Place aux alliances

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Les partielles de jeudi dernier augurent d’une nouvelle ère en Kabylie. A la lecture des résultats du scrutin, il s’avère que le nombre d’APC où une liste possède la majorité absolue est insignifiant. Cette situation d’absence de majorité d’absolue dans les assemblées conduira immanquablement à leur blocage.Le jeu des alliances va apparaître au grand jour comme dans les coulisses. Néanmoins, les alliances, si elles peuvent être devinées et projetées politiquement, le sont moins à l’échelle individuelle. Si entre les partis de l’Alliance présidentielle, il ne peut y avoir de grosses entraves quant à un regroupement, la situation est plus complexe et bien des fois impossibles pour les autres. Le FLN, le RND et le MSP, engagés au niveau national dans une dynamique d’alliance autour du programme présidentiel, ne trouveront aucun accroc à prolonger cette dynamique au niveau local. A cela, il faudrait peut-être ajouter des élus sur des listes d’indépendants, qui n’ont aucune animosité envers les partis de l’alliance.La situation est beaucoup plus complexe en ce qui concerne le RCD et le FFS. Les échanges d’“amabilités” durant la campagne électorale entres les dirigeants de ces deux formations ne peuvent être transcendés pour un éventuel rapprochement. A cela s’ajoute l’état de choc au sein les deux partis, au vu des scores et résultas obtenus. Le FFS et le RCD ont subi durant ces partielles un revers jamais vécu, en obtenant dans la plupart des cas des majorités relatives aux lieu et place des majorités absolues d’antan. Cette déception vécue comme une humiliation au sein des collectifs militants des deux partis va exacerber les tensions entre eux, nonobstant des fusibles qui vont sauter des structures, auxquels en fera porter le chapeau de l’échec.Ce qui s’est passé jeudi dernier en Kabylie était impensable il y a quelques temps seulement. Il est indéniable qu’outre le fait que les partis traditionnels ont démontré leurs limites et que les citoyens sont à la recherche de nouvelles têtes et de nouveaux discours, le FFS a subi de plein fouet un vote-sanction pour sa gestion passée à la tête des APC.Des villes symboles telles que Aïn El Hammam, région de Hocine Aït Ahmed, ont tourné le dos au FFS et se sont jetées — par dépit, ou par désir de changement — dans les bras d’autres partis faiblement implantés. Ou encore la commune de Timizart, traditionnellement RCD, qui a basculé au FFS sans crier gare.Si l’élection à l’échelle des APC revêt un cachet villageois, tribal et familial, et où l’on élit une personne que l’on connaît ; le vote APW est beaucoup plus politique. Mais même l’élection de l’APW ne contredit point ce qui s’est passé au niveau des APC. Le FFS et le RCD, qui se partageaient l’électorat, se voient aujourd’hui bousculés par des partis qui n’avaient aucune existence, sinon insignifiante, dans la région. Le dépit des électeurs kabyles les a amenés à aller chercher même du côté des partis du pouvoir ; et Dieu seul sait qu’ils sont loin d’avoir bonne presse dans la région.A la lecture, par exemple des résultats dans les wilayas de Tizi Ouzou, on est édifié sur cela.Ainsi, le RCD en obtenant 139 sièges, ne dépasse le FLN qui a obtenu 125 que de… 14 sièges sur les 609 en jeu.A partir d’aujourd’hui donc, les états-majors nationaux et au niveau local se pencheront sur les possibilités d’alliance. La Kabylie vivra au rythme de ces dernières, qui se feront et déferont au gré bien plus des humeurs et des affinités que des visions politiques. S’il est vrai que des alliances politiques seront vite assumées et concrétisées, nous assisterons à celles beaucoup plus honteuses et intéressées qui se livreront au jeu de l’accordéon.

Chérif Amayas

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