La courgette à 280 DA le kilo !

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Le marché des fruits et légumes flambe; les prix des produits alimentaires d'importation, à commencer par les légumes secs et le lait en poudre connaissent une envolée historique qui les rend de plus en plus inaccessibles pour les ménages moyens.

Les pouvoirs publics se veulent rassurants au moment où le portefeuille du responsable de foyer se vide à une vitesse inégalée. Mais, qu’est-ce qui se passe donc sur nos marchés au point de nous donner l’impression que nous vivons le mois de Ramadan par anticipation? Les chiffres optimistes des statisticiens, même s’ils peuvent avoir leur logique interne, cette dernière demeure « inaccessible » aux ménagères et aux pères de famille qui reluquent la courgette à 280 DA, la tomate à 140 DA, la pomme de terre à 50 DA et un sachet d’un demi kilo de lait en poudre à 330 DA. Il est bien beau de se flatter du chiffre officiel de l’inflation qui termine l’année avec 3,5 %. L’année passée, il était proche de 9 %. Visiblement, les études sur l’inflation ont touché l’ensemble des marchandises (produits alimentaires, électroménager, pièces détachées, matériaux de construction,…), et que le renchérissement et la baisse des prix s’étalent sur toute la gamme pour en extraire une moyenne. Mais, le père de famille qui fait ses courses, paye les cours particulier assurés dans un garage pour  son fils candidat au baccalauréat, s’emploie à trouver mille astuces pour payer sa facture d’électricité ne peut pas entendre raison par la simple arithmétique du calcul de l’inflation. La réalité fébrile de la mercuriale  fait qu’il ne croit même pas les chiffres officiels débités par les responsables de l’administration. À la dure réalité de l’état de l’agriculture algérienne, particulièrement la non-maîtrise des intrants (semences, engrais, produits phytosanitaires) souvent importés, et l’anarchie régnant sur les marchés de gros, s’est greffée la dépréciation de la valeur du dinar au cours de ces derniers mois. Contrairement aux assurances données par les officiels, ce phénomène a entraîné une hausse en cascade de plusieurs produits importés. Incontestablement, la majorité des Algériens n’ont pas le souffle nécessaire pour procéder à l’établissement des comptes que les dépenses de ces derniers mois ont générés. Pratiquement aucun produit alimentaire n’a échappé à la flambée des prix. Le prix de la baguette de pain s’est glissé subrepticement de 8,5 DA à 10 DA, laissant le débat sur le soutien public à la farine boulangère, enclenché l’été dernier, à ceux qui veulent bien le mener.

Pratiquement aucun produit alimentaire n’a échappé à la flambée !

 Après que le poulet eut connu une envolée historique, avec des prix qui ont avoisiné les 400 DA le kilo en septembre dernier, c’est la pomme de terre qui se renchérit encore. Ne parlons de la bourse des légumes secs, supposés aliments des foyers modestes, qui crèvent le plafond depuis plusieurs semaines. C’est que l’alimentation de l’Algérien en hiver est orientée vers ces produits, en l’absence de la production maraîchère au nord du pays. Celle provenant des serres de Biskra, de Bousaâda ou El Oued, coûte ce que coûtent ses facteurs de production: eau de forage, énergie électrique, semence sélectionnée. C’est toute la problématique de l’agriculture algérienne et de la sécurité alimentaire du pays qui se trouve ainsi exposée à toutes les contingences: climat, facteurs techniques, potentiel en périmètres irrigués, transformation agroalimentaire et commercialisation. Pour certains produits, comme la pomme de terre, supposés pourtant encadrés par le dispositif du Syrpalac (système de régulation des produits agricoles de large consommation), la spéculation sur le stockage/déstockage dans les chambres froides n’a pratiquement jamais cessé. Les spéculateurs, flairant les affaires là où elles se trouvent, sont toujours plus « pragmatiques », plus opérationnels, que les structures administratives bureaucratiques et budgétivores qui, pour noyer un problème, en prétendant le résoudre, lui créent une commission.  L’on sait que les subventions accordées par les pouvoirs publics aux éleveurs avicoles, en l’absence d’une étude approfondie des besoins de consommation des Algériens, ont, à plusieurs reprises desservi la cause pour laquelle elles sont conçues. Indubitablement, le problème de la pomme de terre, des autres produits maraîchers, de la crise récurrente du lait en sachet, ainsi que des prix défiant toute logique auxquels sont cédés les légumes secs, jette à la face des gestionnaires de l’économie nationale les résultats des errements de la politique agricole, laquelle, malgré les milliards de dinars de subventions et de soutiens, n’arrive pas encore à relever la tête. Les potentialités sont là; il suffit de savoir des les explorer profondément et de savoir les exploiter. L’Algérie est un des rares pays à jouir de deux saisons agricoles, celle du nord et celle du sud, comme d’ailleurs pour l’activité touristique. Les capacités de réserve en eau des barrages militent théoriquement pour 2 millions d’hectares de périmètres irrigués. Mais, les pesanteurs bureaucratiques et les intérêts spéculatifs ont apparemment le dessus sur la gestion intelligente de nos ressources naturelles.

Amar Naït Messaoud

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