»Ce rendez-vous est sur la pratique religieuse, non sur la religion »

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Le mois de novembre de l’année 2005 marque une date très importante en matière de développement de la politique culturelle et de l’image de l’Algérie à travers le monde. Ainsi, pour la première fois, un accord a été signé par l’UNESCO et le ministère de la Culture en Algérie sous le haut patronage de madame la Ministre, Khalida Toumi, ainsi que le Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques afin d’organiser des rencontres professionnelles internationales, artistiques et scientifiques sur la thématique du soufisme où des chercheurs du monde entier seront invités.La deuxième édition du colloque : « Soufisme, culture et musique » qui s’est déroulée du 12 au 16 du mois en cours, représente, selon, Mme Toumi l’annonce officielle de la rencontre.Vers la fin de ce rendez-vous, l’archéologue-chercheur, l’un de organisateurs de la manifestation, M. Hachi, a estimé que le colloque a eu un succès, que ce soit dans le domaine scientifique (les conférences- débats) ou dans les activités artistiques (représentations des chants religieux). « Nous pouvons dire que tous les chercheurs que nous avons invités ont répondu favorablement à notre invitation. Sur les 48, nous avons eu 46 conférenciers qui représentent les pays d’Afrique, de l’Asie et d’Amérique. Nous sommes fiers que l’Algérie arrive, aujourd’hui, à organiser des rencontres scientifiques sur les pratiques religieuses et obtienne la confiance des pays étrangers pour une telle coopération. Il faut souligner que cette rencontre se veut une étude et une recherche sur la pratique religieuse et non sur la religion. Le ministère de la Culture et l’UNESCO, qui sont responsables de l’état du patrimoine matériel et immatériel mondial, prend en charge sérieusement cette question et dans ce cadre-là, le colloque a été organisé pour conserver et promouvoir ainsi qu’enrichir tout ce bien. « Nous sommes maintenant en mesure d’assurer la régularité de cette rencontre pour qu’elle soit une tradition annuelle », dira t-il.Toutes les conférences exposées, nous renseigne, M. Hachi seront publiées en deux tomes de 6000 pages, en coédition avec le ministère de la Culture, le Centre anthropologique et l’UNESCO, d’ici mars 2006. Lors du colloque, deux étudiants français d’origine algérienne ayant préparé leurs thèses sur le soufisme et exposé leurs sujets à l’assistance, nous ont parlé de l’accueil et l’intérêt que portent les Occidentaux, précisément, les Français, à cette culture. Mouloud Haddad (étudiant à Paris), nous informe qu’il s’intéresse uniquement à la pratique des mouvements du soufisme dans l’islam et au quotidien de la spiritualité sans porter intérêt aux aspects philosophiques ou intellectuels du thème. Dans son exposé « Sidi Abd El-Qader » : Mise en scène et engagement spirituel », M. Haddad, nous a informés que la culture soufie gagne du terrain, précisément en France.Beaucoup de Français se sont convertis à l’Islam et se sont affiliés au « Tarika al Kadiria ». J’ai approché des jeunes choristes de ce même mouvement pour découvrir leur engagement spirituel et leur représentation artistique. Ils pratiquent ce chant à l’intérieur de la zaouïa. Ce sont des groupes, qui se produisent plusieurs fois par an, dans des festivals et dans des rencontres, notamment sur la thématique du soufisme », dira-t-il et il poursuit : « Il y a aussi des Occidentaux qui s’installent en Algérie pour suivre ce courant afin de mieux pratiquer la tarika. Le plus célèbre exemple est celui d’une femme, Isabelle Eberhardt, qui s’est affiliée à Tarika El Kadiria, dans la région ouest de la France. A partir des années 20 et 30, sous l’influence d’un grand philosophe qui s’appelle René Guénon qui s’est lui-même converti à l’Islam et s’est affilié à cette confrérie mystique, beaucoup d’Occidentaux se sont également affiliés à ce mouvement », termine t-il. Mehdi Nabti est aussi étudiant à l’université de Paris; il a le titre de docteur en sociologie. M. Nabti s’est spécialisé quant à lui dans la Tarika Aissawia, celle du Maroc : « Représentation, interprétation et utilisation pratique d’un discours ésotérique ». Ce chercheur, a exposé une partie de ses recherches, dans le colloque qui consiste à expliquer comment se présente cette confrérie qui est la Aïssawa. Quel est son rôle social ?Selon lui, c’est une confrérie qui répond à la demande des gens pour venir réaliser un rituel que les Occidentaux appellent « rituel de transe » et que les Orientaux appellent « Dikr, Mlouk et hadra ». Celui-ci comprend une lecture de la poésie religieuse et assemble des mélodies de melhoun, un rituel d’exorcisme pour chasser les mauvais esprits et qui sont nombreux, dont « lala Aïcha », « lala Malika », « lala Mira », « Gnaoui Baba Mimoun ». Ce courant est classique dans le soufisme et invite à s’aventurer à la recherche de l’exaltation spirituelle. Il est très célèbre en France. Il y a eu des recherches sur l’histoire du soufisme en Algérie, de 1900 jusqu’à 1950 menées par des spécialistes français. Il y a des musiques à étudier, des chants, des danses ; il n’y a pas que les interprétations exotériques, nous a-t-il expliqué. Le prochain rendez-vous touchera d’autres thématiques, mais toujours sur la culture soufie, à Béjaia.

Fazila Boulahbal

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