“Le port d’Alger immobilisé aujourd’hui”

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Entouré de syndicalistes du port d’Alger, M. Badaoui, licencié par le directeur général des Douanes pour “atteinte grave à l’ordre”, affirme hier qu’il faut s’attendre à ce qu’aujourd’hui, plus d’une dizaine de milliers de travailleurs protesteront en masse contre cette flagrante atteinte au droit syndical.En effet, si l’on croit le secrétaire général du Syndicat national des douanes et principal animateur de la coordination des syndicats du port, plusieurs branches syndicales solidaires ont décidé d’organiser une grandiose “journée de protestation” (expression que lui et les autres syndicalistes présents ont préféré au mot grève…).Aussi est-il question de la présence des travailleurs de la majorité des divisions du port d’Alger, exception faite de l’administration générale bien sûr.A ce titre, l’on notera la présence, entre autres, de ceux de la CNAN, NASHCO, ENTMV, BADR, BDL et surtout de la SNVI-Rouiba qui à elle seule pourrait drainer quelque 9000 “protestataires”. Au total, l’appel à cette presque-grève, qui ne ne veut pas dire son nom, pourra rassembler environ… 25 000 travailleurs.La genèse, tout le monde ou presque la connaît. Le virevoltant cadre syndical Badaoui, militant connu et aguerri au niveau des douanes depuis 20 ans, se retrouve licencié il y a deux jours de cela par Sidi Ali Lebib, DG des Douanes algériennes. Motif évoqué après le classique “il est mis fin aux fonctions de… : Atteinte grave à l’ordre”. D’ailleurs, ce dernier terme écrit en arabe “Nidham” avait fait dresser les cheveux du secrétaire national car avant de rencontrer hier les journalistes, il avait traduit par “pouvoir” ou “régime”, une faiblesse de traduction proche en fait du lapsus révélateur.Badaoui s’estime trahi par ceux qui veulent maintenir l’ordre stalinien au sein de l’UGTA, et assimile toute cette cabale à “une alliance de certaines sphères et à une mobilisation des forces rentières à l’intérieur de l’organisation UGTA”. Avant d’ajouter que grâce à quelques militants syndicalistes du parti d’Ouyahia, “c’est le RND qui veut imposer une OPA et opérer une mainmise sur l’UGTA”.“Je sais très bien que ce n’est pas un simple DG des Douanes qui peut se permettre et qui a le pouvoir de prendre une décision anticonstitutionnelle telle que celle-là. J’ai vu de mes propres yeux deux secrétaires nationaux du syndicat, accompagnées d’un ministre de la République (nous tairons les noms des deux syndicalistes puisque M. Badaoui refusera de donner celui du ministre) entrer chez Lebib. Et dès le lendemain matin, la décision de licenciement me fut signifiée !”, martèlera le mis en cause. “Une décision, ajoutera-t-il, qui est du seul ressort du procureur de la République. Il y a donc, conformément à l’article 90/14 et 53/54, une violation de la loi ayant trait à l’exercice syndical. Seulement étant inimaginable qu’un DG se substitue à la justice, je ne comprends pas que sa tutelle et par conséquence le gouvernement ne réagisse pas à cela”, conclut M. Badaoui. Parallèlement, il informera les journalistes que le secrétaire général de l’UGTA, M. Sidi Saïd, a dit qu’il en fera “son affaire” et que “le problème de M. Badaoui sera réglé”.Cela n’empêche que la journée d’aujourd’hui sera déterminante pour les syndicalistes du port et surtout pour cette coordination “réformatrice”, qui auront à jauger de leur capacité de mobilisation et de défense de leurs travailleurs, ceci à la veille d’un 11e congrès de l’UGTA qui s’annonce d’ores et déjà des plus houleux.

Rachid Kaci

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