Ikhenache pris d’angoisse !

Partager

Le glissement de terrain qui s’est manifesté au village Ikhenache, dans la commune d’Iflissen, prend de l’ampleur. La situation devient même de plus en plus inquiétante.

Il s’étend sur plusieurs hectares. Les mouvements de terre sont en effet répandus sur une large superficie. De loin, vu de la crête surplombant son origine, il apparaît comme une grande bouche de volcan. L’image est terrifiante. C’est une catastrophe naturelle à laquelle personne ne semble accorder l’attention nécessaire. Le danger se fait pourtant de plus en plus menaçant. Il est réel. Le glissement a amputé une bonne partie du village. Un château d’eau a été même emporté comme une petite pièce de dé. Des oliviers, des pruniers&hellip,; des champs entiers, ont aussi cédé aux mouvements. Les habitants d’Ikhenache disent avoir frappé à toutes les portes, depuis plusieurs années, mais en vain. Les SOS et les cris de détresse n’ont trouvé aucun écho favorable. Du moins pour l’heure. Les villageois ressentent un sentiment de mépris à leur égard. « On est complètement délaissé face à cette catastrophe », tonne un habitant. Les questions qui taraudent les esprits et qui reviennent souvent sur les lèvres des villageois sont cette « indifférence des autorités locales ». « Personne n’a l’air de se soucier de notre sort. Pourquoi les autres glissements enregistrés à travers la wilaya de Tizi-Ouzou, de plus de moindre importance, ont été vite pris en charge et pas celui d’Iflissen ? » « On a lu sur les journaux que 60 milliards de centimes ont été alloués pour les glissements de la ville de Tigzirt, 90 milliards pour celui d’Azeffoun, et rien pour Iflissen. Mais pourquoi ces deux poids et deux mesures ? On est sérieusement menacé », fulmine cet autre habitant d’Ikhenache. Plus de 120 habitations sont menacées d’être emportées par le glissement. Les villageois ne savent pas quoi faire, ni où aller. « Une chose est sûre, le jour de la catastrophe, nous n’allons pas accepter des tentes au stade communal. Nous allons squatter le siège de la mairie et toutes les structures étatiques, puisque personne ne se soucie de notre sort alors que tout le monde a été avisé », menace un membre du comité de village, d’un air déterminé. Les villageois sont autant menaçants et déterminés. Pour eux, aucune autre solution ne se profile à l’horizon « face à l’immobilisme des autorités. » « On est dos au mur et on n’a pas le choix », dira un villageois. Dernièrement, les craquements du glissement ont fait réveiller tous les habitants du village en pleine nuit. « C’était effrayant ! »« C’est inéluctable, le jour de calamité arrivera fatalement. Nous n’avons pas cessé d’attirer l’attention des autorités depuis 1995», regrettera un vieux villageois. Les citoyens d’Ikhenache vivent la peur au ventre. Le stress et la colère hantent les esprits des habitants. Le glissement menace leur village d’en bas. Il a presque effleuré quelques habitations. Le cauchemar est permanent. « Personne ne veut pour autant quitter ce village où nos ancêtres ont vécu des siècles durant. On ne veut même pas penser à ça », ajouta notre interlocuteur. Comme solution, deux petites canalisations de déviation des eaux de pluie ont été réalisées en 2011 et le chemin communal a été réfectionné là où il a été endommagé par le glissement. Depuis, aucun responsable n’a mis les pieds à Ikhenache. Dernièrement, un élu à l’APW de Tizi-Ouzou, M. Kader Amrani, a pris l’initiative de se rendre sur les lieux. « Je ne savais pas qu’un tel glissement existait dans cette région », avait-il déclaré tout ébahi devant l’ampleur de la catastrophe. L’élu a promis de dépêcher un bureau d’études sur les lieux et de trouver une solution urgente. « L’argent existe. On peut le prendre en charge et sauver le village », rassure-t-il. « D’après le wali que j’ai interpellé à ce sujet, l’étude sera faite dans les jours à venir. De notre côté en tant qu’APC, nous allons tout faire pour prendre en charge ce problème qui n’a que trop duré. J’espère que nous allons trouver une solution dans les plus brefs délais, car la situation urge et la catastrophe est imminente », nous a déclaré de son côté le maire d’Iflissen, Farid Hamam. En attendant le concret, les villageois d’Ikhenache sont toujours dans le désarroi et l’inquiétude. Même au village voisin, Taguarsift, on n’est pas plus tranquille. La menace n’est pas loin…

S. Sahaf

Partager