Ce n’est pas à la rue de dicter ses lois

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L’apport des opérateurs économiques privés pour l’économie locale, en termes de création d’emplois et de richesses, est incontestable. Les pouvoirs publics locaux ont bien compris cet enjeu et ne ratent, d’ailleurs, aucune occasion pour dérouler le tapis rouge devant les potentiels investisseurs. Beaucoup se sont, en effet, installés, ces dernières années, à Bouira, à la faveur de l’amélioration du climat de l’investissement, mais aussi du développement de l’infrastructure de base. Il faut dire que, pendant des années, des dossiers d’opérateurs économiques étaient entassés dans les tiroirs des différentes administrations de la wilaya, pris en otage dans les entrailles d’une machine bureaucratique des plus archaïques. Les premiers dossiers dépoussiérés en 2008 n’ont pas tardé à donner leurs fruits, tant leur impact sur l’économie locale est des plus spectaculaires. Recettes fiscales, création d’emplois, attractivité… sont autant de retombées qui sont, désormais, visibles sur le terrain. Cette nouvelle dynamique économique locale ne demandait qu’à être davantage consolidée et encouragée. Si certaines de ces expériences sont devenues, désormais, des « succès story », il n’en demeure pas moins que beaucoup d’autres peinent à trouver leur essor, car faisant face à d’énormes difficultés. Le cas de la station thermale de Hammam K’sana, dans le sud de la wilaya de Bouira, est édifiant. Cet investissement touristique privé rencontre toutes les difficultés du monde à se développer. Ceci, malgré la bonne volonté affichée par les opérateurs, qui nourrissent une ambition folle de faire de ce lieu un pôle d’attractivité touristique. En effet, et depuis son ouverture, ce complexe qui emploie des dizaines de jeunes issus de la localité fait face à plusieurs tentatives de déstabilisation. Périodiquement, des énergumènes débarquent et ferment carrément l’établissement, sans qu’une autorité ne daigne mettre un terme à ces agissements. Le manque à gagner engendré à chaque fois est considérable, cela sans parler des répercussions en termes d’image de l’établissement qui voit arriver, chaque jour, des centaines de clients, notamment des familles venues des quatre coins du pays. A vrai dire, à Hammam K’sana, le moindre incident est prétexte à une manipulation des masses. Tout ça se fait aux yeux et au su des autorités locales, lesquelles, au lieu d’appliquer la loi et mettre un terme au pourrissement, laissent faire. Les autorités locales sont les seules à faire la loi et à même d’entreprendre des actions de développement pour endiguer, un tant soit peu, le chômage et la misère sociale. Car, un établissement de ce genre ne peut, à lui seul, recruter tous les chômeurs de la région, quoi que des postes de travail soient  proposés à ces derniers quand les moyens le permettent et la demande se fait sentir. A Hamam K’sana, on veut à tout prix être recruté et il n’est pas question d’aller embaucher ailleurs. Est-ce logique ? Ce genre « d’exigences » n’est pas nouveau dans la région, puisque il a été souvent mis en avant par la population locale. Les gérants des unités d’agrégats et autres carrières implantées dans la région ont, par le passé été confrontés aux mêmes revendications, pour le moins sectaires. Certes, la priorité est, implicitement, accordée aux locaux, mais rien dans la réglementation n’empêche ou n’interdit à un gérant ou à un investisseur de faire appel à des employés hors région. D’autant que la qualification (c’est le cas de la station thermale) reste l’aspect le plus déterminant. Dans une telle ambiance, il devient de plus en difficile de travailler dans la sérénité et de développer quoi que ce soit. Et les pouvoirs publics ont tout intérêt à préserver ces investissements porteurs, en y mettantun peu d’ordre et en empêchant la rue de dicter ses lois. Car il y va de l’avenir économique de la wilaya.                

 D. M. 

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