Bachir Djaider est journaliste et écrivain. Il vous accueille toujours avec ce sourire chaleureux que seuls les enfants d’Ath Waghlis savent délivrer. Titulaire d’un master en économie, il a une grande culture. Il a opté pour la littérature en commençant par la poésie. Il est né en 1976 au village Boumellal où il réside toujours ; il est fier de son village où chaque coin et recoin porte une histoire. Nous l’avons sollicité pour un entretien, il nous l’a accordé sans la moindre hésitation.
La dépêche de Kabylie : Comment êtes-vous venu à l’écriture ?
Bachir Djaider : Quand j’étais jeune, je m’intéressais à la lecture en lisant tout ce qui avait trait à la littérature kabyle. Mais j’ai lu aussi les œuvres d’Amine Malouf et Boris Vian, pour ne citer que ces deux. J’ai lu encore beaucoup d’ouvrages, d’un grand nombre d’auteurs. La lecture a fait naître en moi une certaine flamme pour l’écriture. Ma passion pour l’écriture a été favorisée ensuite par le journalisme que j’exerce depuis 2008, au journal El-watan. Une profession qui a aiguisé encore plus ma plume. A vrai dire, je me suis lancé pleinement dans l’écriture après avoir reçu des encouragements de mes amis qui m’ont conseillé d’écrire des œuvres romanesques.
Pourquoi avez-vous opté pour la langue française en place du Tamazight ?
On ne peut écrire que dans la langue qu’on maîtrise le mieux, ce n’est pas par gaieté de cœur que j’ai choisi la langue de Molière. Je n’avais pas eu la chance d’étudier dans la langue maternelle. Mais tout mon plaisir serait de voir mes œuvres traduites en Tamazight.
Pourquoi avez-vous opté pour la poésie ?
Parce que, dès mon jeune âge, j’ai commencé par composer des poèmes. La poésie s’est incrustée petit à petit dans mes veines. Mais c’est en 2009 que j’ai commencé le gribouillage, en les écrivant sur des feuilles de papier que j’ai gardées. Mais il a fallu quelques années pour rassembler ce qu’il faut pour en faire un livre. Donc, en 2012, j’ai pensé sérieusement à les éditer. Finalement, c’est en 2013 que mon premier recueil de poésie, ayant comme titre « l’écume des rêves », a vu le jour. Publié à compte d’auteur chez les éditions Tafath.
Est-il facile d’éditer un livre à compte d’auteur ?
Je dirais que c’est l’option la plus difficile pour un auteur. Car il est voué à commercialiser lui-même son œuvre, même s’il n’a aucune notion de marketing et encore moins de temps pour le faire. La faute revient aux éditeurs qui ne prennent pas en charge la distribution. Comment penser couvrir un maximum de régions alors que je n’arrive même pas à couvrir la wilaya de Béjaia ? On ne peut incomber la faute aux seuls éditeurs ; il est peut être temps de dire que la littérature est loin d’avoir la place qui lui revient ; peu d’importance est accordée à la création intellectuelle. Les auteurs font quand même ce qu’ils peuvent en continuant à écrire malgré les embûches qui se dressent sur leur chemin.
Avez-vous d’autres projets dans le domaine ?
« L’envers du décor » est le titre d’un recueil de chroniques que j’ai préparé de longue date. Le destin veut qu’il ne verra le jour que prochainement. A travers ce livre, je dénonce certaines pratiques en politique. Je prépare aussi un essai sur la vie et le parcours de Jean Amrouche. Ce grand homme qui a voué sa vie à la culture Algérienne, kabyle en particulier et qui a aussi milité pour l’indépendance de l’Algérie, en étant l’un de ceux qui avaient menés les accords d’Evian.
Le mot de la fin ?
Je souhaite que la culture ait une place de choix dans notre pays afin que les auteurs aient plus d’égard.
Entretien réalisé par L.Beddar