Un fait nouveau est intervenu, depuis ces trois dernières années, dans le rituel caractérisant la fête religieuse de l’Aïd El Adha. Il s’agit de « l’intégration », allant crescendo, du bovin dans le rituel en question. Ce fait nouveau est relevé quasiment dans toutes les localités de la région, à tel point que le bovin n’est pas loin de voler la vedette au traditionnel bélier. En effet, cette tradition religieuse héritée du prophète « Brahim El Khelil » qui consiste en l’immolation d’un mouton ou d’une brebis par chaque famille et dont les trois quarts de la carcasse doivent être distribués aux pauvres en signe de solidarité est de moins en moins respectée par tous. Devant la cherté de l’ovin, les citoyens aux faibles revenus pour rester dans l’ambiance de la fête et aussi pour se plier au rite religieux, recourent à un palliatif proposé par les théologiens. Ces derniers affirment qu’il est permis à plusieurs chefs de familles de s’associer, pour sacrifier un taureau à la place d’un bélier qui doit se faire individuellement. Autorisée donc par l’Islam, cette pratique intéresse les citoyens aux revenus modestes. D’autant qu’elle leur permet de ne pas transgresser le fait religieux et, surtout, de sauver la face devant leurs enfants qui auront droit à de la viande à profusion durant cette journée. C’est ainsi que, cette année, l’immolation du taureau a fait fureur dans le sens le plus large du terme dans la région. Des groupes de 5 à 10 chefs de familles s’entendent pour acheter un veau et le partager entre eux. La démarche collective leur permet de verser une somme raisonnable sans grande répercutions sur le budget familial ni, encore moins, recourir à l’emprunt, sachant que la part de chacun varie entre 20.000 et 25.000 DA, alors que le mouton n’est pas cédé à moins de 40.000 dinars, soit une économie de presque 50%. Le taureau est choisi selon le nombre de chefs de familles associés. L’apport de chacun annoncé plus haut à titre indicatif concerne les veaux dont le prix varie entre 12 et 15 millions de centimes et le poids oscille entre 150 à 200 kgs. Cette pratique qui reste à la portée de toutes les bourses, s’est généralisée grâce aussi à la disponibilité de l’ovin, un créneau de l’élevage qui a enregistré une spectaculaire explosion, depuis ces trois dernières années, suite à la mise en exécution du dispositif de l’aide de l’État à la relance de l’élevage depuis 2010 et qui commence ainsi à donner ses fruits, une filière favorisée aussi par les conditions climatiques avec une pluviométrie suffisante pour booster la production des aliments de bétail. Notons enfin, que des futés chômeurs tirent les marrons du feu dans ce cas relaté en se reconvertissant pour la circonstance en bouchers occasionnels proposant leur service pour la prise en charge de l’égorgement, le dépouillement et le dépeçage à raison de 5 000 DA la bête. Reste à souhaiter que les services étatiques en charge de la santé publique accompagneront cette nouvelle donnée, en mobilisant le maximum de vétérinaires, à l’avenir, pour l’indispensable contrôle des carcasses durant la fête religieuse du sacrifice.
Oulaid Soualah
