“ L’investissement fait cruellement défaut”

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La Dépêche de Kabylie : Monsieur le Président, avant de parler de la commune, comment s’est passé le mois de carême à Ouacif ?

Latamen Benmedjber : A l’exception du 10e jour où un incendie a ravagé une partie importante de notre massif forestier et ce au chef-lieu de la commune lors duquel même des habitations ont été menacées.

La mobilisation des citoyens, l’aide de certaines communes et l’intervention de la Protection civile appuyée par les renforts venus de Tizi Ouzou ont fini par venir à bout de ce gigantesque brasier. Sinon une bonne ambiance règnait durant toute la journée et même après la rupture du jeûne où les gens se retrouvaient autour d’un thé et autres loisirs. Beaucoup de citoyens viennent solliciter les services de la commune pour les différentes autorisations.

Pour les jeux de hasard (loto) et la vente de gâteaux traditionnels ou autres produits prisés durant ce mois de carême mais frappés d’interdit par l’administration qui exige l’inscription au registre du commerce.

Aussi nous avons inscrit des aides aux nécessiteux avec la contribution de bienfaiteurs privés, mais cela demeure insuffisant au vu du grand nombre de familles démunies et de l’action limitée uniquement au mois de carême…

Vous étiez dans l’enseignement avant votre détachement, vous devez en principe réussir la rentrée scolaire.

La pédagogie est l’art de répéter, certains croient que la commune bloque le fonctionnement des écoles, ce qui est archifaux. Il y a eu des insuffisances dans le passé mais cette fois-ci, on a mis les grands moyens:

– 8 000 000,00 DA destinés exclusivement au fonctionnement de nos écoles et aux différents entretiens (peinture, étanchéité, petite maçonnerie…).

– Environ 6 000 000,00 DA inscrit pour les grosses réparations.

La plupart des travaux sont achevés. En plus, nous avons proposé l’inscription d’une autre cagnotte destinée aux divers équipements. Six écoles sur huit sont dotées du chauffage central dont la réalisation s’est faite sur le budget communal, cinq écoles fonctionnent avec des cantines scolaires, celle de Tiguemounine est réalisée sur le budget communal et des choix de terrains ont été établis pour les écoles de Bouabderahmane et Tikidount.

Dans le cadre des PCD, nous avons inscrit un terrain combiné à l’école d’Aït Abbas, l’opération est déjà clôturée physiquement. Une simple tournée dans nos écoles vous fera constater vous-même toutes ces réalisations.

Avant d’entrer dans les détails, un mot succinct sur la commune de Ouacif.

Notre commune traverse une période très difficile et il faut dire que nous sommes sur un terrain vierge où des insuffisances se constatent dans tous les secteurs. Nous avons commencé par assainir les dettes de la commune et certains volets administratifs pour redémarrer sur des bases solides en essayant de procéder par la prise en charge des problèmes urgents. Lors de notre installation, il n’y avait même pas de chaises, les fonctionnaires se bousculaient dès la première heure pour en trouver ! Il y a lieu aussi, de signaler que notre commune vit des subventions de l’Etat qui ne sont pas conséquentes et souvent très longues à venir. La fructification du patrimoine communal et la création de certains nouveaux pôles ont apporté un plus à la commune mais celà demeure insuffisant, la solution salvatrice demeure dans les investissements qui font réellement défaut chez nous en raison de la situation géographique enclavée de notre commune.

Durant notre tournée nous avons remarqué un chantier à l’abandon au chef-lieu de Ouacif, à savoir les logements LSP. Comment avez-vous pu laisser un programme aussi important en souffrance après parait-il un accident mortel ?

A notre investiture en décembre 2005, ce projet était déjà inscrit sans aucune étude technico-économique avec une liste de bénéficiaires taillée sur mesure, l’entreprise déjà retenue était inversement proportionnelle à la grandeur du chantier engendrant ainsi un énorme retard.

J’ai attiré l’attention des responsables concernés à tous les niveaux par des rapports accablants mais en vain. La mort du jeune Hoceini (que son âme repose en paix) est la preuve irréfutable du laxisme avéré du maître de l’ouvrage et de l’entreprise. A notre réélection, nous avons relancé ce problème du LSP qui représente pour les acquéreurs une lueur d’espoir à leur cauchemar quotidien et un boom économique pour notre région. Après la résiliation avec l’entreprise, une réunion de travail a été tenue à la daïra de Ouacif en présence du nouveau directeur de l’OPGI qui a recommandé qu’on lui propose des entreprises compétentes pouvant relever le défi, chose qui a été faite sur le champ, il faut dire que la prise en charge d’un des plus importants sites a été une œuvre de relation personnelle.

Il est malheureux d’apprendre qu’il y a eu des tentatives pour faire capoter cela et dissuader l’entreprise connue de tous. Trois autres entreprises ont été retenues avec des propositions concrètes qui n’attendent que l’ODS de l’OPGI. A cet effet, le directeur doit mettre les bouchées doubles pour rattraper l’énorme retard et engager au plus vite ces entreprises, la balle se trouve encore dans son camp, surtout que les locaux commerciaux dégagés sont très convoités et peuvent largement couvrir une bonne partie de ce vaste programme. Aussi, il y a lieu de signaler que l’OPGI est redevable de 11 millions (environ) de dinars envers la commune, objet de la transaction du terrain d’assiette, un montant assez conséquent pour une commune qui se trouve dans un besoin pressant pour la prise en charge de ses projets. Nos différents rapports à ce sujet demeurent lettre morte.

En plus du LSP, quelle est votre situation concernant le dossier de l’habitat rural ?

Le citoyen bute toujours sur des problèmes administratifs et ce malgré les diverses orientations des responsables. Du problème de l’alignement en passant par les contraintes de moyenne ou basse tension sans oublier le relief accidenté de nos terrains et les divers blocages des derniers maillons qui s’érigent en censeurs et bien sûr la rareté de terrains réellement constructibles, s’ils ne sont pas dans l’indivision fait que notre programme avance à pas de tortue. Pour preuve sur un quota total de 330, 101 sont achevés : 96 en instance de la première tranche et ce pour les différentes raisons déjà citées : le reste est en cours d’exécution, 25 attendent leurs décisions avec la nouvelle formule des 700 000, 00 DA.

On a comme l’impression que le chef-lieu étouffe. A quoi cela est-il dû ?

Durant le mandat passé, nous avons travaillé sans la force publique, nous avons fait des sorties sur le terrain et nous avons fait le policier. Nous avons établi tous les actes administratifs à l’effet de désenclaver le chef-lieu mais en vain. Aussi dans le cadre des PCD, nous avons réalisé une aire de stationnement qui n’est pas encore opérationnelle en raison du problème de voierie pris en charge par la DUC et qui tarde à venir. Chacun doit assumer ses responsabilités.

Durant cet été, les habitants de Ouacif se sont beaucoup plaints du manque d’eau, alors que votre région dispose de ressources hydriques importantes. Qu’en est-il exactement ?

Après deux années de gestion, je commence déjà à douter du potentiel hydrique de ma commune. Le forage situé à côté de notre parc tarit durant le mois de juin et cause un énorme déficit. Les problèmes exposés par l’ADE ont toujours été pris en charge, et un montant avoisinant les 17 millions de dinars a été injecté à l’effet de satisfaire les besoins en eau de la population mais ceci en vain. Le bricolage ne doit plus primer sur les études. On a souvent tendance à nous oublier, la commune de Ouacif doit bénéficier des deux grands barrages (Taksebt ou Koudiert Tasserdount).

Cependant, des études sont inscrites dans le Plan quinquennal de ma commune et en redoublant d’efforts, le problème d’eau ne se posera plus.

Quelle analyse faites-vous de l’état des routes ?

Nous avons réussi à revêtir les chemins communaux en BB et ce pour la première fois dans l’histoire. Le chemin de wilaya numéro 11 a été lui aussi revêtu ceci sans oublier le dallage des ruelles. Deux pistes sont en voie d’être achevées par des aménagement et revêtements.

La décharge intercommunale est actuellement fermée, avez-vous prévu un autre site ?

Tel est pris qui croyait prendre ! Les différents travaux du CET ne s’arrêteront jamais et ce malgré l’étude du projet, entretemps le site retenu provisoirement comme décharge constitue une menace pour nos forage qui n’en sont pas éloignés. Selon les dernières informations en ma possession, le projet a fait l’objet d’une réévaluation pour accueillir le bloc administratif, le pont-bascule ainsi que la clôture, mais les exigences de la Direction de l’environnement risquent de nous paralyser davantage et le CET n’est pas pour demain.

Le problème d’assainissement constitue un véritable casse-tête pour les élus. Où en êtes-vous avec ce problème ?

Il faut dire que nous avons réglé pas mal de problème liés à l’assainissement et vous avez raison de dire que c’est un véritable casse-tête chinois car ça ne finit jamais. Nous avons une équipe d’intervention avec un grand plan de charge appuyé parfois par les services de l’ONA. La santé n’a pas de prix mais elle a un coût ! Un secteur à ne pas négliger et beaucoup de projets y sont inscrits avec des enveloppes financières conséquentes.

Peut-on connaître le montant des subventions alloué par l’Etat pour les PCD ? Cela est-il suffisant ?

Les besoins des citoyens sont incompressibles, les subventions allouées dans le cadre des PCD (Projets communaux de développement) s’avèrent très insuffisantes pour répondre aux urgences recensées. Cette année nous avons bénéficié d’une cagnotte de près de 39 millions de dinars et nous avons établi le Plan quinquennal faisant ressortir environ 400 millions de dinars, ce qui est vraiment difficile à réaliser vu les restrictions budgétaires imposées.

Qu’en est-il des PSD (Projets sectoriels de développement) ?

Je n’ai jamais compris comment s’effectue la répartition et l’inscription des projets dans le sectoriel. Il faut savoir que les grands projets ne peuvent se réaliser que dans ce cadre.

Des études sont finalisées et périssent dans les tiroirs de différentes administrations malgré leur importance. Le protection des berges, la station d’épuration, l’inspection d’un hôpital et d’un lycée, le gaz de ville de nouveaux forages, pont,… constituent de visu des urgences à concrétiser.

La jeunesse de Ouacif est-elle prise en charge par la commune ?

Parler de la prise en charge totale de la jeunesse relève purement de l’utopie. Le problème du chômage et du logement dépasse de très loin les prérogatives du maire. Nos différents projets créent un emploi temporaire et les recrutements sont liés aux visas de la wilaya et de la Fonction publique. Nous avons réussi à ouvrir une agence locale de l’emploi et je souhaite qu’elle apporte un plus aux demandeurs d’emplois.

La commune de Ouacif dispose déjà d’une grande salle OMS de trois terrains combinés quatre terrains de foot dont un homologué et nous avons inscrit les villages restants et disposant d’un terrain d’assiette pour les doter. Les sportifs, soucieux de l’avenir de leur région, doivent impérativement se manifester.

Deux foyers de jeunes à Aït Abbas et Zaknoun sont inscrits, le premier est en voie d’achèvement et le second a fait l’objet d’une demande de réévaluation. Nous avons proposé à la Direction de la culture l’inscription d’un grand centre culturel au chef-lieu dont l’étude est déjà prête avec une auberge de jeunes au village de Tiguemounine.

Porpos recueillis par M. B.

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