La peur s’empare des citoyens

Partager

Au lendemain du hold-up opéré en plein jour à la poste de souk El Hed, chef-lieu de la commune de Timizart,  dans la daïra d’Ouaguenoun, les citoyens n’en reviennent toujours pas. Comment cela est-il possible ? C’est l’interrogation qui taraude tous les esprits. De mémoire de citoyen, jamais pareille chose ne s’était vue, en dehors des scénarios les plus fictifs. L’audace et le culot des malfaiteurs ont laissé les gens pantois.   Mais très vite, et à la stupeur des premiers moments, est venu se greffer le sentiment d’impuissance et d’insécurité des citoyens, face à une violence galopante qui n’épargne plus aucune région de la Kabylie. Pourtant, et pendant de longues années, nos villages et communes ont vécu, malgré  l’absence de brigades de gendarmeries et de suretés nationales plus souvent implantées en ville, dans une paix que tout le reste du pays enviait à la région. La paix régnait dans nos hameaux et les faits divers, encore moins les affaires de grand banditisme, étaient choses rares. Mais cette paix n’était pas le fruit du hasard. C’était le résultat d’une organisation ancestrale qui encadrait les rapports entre les citoyens et entre les différents villages. Un système qui reposait essentiellement sur la ‘’Djemâa’’, constituée de représentants des différentes fractions du village (adrum).  Grâce à  cette organisation, nos villages ont pu préserver l’harmonie et la cohésion dans leur quotidien, alors qu’ailleurs, les violences et les perversités secouaient les villes et les villages. Mais au fil du temps, cette organisation s’est fissurée laissant place à un vide que les nouvelles structures n’arrivent pas à combler. Et même si bon nombre des villages kabyles sont dotés de comités de villages régis par la loi sur les associations, leur autorité tant morale qu’organisationnelle est souvent battue en brèche par des oppositions et un manque évident de légitimité. Le braquage de l’agence postale de Souk El Hed  est la preuve évidente que ces comités de villages qui ont remplacé la Djemâa ne peuvent préserver nos villages et villes du fléau de la violence et du banditisme. Les multiples kidnappings et autres assassinats perpétrés un peu partout en Kabylie en sont d’autres.  Pour les habitants de Souk EL Hed,  le volet sécuritaire au niveau de la commune doit être revu. Les gens ne comprennent par exemple pas pourquoi la commune de Timizart,  qui est rattachée administrativement à la daïra d’Ouagunoun,  dépend de la ville  Fréha pour ce qui est des services de la gendarmerie nationale et de Tikoubaïne en ce qui concerne la sûreté urbaine. Une incohérence que beaucoup de citoyens ont tenu à relever.  D’autres s’étonnent de l’absence des services de sûreté urbaine, malgré la récente construction d’un siège au niveau du chef-lieu de la commune pour abriter ce service. Pour tout le monde, il est plus qu’urgent de remédier à cette situation. Bien avant le casse de samedi dernier, les habitants de la commune de Timizart gardent en mémoire les innombrables crimes commis ces cinq dernières années  dans leur région. Ceux-ci vont du vol de voitures au meurtre. La peur est d’autant plus palpable au niveau des villages éloignés du chef-lieu, comme Mira, Iadjmad et Ibazizen qui sont tous situés le long de la route nationale  numéro 71  bordée par la forêt dense d’Aberrane. Le récent hold-up commis à l’agence postale de Souk EL Hed en plein jour, en  plus d’être traumatisant, souligne on ne peut  mieux la vulnérabilité de la région face aux malfrats de tous bords.            

 Aït Slimane Amazigh 

Partager