devraient ouvrir des écoles. Malheureusement, ce n’est pas du tout le cas chez nous où l’on constate que même les grands clubs se passent de cette mission qu’est la formation.

Actuellement, combien d’enfants accueillez-vous dans votre école ?

Eh bien, notre école a été créée depuis dix ans déjà. Chaque saison, nous recevons jusqu’à 150 enfants. Pour le moment, nous avons deux équipes de poussins (U 11), deux équipes de benjamins (U 14) et des débutants à partir de 6 ans. Au total, ce sont environ 150 enfants.

Y a-t-il vraiment un engouement chez les parents ?

Sans aucun problème. Il y a même ceux qui arrivent en retard et ne trouvent pas de place à leurs enfants. Notre école est un modèle d’autant plus que le staff technique est composé d’éducateurs et de cadres sportifs. Je vous citerai M. Mezred Nouredine, professeur d’éducation physique, M. Slimane Méziane, lui aussi professeur d’éducation physique, Kaouche Madjid et Sofiane Tazekrit, tous deux des cadres sportifs et Rabah Gaoua, entraîneur des gardiens. En tout cas, nous sommes tous des membres du CSA. Et les parents sont confiants parce qu’ils savent que leurs enfants sont entre de bonnes mains. Avant la formation physique, nous donnons beaucoup d’importance à l’éducation.

Avec quoi fonctionne votre école ?

Les parents s’acquittent d’une cotisation de 600 dinars. Pour les subventions, ce sont celles de l’APW et de la DJS qui nous soulagent en quelque sorte. Sinon, l’APC nous ignore complètement. Elle ne nous a accordé aucun sou depuis deux ans. Tout l’argent va à l’ESDEM ! C’est malheureux, alors que tous les joueurs aussi bien de l’EDEM que de l’ESDEM sont passés par notre école.

Vous dites que les parents sont à vos côtés. En plus des cotisations, se manifestent-ils par d’éventuelles aides?

Oui, déjà moralement, ils nous soutiennent beaucoup. Puis, je vous dirai que parfois certains d’entre eux viennent nous demander si nous avons besoin de quelque chose. Dernièrement, ils nous ont aidés en achetant des survêtements et des sacs à dos aux enfants. D’autres nous ont gratifiés d’une vingtaine de ballons.

En plus du manque de finances, quelles sont vos autres préoccupations?

Nous souffrons énormément de notre créneau horaire. Comme vous savez, ces enfants sont des écoliers. Donc, ils sont programmés les mardis après midi, les vendredis et les samedis matins au stade Mohamed Boumghar. Parfois, on occupe une partie du terrain quand des matches des petites catégories y sont programmés. C’est difficile de faire travailler 150 enfants dans des conditions pareilles. Nous appellerons les responsables locales à clôturer l’aire de jeux sise à proximité du lycée Ali Mellah et pourquoi pas la revêtir en gazon synthétique afin de désengorger ce stade.

C’est bientôt les compétitions…

Effectivement, le championnat de wilaya «Sport pour tous» pour les benjamins et les poussins va être lancé à partir du 3 mars prochain. Il y a au total 55 clubs au niveau de notre wilaya. Nous sommes dans le groupe 3 qui est composé de dix équipes. Par le passé, nous avons toujours joué les premiers rôles. C’est vraiment très encourageant pour ces jeunots.

Et pour conclure ?

Je remercie tous les parents qui ont confiance en nous. Je les appellerai à accompagner comme il se doit leurs enfants. Par ailleurs, j’espère que les responsables à tous les niveaux donnent de l’importance aux écoles de football. Sous d’autres cieux, chaque quartier a son école. Que personne n’oublie que notre école est une pépinière au service des autres clubs de la région. Qu’à l’avenir, ce mépris à notre égard soit banni parce que sans formation, on n’aurait pas des jeunes bien éduqués. C’est ce qui manque beaucoup dans notre pays où les terrains de football sont devenus des arènes et des foyers de violence.

Entretien réalisé par Amar Ouramdane

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