L’activité artisanale est promise à un avenir des plus incertains dans la région de Sidi Aïch. En effet, ils ne sont plus qu’une poignée à s’échiner encore contre vent et marées, à perpétuer un métier, un art et un savoir-faire hérités des lointains ancêtres. « Les générations montantes sont totalement indifférentes aux métiers de l’artisanat en général. Elles préfèrent les nouvelles technologies, considérées comme plus valorisantes », relèvera un forgeron de Sidi Aïch. Et d’enchaîner : « L’Etat doit réhabiliter ces petits métiers en voie de disparition, par des mesures incitatives en direction des jeunes ». Dans la famille de ce sexagénaire, qui a blanchi sous le harnais de la forge, on est artisan de père en fils. « Mon défunt géniteur m’a mis le pied à l’étrier alors que j’avais à peine une dizaine d’années. Ce métier, moi, j’ai grandi avec », nous expliquera notre interlocuteur. « Ce métier, je l’ai dans le sang et je ne consentirai, pour rien au monde, à le troquer contre une quelconque activité fut-elle des plus rentables », déclarera Ami Saïd, un autre forgeron de la ville, en déplorant le rétrécissement du marché qui a accompagné la disparition progressive de la paire de bœuf du monde rural et aussi le problème du charbon vendu à des prix excessifs, sujet à des ruptures épisodiques. En fait de combustible, notre forgeron utilise non pas du charbon mais du coke métallurgique. Interrogé sur la rentabilité de ce métier traditionnel par ces temps d’inflation galopante, notre interlocuteur nous répondra avec la foi du charbonnier qu’« il fait vivre son homme, même s’il y a des hauts et des bas ».
N. Maouche