Les villageois d’Agouni Gueghrane, dans la daïra de Ouadhias, au sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, endurent un quotidien des plus durs.
Le développement tarde tellement à y arriver, à cause notamment de l’isolement de la région, que beaucoup d’habitants ont pensé à partir s’installer ailleurs. Le chômage a pris des proportions alarmantes. « Ici, la vie est très difficile, notamment en hiver. Nous souffrons atrocement de l’absence des moindres commodités. Nous n’avons pas de gaz de ville et nous sommes coupés du monde à la moindre chute de neige », nous dira Sofiane, un jeune de Tafsa. Il ajoutera : « notre village Aït Argane, par exemple, culmine à 1 200 m d’altitude. Il est à 16 kms du chef-lieu de la daïra de Ouadhias. Durant la saison hivernale, nous vivons dans un total isolement. Le réseau routier est coupé durant des semaines entières. Nos foyers n’ont pas de gaz de ville et les bonbonnes de gaz butane sont introuvables. Quand on en trouve, leur prix est indécent. Quant à l’électricité nous en sommes privés, souvent, pendant de longs jours ». Un autre habitant dudit village nous précisera : « L’approvisionnement en bonbonnes de gaz est très irrégulier, surtout pendant les grands épisodes de grand froid. Nous en sommes encore à utiliser du bois. C’est vraiment difficile ! ». Il profitera de l’occasion pour lancer un profond cri de détresse à l’adresse de responsables : « L’isolement et l’éloignement du chef-lieu de daïra et de la commune accentue le problème. Nous demandons un minimum d’infrastructures : une maternité et une polyclinique par exemple. L’évacuation de nos malades, notamment les parturientes en détresse, est un véritable calvaire. La seule polyclinique existante se trouve au chef-lieu de daïra, à plus de 16 kilomètres. Pour aller à Boghni ou au CHU de Tizi-Ouzou, il nous faut au bas mot deux heures de temps ».
Le blocage perdure à l’APC
En plus du sous-développement et de la dégradation de leur cadre de vie, les citoyens de la localité sont exaspérés par le blocage qui sévit, depuis plusieurs mandats déjà au niveau de l’APC. « Ce blocage est l’une des principales causes de notre sous-développement et de sa persistance ! », nous dira un notable de la localité. En effet, 12 mois après les élections municipales, il n’y a que le maire qui est installé. La situation est complètement bloquée. Ni les commissions et les vice-présidences ne sont opérationnelles. Plusieurs tentatives ont eu lieu dans l’optique de débloquer la situation, mais en vain. « Les maintes tentatives du maire, des notables de la région et de plusieurs responsables ont toutes avorté au grand dam des habitants », tonnera un autre citoyen, au comble de l’exaspération. Pour rappel, l’opposition majoritaire, composée des élus du RCD et des indépendants, avec 4 sièges, a été constituée le lendemain même de l’installation du maire d’obédience RND. Elle refuse catégoriquement de travailler avec lui. « La commune a vécu ce même scénario, durant le précédent mandat. Jusqu’à quand cela va-t-il durer ? », ajoutera notre interlocuteur. Il poursuivra : « tous les projets dont notre commune avait bénéficié dans le cadre de différents plans, sont dans un état d’agonie. Et pour les relancer, il faudrait que les élus se mettent d’accord ». Le moins que l’on puisse dire est que la population est à bout de nerfs. « Il est vraiment temps que les choses soient réglées dans notre localité. Des projets inscrits dans l’exercice de 2007 ne sont toujours pas entamés. Le retard est immense et ne cesse de grossir. Nous espérons encore que de bonnes volontés se manifestent et prennent le dessus sur le marasme qui nous étouffe. C’est plus qu’une urgence. C’est une question de vie ou de mort pour notre commune », diront à l’unisson, plusieurs citoyens.
A .G