Les responsables ont reconnu, unanimement, lors de la session de l’assemblée populaire de wilaya tenue, mercredi dernier, la légitimité des revendications citoyennes mais ont tenu, toutefois, à condamner les fermetures de routes lesquelles pénalisent, non pas les autorités, mais plutôt les usagers. Comme souligné dans la déclaration du président de l’APW, les revendications à l’origine des blocages portent essentiellement sur l’amélioration des conditions de vie. Cela va de l’alimentation en eau potable au branchement au réseau du gaz de ville, en passant par l’assainissement, le bitumage des routes et parfois pour s’opposer carrément à l’implantation de projets. Cette dernière qui n’est nullement justifiée aux yeux de la majorité des citoyens, est motivée pour les protestataires, par l’expropriation en contrepartie d’une faible indemnisation qui, du reste, tarde souvent à se concrétiser. L’instruction du Premier ministre d’indemniser à leur juste valeur, et non aux prix dérisoires fixés par la nomenclature, les terrains empiétés par les projets, contribuera à l’arrêt des actions corsées pour cette revendication et permettra enfin à la wilaya de voir les projets retenus se réaliser dans les délais. Pour le cas des revendications relatives à l’amélioration des conditions de vie, la problématique de leur prise en charge demeure posée. La faiblesse de dotation en programmes de développement et la limitation drastique des prérogatives des élus locaux qui ne peuvent répondre favorablement aux doléances de leurs concitoyens, pousseront toujours les protestataires à recourir à la rue pour se faire entendre du fait qu’elle a été jusque là la seule action fructueuse. Durant un bon moment, les responsables ont eu cette posture à répondre favorablement, uniquement, aux revendications des « coupeurs de routes », mais cette fois, le wali n’a pas été avec le dos de la cuillère en déclarant ne plus jamais dialoguer avec cette catégorie de citoyens et de s’opposer à la satisfaction de leur revendication même s’ils ont raison. Cette menace, à peine voilée, vise à prioriser la voie pacifique et encourager, ainsi, les citoyens à revendiquer autrement qu’en fermant les routes. D’ailleurs, pour donner de l’aisance à se propos, il déclarera que les chefs de daïra et le secrétaire général de la wilaya ont été instruits à l’effet de programmer une journée de réception hebdomadaire de la population au même titre que les maires. Recevoir les gens et prendre note de leurs doléances est une chose et les satisfaire en est une autre. Hamou Ahmed Touhami insistera auprès de ses subalternes pour ne pas promettre aux citoyens des choses irréalisables et de se limiter aux projets retenus et d’éviter ceux à inscrire ultérieurement.
Il n’en est pas de même pour les élus communaux qui ont, vraisemblablement, promis beaucoup de choses durant la campagne électorale sans trop penser à l’après-campagne, qui se sont trouvés dans des situations confuses.
Aujourd’hui, nous savons qu’il est évident que le manque de moyens constituera toujours un frein. Une enveloppe inférieure à deux milliards de centimes ne permettra jamais à l’édile communal de répondre favorablement aux multiples demandes des citoyens. D’ailleurs, une anecdote d’un ancien maire d’une commune de la wilaya de Béjaïa est significative à plus d’un titre. Il avait déclaré à l’époque, qu’il pouvait envoyer n’importe quel jeune de sa localité au chef-lieu pour qu’il revienne avec des milliards en guise de soutien étatique à la création d’une micro-entreprise, alors que lui, en tant que premier représentant d’une population de plusieurs milliers d’habitants, ne percevra qu’un milliard huit cent millions de centimes pour toute une année. Une centaine de milliards de centimes reste un montant insignifiant comme enveloppe destinée au développement local de toutes les communes de la wilaya.
La revue en hausse des programmes communaux de développement et surtout, comme ne cessent de le revendiquer, haut et fort, l’ensemble des élus locaux, la mise en place du programme spécial promis par le président de la République constitue l’unique solution pour la mise à niveau de la wilaya et conséquemment la satisfaction du minimum requis à l’amélioration des conditions de vie de la population. C’est un véritable appel qui est lancé à l’administration centrale par les élus locaux pour leur venir en aide, afin que le fléau de fermetures de routes soit éradiqué à jamais.
A. Gana
