C’est en présence d’un parterre constitué de représentants de médias nationaux et internationaux qu’Ali Benflis, ex-chef de gouvernement, a officialisé sa candidature à la magistrature suprême, dans une conférence tenue, hier, à l’hôtel Hilton.
L’homme semblait enthousiaste et prêt à refaire l’expérience, ayant déjà été candidat, après presque dix ans de traversée du désert, qui lui auraient permis, selon ses collaborateurs, de « mieux cerner les contours des inhibitions qui freinent le sursaut du pays ». C’est à 10h que Ali Benflis fit son entrée dans la grande salle, sous les applaudissements nourris des invités, constitués de personnalités du monde de la culture et des arts et des cadres du FLN qui lui sont restés fidèles. Dans un discours, lu à l’adresse des invités et des médias, Ali Benflis a fait le tour des questions sensibles, telles la justice, l’éducation, la jeunesse, la relance économique et la politique extérieure, tout en faisant connaître sa vision des choses et les solutions qu’il préconise pour faire de l’Algérie une grande nation qui aura son mot à dire aussi bien dans la sphère maghrébine, qu’africaine et méditerranéenne. « Avec honneur, détermination, confiance et beaucoup d’humilité j’ai pris la décision de me porter candidat à la présidence de la République », a déclaré Ali Benflis, d’un ton solennel pour exprimer, officiellement, sa détermination à briguer la magistrature suprême.
«La justice doit être la base de l’organisation de l’Etat »
En homme de loi, très au fait de la législation, le candidat Ali Benflis a réitéré son attachement à la légalité en déclarant : « J’ai mené ma vie durant, un combat porté par la conviction que seul l’Etat de droit est en mesure de garantir la paix, l’égalité des chances et l’égalité des droits et devoirs entre tous les Algériens ». La justice et le respect des droits et devoirs des uns et des autres est la seule manière, dira l’orateur, de redonner confiance au peuple et un essor certain pour le pays. L’ex-chef du gouvernement semble donc avoir fait de cette question une devise : « La justice doit être la base de l’organisation de l’Etat », a-t-il martelé. Il prévoit d’ailleurs de lancer une réforme de la justice qui permettra notamment « aux juges de bénéficier de plus d’indépendance ».
«Je suis sensible aux attentes et aux aspirations des jeunes »
La jeunesse, voilà un autre sujet dont le candidat Benflis semble avoir fait son autre cheval de bataille. A l’adresse des jeunes, il déclarera être « sensible à leurs préoccupations » tout en assurant qu’il est porteur d’une vision pragmatique, avec des mesures concrètes et des solutions prometteuses pour les problèmes les plus urgents, mais également d’une série de propositions pour l’avenir », affirmant accorder une place prépondérante à la jeunesse, diplômée ou non. Toujours dans l’optique, du reste légitime, de ratisser large, Ali Benflis a indiqué vouloir en finir définitivement avec la corruption : « Ceci constituerait une priorité si je venais à être élu », a-t-il fait savoir, avant de préciser : « La corruption est un mal qu’il faudra endiguer en priorité ». Il affirmera même qu’elle a atteint des proportions inouïes à tous les niveaux de la société algérienne, faisant la promesse solennelle de « rendre compte de chaque dinar dépensé ». Pour ce qui est du volet de la relance économique, auquel l’ex-chef du gouvernement semble accorder une importance capitale, il a fait savoir aux journalistes locaux et étrangers que « l’Algérie dispose également de ressources humaines en la matière ». Il s’engagera à offrir un cadre favorable aux entrepreneurs pour qu’ils développent d’autres secteurs d’activité et pour que l’Algérie mette un terme à sa dépendance aux hydrocarbures. « L’Algérie doit démultiplier le nombre d’entreprises pour créer des emplois », a-t-il soutenu. C’est donc un homme déterminé qui s’est présenté hier, pour faire sa déclaration officielle de candidature. Avec cette rencontre avec la presse nationale et étrangère accréditée en Algérie, Ali Benflis qui, rappelons-le, a obtenu un peu plus de 6% des suffrages lors de l’élection de 2004 contre l’actuel chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, est entré de plain pied, dans la course à la magistrature suprême.
Ferhat Zafane