Les fermetures récurrentes des axes routiers, ces derniers temps, qui hypothèquent le développement de la wilaya, ont poussé l’Assemblée populaire de wilaya à programmer, mercredi dernier, une session extraordinaire pour débattre de ce nouveau fléau. Le problème des protestations, oppositions et blocages de routes de la wilaya a été l’unique point inscrit à l’ordre du jour de cette session extraordinaire. L’ouverture de la séance a été faite par une lecture d’une déclaration du P/APW qui, tout en reconnaissant la légitimité des revendications citoyennes à l’origine de ces fermetures, avouera qu’«au-delà de cette légitimité ces actions corsées se font à l’encontre des intérêts de la wilaya, eu égard aux pertes considérables enregistrées par les entreprises et aux désagréments causés aux usagers des routes». Il pointera du doigt, toutefois, l’administration, qui a marginalisé la région, obligeant, par conséquent, la population à sortir dans la rue pour se faire entendre et réclamer l’amélioration de ses conditions sociales. Il dira, en substance, qu’«il est urgent d’agir en amont pour mettre fin à cet état de fait et de ne plus se suffire de traiter les conséquences induites par cette discrimination incompréhensible dont souffre la wilaya de Béjaïa». Durant les débats, ils étaient plusieurs élus à intervenir. Après avoir énuméré les principales revendications à l’origine des fermetures de routes, les intervenants ont préconisé l’installation de comités mixtes (élus-administration) pour le règlement des litiges afin de d’anticiper contre toute action de rue et d’impliquer le mouvement associatif en le structurant, préalablement, en fédérations de daïra, afin qu’il serve de médiateur. Le FFS, par la voix d’une élue, a fait une déclaration dans laquelle il impute la faute au manque de moyens pour répondre aux aspirations de la population. C’est ainsi qu’il est rappelé que l’enveloppe réservée au budget d’équipement (PCD, PSD), principale ressource de développement des communes, est dérisoire. La limitation drastique des prérogatives des élus a été également mise en exergue et considérée comme un autre point qui a aggravé la rupture des canaux de communication entre gouvernants et gouvernés. Ces actions violentes, qui pénalisent même les malades évacués par ambulances, expriment le mécontentement de la population qui se sent méprisée. Pour répondre aux aspirations des citoyens et mettre un terme aux fermetures de routes, Mohamed Bettache souhaite une «augmentation des budgets des PCD, un plan d’urgence pour mettre à niveau la wilaya et plus d’efforts de la part de l’exécutif de wilaya pour la consommation des crédits et la réalisation des projets». Prenant la parole en dernier, le wali reconnaitra le mérite du P/APW d’avoir eu le courage d’organiser une session spéciale pour débattre des fermetures de routes qui, dira-t-il, n’est pas propre à la wilaya de Bejaïa. Il s’étalera longuement sur les réalisations enregistrées dans la wilaya depuis quelques temps et expliquera les méthodes d’inscription des projets, en donnant l’exemple du branchement au réseau de gaz de ville qui ne concerne que 50 000 foyers pour le quinquennat en cours, en attendant l’inscription d’autres localités pour le prochain programme. Donc, soulignera-t-il, «les localités non pourvues en gaz de ville doivent attendre leur tour et non descendre dans la rue». En conclusion, il avouera que la wilaya de Béjaïa, en sa qualité de région montagneuse, nécessite d’importants fonds pour son développement, notamment les routes dont la moitié est presque impraticable.
A. Gana
