Quand les structures d’accueil viennent à manquer

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En ces journées ensoleillées, qui ont succédé aux pluies et à la neige de novembre dernier, le sommet du mont Dirah est devenu le lieu de pèlerinage de plusieurs familles venant principalement de la ville de Sour El Ghozlane.

Djebel Dirah, 1 810 mètres d’altitude, est situé à 10 Kms au sud de la ville de Sour El Ghozlane. Il constitue une limite administrative entre cette commune et les communes de Dirah et de Maâmora. En ce début du mois de décembre fortement ensoleillé le dernier tapis de neige est en train de fondre sur le versant de cette montagne, laissant couler des sources fraîches au piémont, c’est-à-dire dans les villages de Ouled Tadjine et Ouled Gacem. Les véhicules, arrivant au niveau de cette dernière localité empruntant une ancienne piste montagneuse, aujourd’hui revêtue en goudron, suivent une multitude de sinuosités, jusqu’au plateau du sommet appelé Hadjrat El Hadiane que l’administration coloniale avait nommé Poste optique. Ce point culminant, qui fait face au massif du Djurdjura par le sud, a longtemps servi de poste d’observation aux militaires français. Notons, qu’à partir de ce point, l’on peut facilement, par nuit claire, apercevoir les lumières de la ville d’Alger.  Aujourd’hui, le sommet de la montagne abrite les antennes de la télévision hertzienne, des télécommunications fixes et des trois opérateurs de la téléphonie mobile. Les jeunes et les familles qui se rendent ici, durant les week-ends notamment, trouvent toujours leurs parts de l’air pur. Le paysage est époustouflant. Vers le nord, on peut voir directement le Djurdjura, et vers le sud, ça donne une vue sur le vaste plateau de Sidi Aïssa et de Bousâada qui se termine par la montagne de Djebel Diss dominant cette dernière ville. Sur la route, qui mène vers ce fabuleux sommet de Dirah, l’on rencontre des déchets et des restes de nourritures laissés par des visiteurs. Cet endroit, aussi attractif qu’il soit sur le plan touristique, demeure étrangement ignoré par les autorités locales de la commune et de la daïra. Même la direction du tourisme et de l’artisanat ne lui accorde pas un intérêt particulier. Il ne figure pas non plus dans les quatre zones d’expansion et sites touristiques actuellement en phase d’études. Or, partout dans le monde, l’accompagnement en investissements touristiques se fait d’abord en direction des sites où les flux de visiteurs sont avérés et connus.

Hadjrat El Hadiane et le col de Dirah, deux sites mal exploités

Sur un site très proche du sommet de Hadjrat El Hadiane, et dans le prolongement de sa ligne de crête, un autre site mérite d’être pris en charge vu le nombre de visiteurs qui s’y rendent. Il s’agit du col de Dirah, une rupture de montagne par où passe la route nationale RN8 reliant Alger à Bousâada. Les familles, se rendant vers le sud du pays, font des haltes dans un milieu forestier verdoyant, constitué d’anciens reboisements réalisés dans les années 70. Là non plus, aucune infrastructure d’accueil n’est prévue. Dans toute la région, l’investissement touristique est le grand absent, bien que la nature soit riche de ses eaux, de ses boisements, de ses paysages féeriques et même de ces monuments historiques. La tombe de Takfarinas est à 10 Kms à peine de la ville de Sour El Ghozlane, dans la commune d’El Hakimia. Les remparts de la ville, érigés par l’armée française, en 1854, subissent la patine du temps. Le brin de restauration dont ils ont bénéficié les a carrément «amochés», vu que les entreprises spécialisées en restauration ne courent pas les rues. Les centaines fameuses pierres tombales, datant de l’antique Auzia, sont dispersées dans tous les recoins de la ville au point où ils sont devenus presque invisibles. Ces mégalithes méritent bien d’être rassemblés dans une même aire pour constituer une espèce de témoignage d’une vieille histoire berbéro-romaine. Quant au projet du musée qui, au milieu des années 90, était pressenti sur l’emplacement de l’ancienne garnison, il semble qu’il ne fait plus partie des priorités des autorités. Pire, sur ce lieu historique, l’on a vu s’ériger une bâtisse moderne, le tribunal de la ville, qui contraste étrangement avec le reste du paysage.  Paradoxalement, avec tous les atouts qu’offre la région de Sour El Ghozlane, en matière de lieux et de destinations touristiques, les jeunes et les familles s’étouffent dans un quotidien morose.  Et quant ils tentent des sorties vers des sites comme Djebel Dirah, c’est à une sorte de «tourisme sauvage» qu’ils se livrent, dénué de commodités et de structures d’accueil. 

N. M. Taous

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