Parkings informels, le calvaire des automobilistes

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Cela fait plusieurs années que les parkings automobiles du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa sont prisonniers d’une mauvaise gestion, causant perte d’argent et désagréments aux propriétaires de véhicules qui les utilisent. 

Le chef-lieu compte plusieurs espaces publics transformés en parkings. Des rues, des petites ruelles, des aires jouxtant les administrations, sont autant d’endroits qui servent de parkings payants. Il se trouve que la majorité de ces parkings sont informels et échappent complètement au contrôle, donnant ainsi lieu à une anarchie totale. Racket, agressions verbales et parfois physiques, propos injurieux, regards agressifs, en somme, un véritable calvaire qui dure depuis des années. Des dizaines de ces parkings sont improvisés chaque mois dans l’illégalité totale, en fonction du nombre d’automobiles disponibles, souvent par de jeunes chômeurs qui n’ont aucune notion du métier. Pourtant, la loi est claire. L’exercice de ce métier nécessite une autorisation délivrée par l’APC. Même avec une autorisation, il est rare de voir un gardien de parking respecter ses engagements envers l’APC et la circulaire ministérielle régissant l’activité de gardiennage des parkings. 

Racket !

Le « laisser aller » de l’APC, vis-à-vis de cette activité a conduit à une situation « intenable », notamment pour les automobilistes qui payent leurs parkings plus par peur que par consentement, a-t-on constaté. Il faut dire, que l’air menaçant et dissuasif des gardiens suite à  toute réclamation, a fini par réduire les automobilistes au silence et à se soumettre au diktat imposé. Si jamais on a la mal chance, et c’est très probable vu la multiplication de ces endroits, de tomber sur l’un de ces parkings, on ne peut ni refuser de payer, ni même contester le prix souvent exagéré sous peine de se voir insulter ou menacer. Beaucoup de gens ont fait cette expérience devant leurs familles sans pouvoir se défendre. Les plus outragés restent les fonctionnaires qui se font subtiliser une bonne partie de leur salaire, rien que pour les parkings. Les prix varient selon les jours, au bon gré des gardiens. Ils vont de 30 à 60 DA, et parfois jusqu’à 100 DA durant la saison estivale, au niveau des parkings illégaux improvisés à coté des plages. Le prix légal est de 20 DA. Si jamais il y a une foire ou une manifestation quelconque, des individus surgissent de nulle part pour s’emparer des alentours et les transformer en parkings payants. L’on assiste souvent à des rixes entre ces « pseudo gardiens », qui se disputent des territoires qu’ils naturalisent en lieux rentables, parfois sous les regards indifférents des services de sécurité. Sans brassards, ni badges, des jeunes en quête de sous se livrent au racket des automobilistes sans leur donner le moindre ticket, ni signe prouvant la légalité du parking. « Il m’arrive de débourser jusqu’à 200 DA la journée pour les parkings. C’est trop pour moi qui suis qu’un simple salarié », s’insurge ce fonctionnaire de bureau qui se plaint de l’attitude « agressive » des gardiens de parking. Pour d’autres, plus compatissants à l’égard de ces jeunes désœuvrés, estiment que c’est la faute aux autorités. « Bien que je condamne les incivilités de ces jeunes, je crois que rien ne leur a été offert comme perspective pour sortir du chômage. Pour eux, c’est une source d’argent en attendant des jours meilleurs », estime, pour ça part, cet autre fonctionnaire du bloc administratif. 

Les associations dénoncent !

La gestion informelle des parkings a fait réagir le collectif des associations de la commune de Béjaïa qui s’est adressé dans une longue lettre aux responsables locaux et au ministère de l’Intérieur. Il demande à ce dernier de revoir et de faire appliquer la circulaire ministérielle régissant les activités de gardiennage et parkings gardés. Les associations font état d’une ville entière qui s’est transformée en parking. La cause est la transgression de la circulaire ministérielle. La question est donc d’ordre organisationnel. L’activité qui pourtant génère des milliards par an, se retrouve désorganisée et en déphasage total avec les clauses convenues avec l’APC. Non respect des prescriptions législatives et réglementaires, notamment relatives à la salubrité la tranquillité publique ainsi que les prescriptions prévues au cahier de charge, modification non autorisée de la composante des membres de la coopérative de gardiennage de parkings, augmentation non autorisée des tarifs fixés par la commune (20 DA et non 100), défaut de port de brassards réglementaires, incivilités à l’égard des usagers des parkings et des riverains, empiétement sur les espaces non compris dans le périmètre de stationnement autorisé pour ne citer que ces dépassements.  Par ailleurs, les associations déplorent l’absence d’un comité ad-hoc, présidé par le secrétaire général de la wilaya, pour être chargé du suivi et de l’évaluation périodique de la mise en application de la circulaire ministérielle. Pour une meilleure organisation de l’activité le collectif vient avec une série de propositions. On propose, dans ce sens, au ministère de l’Intérieur de confier aux communes la gestion directe des parkings, ainsi que le payement mensuel de leurs agents de sécurité et de ne plus autoriser l’occupation des rues et ruelles, mais seulement les parkings. Ces procédures vont permettre, selon le collectif, aux caisses de la commune de bénéficier de 70% des recettes engendrées par cette activité contre seulement 0,5% actuellement. Pour réussir cette forme d’organisation, il faut, en outre, que le montant de la redevance et les tarifs de stationnement soient calculés en fonction de plusieurs paramètres, dont le nombre de véhicules, la situation et l’attraction du lieu dans le cas des sites touristiques, la possibilité de stationnement durant les heures de travail, la fréquence et la durée moyenne du stationnement et enfin selon le tarif du jour et de nuit.                        

M. H. Khodja.

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