Une pensée pour Nna Cherifa et honneur à la femme rurale

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C’est sous le slogan « La femme Kabyle, conscience et résistance » que se sont ouvertes les festivités de la célébration de la journée mondiale de la femme, au niveau de l’école primaire Mokrane Mohand Arezki, sise au village historique Tala Lbir, dans la commune de Boudjellil .

Cet événement a eu lieu durant toute la journée de samedi dernier, à l’initiative de l’association locale Ifri Lbir, ayant un caractère socioculturel, épaulée par deux associations nationales, en l’occurrence l’association Timoughliwin et l’Association pour la promotion rurale, ainsi que l’association sportive  Football Club Ath Abbas. L’inauguration a été précédée d’une émouvante minute de silence, observée à la mémoire de Nna Cherifa, la diva de la chanson kabyle, enterrée le même jour à Ilmayene. Pendant la cérémonie on fit un bref rappel de son itinéraire artistique. En effet, selon les membres de l’association ASIL de Tala Lbir, l’objectif de cette célébration est de sensibiliser la femme rurale sur tous les plans. Pour eux, quoi que tardives, les festivités s’inscrivent dans une logique d’orientation de la gent féminine locale, en fonction des différents métiers qu’elle détient. Invitée par l’association Ifri Lbir, une représentante de l’ANGEM de la wilaya de Béjaia s’est déplacée sur les lieux de la célébration. Au milieu de pas moins de 300 femmes venues de toutes parts, la représentante de l’ANGEM s’est étalée sur les procédures à entreprendre afin de bénéficier d’un crédit éventuel, selon les différentes formations suivies. Le grand intérêt des femmes présentes nous démontre, ô combien, l’importance de ce genre d’occasions, nous permettant d’être tout près de ces femmes, vivant dans des bourgades reculées et souvent enclavées. « Faute d’un programme approprié devant être entrepris en urgence par les pouvoirs publics, nous tentons en qualité de mouvement associatif d’apporter un plus à la société notamment dans ses tranches les plus démunies. Nous souhaitons que cela s’inscrive dans un plan de développement, avec l’aide des autorités locales, dans le cadre d’un conseil consultatif que nous continuons de revendiquer », nous explique M. Saadi, Président de l’association socioculturelle Ifri Lbir.  C’est effectivement dans ce sens que convergent également les communications de M. Haddad et de M. Benhammouche, représentants de la chambre de l’artisanat de la wilaya de Béjaïa. Comment obtenir une carte d’artisane ? Telle est la question de toutes ces femmes, œuvrant en privé dans leur propre foyer, ou dans des ateliers de la localité. Les représentants de la chambre ont apporté des explications sur le nécessaire encadrement de ces femmes, dont la plupart exposaient au sein de l’école. On a vu différentes expositions, celles de boules magiques, de macramé de robes kabyles, de robes traditionnelles, de tapies, de gâteaux… Ces femmes sont arrivées d’Akbou, comme Mme Aoudia, Mme Benmoussa, Mme Idiri&hellip,; du CSP de Tazmalt, encadrées par Melle Achiou et Mme Sahraoui, enseignantes au centre, présidente de l’association Tighri Tmettut de Boudjellil pour la première et Tala Lbir pour la seconde. D’autres sont venues respectivement de l’annexe du CFPA de Tazmalt, dirigée par Mme Amari, et de l’association nationale pour la promotion rurale ; Mme Saidani Karima a participé elle, avec des friandises et des pâtisseries. Dans le cadre de la promotion de la femme rurale, la subdivision des forêts de Tazmalt était présente avec tout un programme destiné à celle-ci. Au-delà de la femme qui possède une formation et celle ayant une instruction, la villageoise, paysanne de son état, a aussi sa place. « Des aides dans le domaine agricole représentent une alternative en faveur du désenclavement et de l’épanouissement de ces femmes rurales », insiste le représentant des forêts de la Daïra de Tazmalt. La direction de la jeunesse et des sports était également présente, par le biais de M. Aàrab, Inspecteur auprès des associations, de même le CFPA de Tazmalt à travers sa directrice et M. Achiou Ahmed, son directeur technique. Mme Rezzoug Fatiha, présidente de l’association Assirem pour la promotion de la femme était également présente, de même M. Menasria de l’association Azetta de Metchik, et Monsieur et Madame Yassad de l’association Activités de jeunes de Tazmalt, de M. Belmiloud de l’association Azetta d’Aftis et de Mme Yahia de la cellule de proximité de solidarité sociale de Boudjellil. En fait, chacun avait, de sa part, sensibilisé et aidé les femmes présentes en nombre.  En guise d’animation, un jeu culturel destiné uniquement aux femmes, a été présenté par M. Badji Malek, écrivain de langue Tamazight et membre d’une association. Dans une salle archicomble où les concurrentes ont été réparties en sept groupes de trois personnes chacun, les questions ont porté sur la femme militante et innovante de par le monde. Le groupe vainqueur fut celui de l’association Assirem. Sous des youyous assourdissants, trois prix ont été remis à Mme Rezzoug, présidente de ladite association.  Par ailleurs, la troupe Ikhoulaf de Boudjellil a égayé toute l’assistance par trois pièces théâtrales et un numéro de clown destiné aux enfants, venus aussi nombreux. La poétesse Rachida Tamazight a déclamé du haut de la scène des vers de rêve et d’espoir pour la femme.  Au milieu des activités, un repas spécial a été servi aux invités de l’association, en l’honneur de la femme rurale. Deux tableaux d’honneur sont remis aux familles de deux femmes récemment décédées, pour les soutenir dans leur deuil. Il s’agit de Mme Saadi Louiza née Hammoudi et de Mme Aoudia Cherifa née Mehenni. Au concours de plats traditionnels, on a pu noter la participation de Melle Azri Ibtissam, jeune fille de Tazmalt, originaire de Tunisie. Elle a participé avec un couscous tunisien et a emporté le prix du meilleur plat. En marge de la célébration de la journée mondiale de la femme, un hommage a également été rendu aux handicapés. Un tableau est remis à un jeune infirme de la localité de Tala Lbir. De la joie et de la satisfaction se lisaient sur les figures de toutes les participantes. La clôture de la célébration a été faite sous l’air d’une chanson de Nna Cherifa, une chanson d’antan qui avait apporté une vive émotion. « Il est a souligner que l’égalité entre l’homme et la femme devrait pouvoir se concrétiser, ici en Kabylie. Il suffit juste de dépasser certains carcans relatifs à la tradition », pense une jeune mère de famille du village.

M.S

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