Boumadène perpétue la tradition

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“Assetchi”, ou offrande, est une tradition ancrée dans de nombreuses régions de Kabylie. À Boumadène, un village du douar de Boumhani, elle est célébrée chaque année à la mi-octobre.

Mais pour cette année, elle a été avancée d’une semaine en raison de sa coïncidence avec la fête de l’Aïd. Ainsi, avant-hier, le village a été la destination de centaines de personnes venues non seulement de la localité mais aussi des communes environnantes, telles que Boghni et Draâ El-Mizan. Si ces personnes sont invitées à déguster du couscous au veau, elles avaient aussi cette occasion de visiter ce lieu empreint d’histoire, à savoir Taourirt, le point le plus culminant de cette région. C’est à cet endroit que l’armée coloniale avait implanté son camp militaire et par ricochet un centre de torture. Il y a toujours les traces des exécutions sommaires de citoyens au terme de tortures atroces. On croit savoir aussi que ce village eut été évacué un certain 18 octobre 1958, avant d’être rasé. Aujourd’hui, le comité de village y a construit son siège et juste à côté un foyer pour jeunes, et bien sûr l’école primaire Taourirt. Les invités de Boumadène étaient étonnés de la volonté des villageois et de l’esprit de solidarité entre eux, car ils ont sauvegardé les valeurs de Tajmayît (dénommé actuellement comité de village). À l’arrivée de leurs hôtes, les membres du comité les orientent et les guident dans ce site où ils ont eu droit à des explications au sujet d’Assetchi. « C’est une tradition que nous ne pouvons pas mettre de côté. Elle sert de consolider les liens entre les habitants du village. Et puis, c’est un hommage qu’on rend à tous ceux qui se sont sacrifiés pour l’indépendance du pays », dira l’un d’eux à un groupe d’invités qui l’entourait. Au fur à mesure que les invités arrivèrent, les organisateurs s’affairaient à préparer le repas. C’est vers  midi que ce couscous garni de viande de veau, immolé la veille, fut servi à tous les invités. Selon les organisateurs, ils étaient plus d’un millier à venir à Boumadène. « C’est une réussite car tout le monde participe à cet événement que nous allons perpétuer à jamais », nous confiera un autre villageois. Il faudra signaler aussi la présence du maire de Aïn Zaouïa, M. Merzouk Haddadi, aux côtés de ses concitoyens. « C’est l’une des traditions de la région qui fait honneur aux habitants de Boumadène. Je les remercie pour cette organisation et pour tout ce qu’ils ont fait pour sauvegarder nos valeurs ancestrales », nous déclarera-t-il au terme de ce couscous royal.

Amar Ouramdane.

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