à l’occasion de la journée mondiale de la femme et à l’invitation de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), Mme Salhi Soumia, militante féministe et syndicaliste, a donné, hier, au centre de défense des droits de l’homme (CDDH) de Béjaïa, sis à Tazeboujt, une conférence sur le thème « les Algériennes entre droits et discriminations ».
Au cours de son intervention, Mme Salhi, qui est présidente de la commission nationale des femmes travailleuses à l’UGTA et qui a eu à initier, notamment, la campagne de sensibilisation contre le harcèlement sexuel qui a abouti à sa criminalisation dans le code pénal, a souligné qu’en Algérie, en matière d’égalité des sexes, même si de bonnes avancées ont été enregistrées, en ce qui concerne notamment la scolarisation des filles, la présence des femmes dans les instances élues, dans l’éducation ou dans la santé « il reste toutefois un vide juridique et des lacunes à combler en ce qui concerne la violence dans le milieu familial qui est banalisé par la société ». Elle ajoute que la présence des femmes sur le marché du travail provoque, de nos jours, encore des résistances et qu’il n’est pas rare que ces résistances se manifestent par des actes de harcèlement sexuel ou moral, qui un mécanisme d’exclusion sociale et un obstacle à la citoyenneté. Par le harcèlement sexuel, insiste-t-elle, « on signifie à la femme, qui a accédé à la dignité de travailleuse, son statut d’objet et que sa place est à la maison et non au travail ». Pour asseoir sa pleine citoyenneté ajoute l’intervenante, « la femme doit œuvrer à son indépendance économique et appuyer cette indépendance par la socialisation des tâches ménagères, les garderies d’enfants, les cantines et le transport. Il faut aussi continuer à agir pour le changement des mentalités et des pratiques sociales ». La communicante indique également qu’elle conduit, depuis deux ans, un projet dénommé « Stop à la violence et droit des femmes maintenant». C’est un plaidoyer pour une proposition de loi qui sanctionnera toute forme de violences à l’égard des femmes. Pour appuyer sa démarche auprès des autorités concernées, elle donne les statistiques suivantes recueillies auprès de la DGSN pour les 9 premiers mois de l’année 2013 : Plus de 7000 cas de violence contre les femmes, avec 200 viols et 27 homicides. Pour l’année 2012, les chiffres de la gendarmerie nationale indiquent 261 décès, près de 300 viols et combien d’autres violences tues ou cachées. « Ces violences sont inacceptables et l’impunité est intolérable », martèle-t-elle
B. Mouhoub

