Placé sous le thème «La charte citoyenne, une porte ouverte sur le développement durable», un colloque consacré à la gestion des déchets et au développement durable a été ouvert hier.
L’événement, organisé par l’association Arc-en-ciel et l’APW de Tizi-Ouzou, a eu lieu en présence du président de la commission de l’environnement de l’APW, du directeur de l’environnement et de l’emploi, des représentants et professeurs de l’université Mouloud Mammeri et une assistance formée essentiellement d’activistes dans le domaine de l’environnement et autres citoyens.
Le coup de starter de ce colloque, abrité par l’hémicycle Aissat Rabah, a été donné par Sid Ali Youcef, président de la commission environnement de l’APW. Après la projection de vidéos relatives aux activités de l’association organisatrice, l’occasion a été donnée à Idir Oulamara, biologiste, pour intervenir dans une contribution sur les dangers sanitaires de l’environnement.
Il s’en est suivi d’un thème des plus importants, à savoir la gestion des déchets et la réglementation s’y afférant, un thème abordé par N. Siad, enseignante à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Dans sa contribution, Mme Siad a parlé de la loi 01/19 relative à la gestion des déchets. «Notre pays dispose d’une bagatelle de lois relatives au transfert de déchets dangereux et à la gestion des déchets par le contrôle, le tri, la prévention, la valorisation et le recyclage.
Les élus, l’administration mais aussi et surtout le citoyen doivent travailler ensemble pour relever le défi de la protection et de la préservation de l’environnement. Le déchet aujourd’hui est devenu source de richesses et d’emplois. Vivre dans un environnement sain est un droit constitutionnel comme c’est le cas pour le droit à l’éducation, à l’emploi, au logement et aux soins.
Le secteur de l’environnement est complexe mais il ne faut pas rester dans le discours dramatique. Il y a un lien entre l’humain et la nature et ce dernier a été détruit et il faut le rétablir», a conclu Mme Siad. Le professeur Arezki Hammoum, pour sa part, parlera de la gestion des déchets ménagers dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Il citera en exemple ce qui se fait dans ce domaine dans la commune de Bouzeguène.
Les villages de Bouzeguène donnent l’exemple
«Nous avons mis en place un schéma compatible avec la loi et nous essayons de le mettre en œuvre mais il faut surtout changer nos mentalités et nos comportements. En Algérie, chaque citoyen génère quotidiennement 800 grammes de déchets/jour et 60% des déchets sont organiques, c’est une chance pour le compostage, il y a aussi les produits recyclables comme le verre, l’aluminium et le plastique», fera savoir M. Hammoum.
Et de poursuivre : «80% de nos déchets ne doivent pas être acheminés dans les CET. Nous devons initier, voire élargir et généraliser le tri sélectif et le recyclage. Chose qui se fait actuellement dans la commune de Bouzeguène. L’État algérien a prévu de réaliser 300 CET mais seuls 93 ont été réalisés à cause des problèmes financiers. Un seul CET coûte 30 milliards de centimes.
Sur les 93 CET réalisés disposant de 122 casiers, 73 casiers sont déjà saturés parce qu’on ne fait pas le tri. La durée de vie de 15 ans des CET n’est jamais atteinte car on entrepose tous les déchets sans les trier». Revenant aux villages de la commune de Bouzeguène, le conférencier a indiqué : «À quelque chose malheur est bon.
À Bouzeguène, la décharge sauvage a été fermée car elle débordait sur la route. Le chauffeur du camion des ordures ménagères et le chef de parc ont trouvé la mort car le camion était vétuste. La collecte s’est arrêtée, les citoyens était obligés de trouver des solutions, c’est pourquoi nous avons pris Bouzeguène pour commencer. À Houra, Ahrik, Sahel, Takoucht, Aït Semlal, les villageois ont créé des centres de tri qui n’ont rien coûté.
Dans chaque centre, un ouvrier est disponible et il est payé par les villageois. Les familles payent 75 DA par mois. Les villageois, au lieu d’attendre le passage de la benne tasseuse, acheminent eux-mêmes leurs déchets organiques dans le centre de compostage et les autres déchets en plastique, en verre ou en aluminium dans les casiers prévus.
Ce schéma est novateur et créateur de richesse et de l’emploi. Aujourd’hui, des investisseurs récupèrent les déchets et les transforment en matière premières. C’est faire d’une pierre deux coups : Préservation de l’environnement et création de richesses avec au maximum un investissement ne dépassant pas quelques millions de centimes».
Création de six pôles à travers la wilaya
Abordant le volet objectif, l’intervenant révèle : «Nos objectifs sont simples. Il s’agit d’améliorer la qualité de notre environnement, la création de l’emploi et de la richesse, l’implication du citoyen dans la gestion de ses déchets. Nous effectuons un travail de proximité en faisant intervenir les responsables, les entreprises, les organisations et surtout le citoyen mais de moins en moins l’administration», conclura M. Hammoum.
Prenant la parole, le doctorant Rachid Slimani, lui, s’est attaqué à expliquer la question du traitement des déchets organiques par compostage à travers la wilaya. L’impact et la valorisation des déchets, un schéma pour leur gestion et l’implication des entreprises sont des thèmes qui seront abordés par des spécialistes de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Le recyclage des déchets, notamment en carton, en verre ou en plastique, a été aussi au cœur des débats. Des investisseurs ont été invités à faire part de leur expérience.
Le président de l’association Rachid Doufène et Tarik Asla, vice-président de la même association ont abordé, à leur tour, leur proposition de charte citoyenne pour un développement durable. Dans l’après-midi, Dr Sid Ali Youcef s’est penché sur le concours du village le plus propre. Le commerce équitable et le tourisme solidaire et responsable ont été au menu.
À signaler que l’association envisage de créer une cartographie économique de la wilaya par la création de six pôles : aquatique, forestier, alpin, balnéaire, urbain et agricole. Toutes les régions de la wilaya sont concernées. Chaque pôle sera destinataire d’une proposition de charte citoyenne tenant compte des caractéristiques de chaque localité. Une convention entre les APC et les comités de villages sera adoptée.
Hocine T.