Le transport des voyageurs interurbain ou intercommunal, un service public des plus névralgiques dont l’Etat s’est désisté au profit du secteur privé évolue dans une anarchie totale, aux dépens des citoyens qui subissent les retombées d’une piètre prestation de service.
C’est l’état lui-même qui a commencé par donner l’exemple à travers les stations et autres arrêts de l’ensemble des agglomérations importantes des 06 communes de la daïra de M’Chedallah qui n’ont bénéficié d’aucune opération d’aménagement exception faite aux quelques abribus réalisés par la commune de M’Chedallah qui ont fait les frais d’un vandalisme débridé et desquels ne subsiste que l’ossature, témoin malheureux de l’incivisme des uns et le laisser aller des autres. Un repoussant décor qui a fini par être banalisé et n’émeut désormais plus personne. Les fourgons utilisés pour transporter les voyageurs, dont le nombre de places varie entre 09 à 12, affichent une dégradation avancée qui s’est rapidement étendue à l’ensemble du parc roulant utilisé dans cette filière à cause d’une infernale exploitation à plein temps et pour ainsi dire à plein régime. Le manque d’entretien des fourgons, desquels ne restait que l’ossature cabossée, délavée et sale et des moteurs asthmatiques pour les faire rouler, a aggravé leur état. Le confort à l’intérieur de ces fourgons de transport n’est plus qu’un vieux souvenir avec des sièges décharnés, des dossiers dessoudés branlants des coussins aplati et non rembourré sur lesquels pointent les ressorts et autres boulons de fixation, des vitres bloquées voire même brisées et remplacées par du contre-plaqué des portières que seul le conducteur peut ouvrir à cause de la disparition des mannettes et poignés et des serrures défectueuses inopérantes. Un ensemble de contraintes que subissent les voyageurs dans ces tacots dépravés ajouté à la saleté qui règne en maître absolu. Le voyageur est exposé aux boules nauséabondes de tabac à chiquer, des mégots, de la poussière et la graisse d’entretien des portières. Le tout couronné par la surcharge et l’excès de vitesse sachant que la recette de fin de journée dépend du nombre de navettes effectuées et de voyageurs embarqués. Si quelqu’un proteste, il sera foudroyé par le regard furibond étincelant de colère de la part du conducteur quand ce n’est pas un chapelet de phrases déplaisantes lancées à haute voix à titre dissuasif et d’avertissement pour le reste des voyageurs. Ces fourgons, qui ne sont soumis à aucun programme horaire, ne se manifestent en force qu’aux heures de pointes où la clientèle est importante. Durant toute la saison estivale, la plupart des chauffeurs désertent les arrêts, sans tenir compte du calvaire des voyageurs composé bien souvent de femmes, enfants et personnes âgées qui attendent, impatiemment, sous le soleil accablant, l’arrivée d’un fourgon. La souffrance des villageois habitant dans les hautes montagnes est accentuée lorsque les services de sécurité décident de dresser des barrages de contrôle routiers sachant que la plupart des propriétaires de ces fourgons n’ont pas de papiers et évitent de circuler tant que le barrage n’est pas levé.
Oulaid Soualah