L’affaire que la cour criminelle de Béjaïa a eu à traiter hier comprend en fait deux dossiers : celui de R.Z, la trentaine, accusé d’homicide volontaire et celui de Z.M., propriétaire du bar où le crime a eu lieu, poursuivi pour non-assistance à personne en danger. L’autre aspect qui caractérise cette affaire est que l’accusé nie toutes les accusations portées contre lui par le président de la cour, hormis celle de s’être trouver dans le bar au moment où la victime B. S., âgée de 47 ans était tombée.Les faits de cette sombre affaire remonte au 9 février 2002, et eu pour cadre un bar dans la ville balnéaire de Melbou. Ce jour-là vers 22 heures la victime en compagnie de 3 amis qui seront plus tard des témoins, sortait d’un bar du côté de Souk El Tenine et se dirigeait vers Melbou. Arrivée au bar Z. M., dont le patron comparaît dans ce même procès pour non-assistance en personne en danger, il demande à l’ami qui conduisait la voiture de s’arrêter pour lui permettre de voir quelqu’un à l’intérieur du bar. Son ami accède à sa demande. Mais comme il ne revenait toujours pas du bar, il descend voir ce qui l’y retenait. Ils l’ont trouvé selon l’accusation et la partie civile qui ont basé leur argumentation sur les déclarations des témoins en pleine discussion avec l’accusé. Puis les deux personnes sont retirées dans un couloir des toilettes ou une antichambre sombre selon les déclarations qui émanent successivement de l’accusé, du patron du bar et du témoin, chauffeur de la voiture.Le ton est monté très vite, puis tous les consommateurs du bar entendront le bruit d’un corps lourd tombant. Quand ils accourent, les témoins découvrent la victime affalée par terre et l’accusé penché sur elle, l’aspergeant avec de l’eau. Mais le patron du bar affirme que c’était lui qui l’aspergeait avec de l’eau.Comme le patron du bar ne fait rien pour sauver la victime, les trois amis la transportent à la clinique de Souk El Tenine d’où elle sera évacuée à l’hôpital de Bgayet où elle décédera d’hémorragie et de traumatisme crânien.Le procureur qui a requis 20 ans de réclusion criminelle contre R. Z., pour homicide volontaire et 2 ans de prison ferme plus 10 000 DA contre Z. M. pour non-assistance à personne en danger, a surtout insisté dans son réquisitoire sur les contradictions des déclarations de l’accusé et sur la violence du choc reçu par la victime.Pour la partie civile assurée par Me Laâriche, l’affaire est d’une clarté aveuglante. La victime comme elle l’a déclaré le jour-même à sa femme, est partie réclamer à l’accusé la créance que celui-ci lui doit. Seulement au lieu de s’acquitter de sa dette, R. Z., a préféré éliminer son créancier.La défense de l’accusé quant à elle, a surtout mis en exergue le doute qui entoure cette affaire du début jusqu’à la fin. Les différents témoins, souligne Me Boudina, ignorent jusqu’à la configuration du bar. Son client tient un atelier à Souk El tenine et c’est là que la victime aurait dû aller le trouver en plein jour pour lui réclamer son dû et non dans un bar après 10h du soir. Il finit son intervention en rejetant en bloc toutes les accusations portées contre son client.Après délibération, la cour acquitte l’accusé R. Z. et condamne Z. M. à 100 DA d’amende.
B. Mouhoub
