Au-delà de l’événement, le maire fait part de son souci de concrétiser le lancement d’une formation d’artisan bijoutier, «seule alternative pour assurer la pérennité de l’activité.»
La Dépêche de Kabylie : Elle n’a pas eu lieu l’an dernier. La fête du bijou est donc de retour avec votre élection comme maire à la tête de la municipalité. C’était un engagement de campagne ?
M. Ismaïl Deghoul : Pas seulement, la région d’Ath Yenni est renommée par cette fête. Et Ath Yenni ne peut pas se permettre le luxe de se passer d’un élément important de son identité ancestrale. Donc pour nous, ce n’est qu’un retour des choses à la normale et c’est logiquement qu’on a pensé à réhabiliter cette fête qui a toujours fait la fierté des Ath Yenni.
La thématique de cette 10ème édition est la relance de la formation et la promotion de la bijouterie d’Ath Yenni. Pourquoi ce choix ?
Le choix de cette thématique n’est pas anodin. J’entends par là que le secteur de la bijouterie doit connaître une nouvelle renaissance. Il faut redynamiser et relancer cette activité ancestrale par la formation de nouveaux artisans qui préserveront et sauvegarderont cet art et le transmettront à leur tour aux générations à venir. Je profiterai de cette manifestation pour interpeller les pouvoirs publics afin qu’ils relancent l’activité touristique dans la région. Elle (Ath Yenni) était jadis une destination prisée par les visiteurs d’ici et d’ailleurs. Nous espérons relancer l’activité en faisant naître des vocations chez les jeunes de la région qui ont pratiquement tous une prédisposition à être artisans bijoutiers. Sauf que malheureusement, actuellement il n’existe aucun centre spécialisé ou dédié à cette vocation pouvant accueillir ces bijoutiers en devenir. Néanmoins, je compte profiter de cette manifestation pour soumettre la proposition d’une section de formation d’artisans en bijouterie aux autorités en charge du secteur. Une unité artisanale existe actuellement à Ath Yenni mais elle est malheureusement fermée depuis des années. Nous allons la rouvrir pour permettre aux bijoutiers d’y exercer leur métier et de vendre leur produit.
Durant la manifestation y a-t-il un dispositif de contrôle, pour éviter d’éventuelles tricheries sur la qualité des matières utilisées dans la confection des bijoux présentés ?
Tout à fait et c’est pour cela d’ailleurs que nous avons mis sur pied une commission composée de cinq artisans bijoutiers, très anciens dans le métier. Ils vérifieront la qualité des bijoux proposés dans les stands et au moindre doute, l’exposant sera remercié et quittera immédiatement la manifestation.
Qu’espérez-vous concrètement de cet événement ?
Cet événement est d’abord l’un des plus importants dans la région. A travers, cette fête, Ath Yenni réaffirme son existence. C’est un rendez-vous annuel qui draine de nombreux visiteurs. Il y a même des émigrés et des étrangers qui calent leurs vacances à cette manifestation précisément pour ne pas rater le rendez-vous. Ils savent que acheter des bijoux à cette fête est avant tout une assurance que les produits sont de qualité. Nous avons mis une année entière à préparer cette manifestation et effectivement j’en attends beaucoup, entre autres, la promotion de la bijouterie et des métiers artisanaux. Mais l’objectif premier et de faire la promotion de notre proposition d’une section de formation d’artisans en bijouterie. Ce projet me tient particulièrement à cœur et c’est pour cette raison que je reviens dessus. Il permettra aux jeunes de la localité d’acquérir un métier d’avenir et de bénéficier d’une formation dispensée par des artisans chevronnés qui leur apporteront tous leur savoir faire. Cette formation sera sanctionnée par un diplôme reconnu par l’Etat qui leur sera remis ainsi qu’une carte d’artisans qui leur permettra d’accéder à des prêts bancaires. Ils auront ainsi l’opportunité d’ouvrir leur propre commerce et d’assurer leur avenir. Pour conclure, je lance l’invitation à tous les habitants de la haute et basse Kabylie, et même au-delà à venir très nombreux prendre part à cette manifestation.
Entretien réalisé par K. T.