Quand des «fraudeurs» défient les autorités !

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L’anarchie qui règne au niveau du secteur des transports dans la wilaya de Bouira a atteint un seuil alarmant. Chacun s’improvise transporteurs et active en toute illégalité et surtout en toute impunité. Les exemples ne maquent malheureusement pas, pour illustrer cette véritable « jungle » des transports. Des taxieurs, des transporteurs de bus et même des propriétaires de petites fourgonnettes, appelées communément Capsules, activent sans aucun document. Bref, une véritable pagaille. Et quand les services de sécurités, en collaboration avec ceux de la direction des transports, prennent enfin l’initiative d’en finir avec ce genre de pratiques, ils font face à une «révolte » en règle de la part de ces fraudeurs. Samedi dernier, le quartier de Ras Bouira, situé à deux kilomètres du chef-lieu de la wilaya de Bouira, a vécu des scènes de violence lorsque les agents de l’ordre ont voulu faire le ménage, en chassant tous les transporteurs illégaux des lieux. Ces derniers avaient pris à partie un bus public qu’ils ont caillassé. Pour quel motif ? Selon certains fraudeurs interrogés, ce bus est venu « empiéter sur leurs plates-bandes ». « Cela fait des années qu’on survit grâce à notre métiers. Les autorités veulent nous enlever notre gagne-pain. On ne se laissera pas faire aussi facilement », rétorquent-ils d’une même voix. Quant au pauvre conducteur de bus, on apprendra, par la suite, qu’il a jeté l’éponge et refusera catégoriquement de remettre les pieds à Ras Bouira. Pour leur part, les services de sécurité ont initié récemment, un plan qui vise à mettre fin à cette anarchie qui règne en maître dans les transports publics. Ainsi, chaque fourgonnette doit disposer d’un permis de circulation et d’une ligne préalablement délivrée par les services compétents. Dans le cas contraire, c’est la fourrière, doublée d’une amende à payer. Mais ces mesures n’ont pas été du goût des transporteurs clandestins desservant la ligne Bouira – Ras Bouira. Certains d’entre eux dénoncent carrément «l’acharnement » des agents de police à leur égard. «La police est en train de mener une véritable traque à notre encontre. C’est profondément injuste», indiquent-ils sans sourire. Avant-hier dimanche, une séance surréaliste s’est produite aux abords de la direction des transports de Bouira. En effet, plus d’une quarantaine de fraudeurs ont manifesté devant ladite direction pour «réclamer leur droit et l’autorisation de travailler». Selon certains protestataires, les services de sécurité leur demandent, en premier lieu, une autorisation de circuler, chose qu’ils n’ont évidemment pas. « On est là pour demander à la direction des transports de nous régulariser pour que nous puissions travailler en toute quiétude», déclare-t-on. Après plus de deux heures de sit-in, ces clandestins sont repartis bredouilles, car aucune audience ne leur a été accordée. Visiblement déçus et en colère de ce qu’ils ont qualifié de «mépris» des responsables de la direction, ces manifestants ont promis de «se mobiliser davantage et de revenir à la charge dans les tous prochains jours ». Dans le but d’en savoir plus sur le sujet, contact a été pris avec le DTW par intérim, M. Ben Ali. Ce dernier nous expliquera que la situation ne relève pas de son ressort et que c’est aux services de l’ordre de faire le ménage. « Notre direction n’a aucun lien ni de près, ni de loin avec ces clandestins. On s’occupe de réguler les transports légaux», soulignera-t-il. Interrogé sur une éventuelle régularisation de ces fraudeurs, notre interlocuteur s’est montré catégorique sur le sujet. « On ne peut pas délivrer des dérogations à tout va. On a une réglementation à respecter, en l’occurrence la 01-13 portant orientation et organisation. Cette dernière énonce clairement les dispositions légales pour la délivrance d’une dérogation de circuler », a-t-il précisé. M. Ben Ali nous informera, par la suite, que certains de ces fraudeurs étaient auparavant des transporteurs légaux et qu’ils avaient abandonné la légalité pour la clandestinité. «Ils ne veulent pas travailler dans la légalité car cela ne les arrange pas. Ils ne veulent surtout pas payer la moindre taxe et encore moins être contrôlés ». Sur un autre volet, relatif au nombre de fourgonnettes desservant ce quartier, situé sur les hauteurs du chef-lieu de la wilaya, notre vis-à-vis indiquera que cette ligne compte six (06) fourgonnettes. Mais sur les six, seulement la moitié y active réellement. «Certains transporteurs préfèrent la ligne Rahim Gallia-Harkat, car elle est très fréquentée, en négligeant leur ligne principale et autorisée », regrettera-t-il. Dans tout cet imbroglio, le seul perdant reste irrémédiablement le citoyen. Certains usagers de Ras Bouira n’hésitent plus à se qualifier d’otage d’une situation qui les dépasse de loin. « Franchement, peu importe qu’ils soient légaux ou pas. Ce qui me préoccupe, c’est bien de trouver du transport, afin que je puisse vaquer à mes occupations », confiera Mohamed, résidant à Ras Bouira.

Ramdane B.

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