“Ce n’est pas à la loi d’écrire l’Histoire”

Partager

La loi du 23 février 2005, et notamment son article 4, a suscité des débats passionnels et fait ressurgir des sentiments et des réactions épidermiques et chauvins en France. La patrie des droits de l’Homme s’est soudain réveillée face à la réalité enfouie et non assumée : la résurgence colonialiste. Le Parlement français a voté cette loi avec une majorité sans appel et ce, malgré l’opposition de certains députés à l’image de ceux du Parti socialiste et du Parti communiste. Non seulement cette loi a jeté un froid sur les relations algéro-françaises, mais également avec les Dom-Tom, puisque le collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais a dénoncé ce texte, et Nicolas Sarkozy a été obligé, de ce fait, de reporter son voyage aux Antilles.Devant cet état de fait, le président Jacques Chirac ne pouvait se résigner à constater les dégâts causés par une telle loi. C’est ainsi que dans une déclaration solennelle, faite hier à l’Elysée, le président français a tenté de désamorcer cette véritable bombe concoctée par l’Assemblée et avec la bénédiction de l’UMP, donc de la majorité présidentielle, en soulignant que “ce n’est pas à la loi d’écrire l’Histoire”, et d’ajouter que “dans la République, il n’y a pas d’Histoire officielle”. Jacques Chirac a proposé au président de l’Assemblée nationale, M. Jean-Louis Debré, de “constituer une mission pluraliste pour évaluer l’action du Parlement dans les domaines de la mémoire et de l’Histoire”. Le président français a indiqué qu’il serait “très attentif” aux recommandations et conclusions de cette mission, attendues dans un délai de trois mois.A rappeler que l’article 4 de la loi du 23 février 2005 stipule que “les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord”, et que la majorité UMP à l’assemblée a refusé d’abroger le 29 novembre dernier, sur proposition du groupe socialiste. Le président français, qui n’a pas eu la lattitude d’agir à temps sur le texte, tire la sonnette d’alarme sur les effets néfastes d’un tel texte sur la cohésion nationale dans l’Hexagone et également sur les relations de la France avec des pays comme l’Algérie. C’est dans ce sens qu’il déclarera à partir de l’Elysée qu’“il faut maintenant que les esprits s’apaisent, il faut que vienne le temps d’une réflexion sereine, dans le respect des prérogatives du Parlement, dans la fidélité à nos idéaux de justice, de tolérance et de respect, dans un esprit d’unité et de rassemblement”. “Apaisement, “sérénité”, “respect”, “fidélité”, “tolérance”, “unité” et “rassemblement” ont été les grands absents dans les débats et l’adoption de la loi du 23 février 2005 et que le président français rappelle au moment où la France célèbre le centenaire de la loi 1905, qui a consacré la laïcité et la République.

Chérif Amayas

Partager