L’attaque terroriste a eu lieu précisément dans l’agglomération de Benyounès devant un camp de sinistrés, implanté en bordure de la RN 24. En quelques minutes, cet endroit est devenu des plus dangereux. En se dirigeant à cet instant précis, vers une baraque faisant office de point de vente pour les sinistrés du coin, un policier en civil sera surpris par un individu armé qui a tiré sur lui à bout portant, l’atteignant mortellement de trois coups à la tête et au cou. En tenue civile, lui aussi, un autre agent de l’ordre riposta vaillamment et blessa le terroriste aux membres inférieurs et aux poignets. Mais deux autres sanguinaires qui faisaient sans doute le guet, quelques mètres plus loin, mitrailleront le second policier. Neuf rafales meurtrières ne lui laisseront aucune chance de survie. De passage à cet instant précis, le chauffeur d’un fourgon aménagé sera, a-t-on ajouté, légèrement blessé au cours de la fusillade. Les assaillants dont le nombre n’a pu être déterminé se sont emparé, a-t-on encore indiqué, des armes à feu des deux victimes et du kalachnikov de leur acolyte blessé avant de prendre la fuite. Les corps sans vie des deux policiers seront évacués peu après à bord d’une voiture d’un particulier vers une structure sanitaire de la wilaya. Agés de 32 et 42 ans, Azizi Rachid (marié et père de 5 enfants) et Hamza Djamel. Originaires, l’un de Bouira et l’autre de Douaouda (Tipaza), les deux policiers étaient affiliés à la sûreté urbaine de Zemmouri.Ce jeudi, les riverains étaient consternés suite à cet acte ignoble. Inquiétude, angoisse et suspicion se lisaient sur tous les visages. “Mais pourquoi donc la bête immonde n’a pas encore fini de sévir ?”, s’interrogent de nombreux citoyens en faisant référence explicite aux différents textes de loi favorisant la réinsertion des groupes islamistes armés dans la société.Perpétré au niveau de ce département qui s’apprête à recevoir certains hauts responsables des Etats de la Ligue arabe – dont le sommet est prévu ces jours-ci à Alger. Cet attentat s’apparente, selon d’autres observateurs à un coup d’éclat planifié par le GSPC ayant des connexions avec l’organisation terroriste transnationale d’El Quaîda. Sur le terrain, les forces combinées de sécurité font parler, elles, la poudre en traquant les islamistes qui veulent jouer les durs à cuire. Moins d’une heure après le drame de jeudi, des patrouilles de la BMPJ se sont mises sur les traces des sanguinaires. Utilisant des chiens dressés pour ce genre d’opération, les forces de sécurité ont notamment suivi le chemin emprunté par le terroriste blessé. Repéré aux pieds des monts d’Ouled Mahmoud, non loin de l’agglomération endeuillée, il sera aussitôt abattu. Au terme de cet engagement, une grenade et un pistolet automatique ont été récupérés, a-t-on précisé. Le sanguinaire éliminé, sera sur place identifié comme étant Djebir Sadek, âgé de 32 ans et originaire de Bourouba (cité la Montagne), relevant de la circonscription d’Hussein Dey. Le patronyme de ce terroriste renvoie à un douar jouxtant les maquis de Lalla Moussaâd à Lakhdaria où sévissent encore des serriates de katibet el farouk. Comme les phalanges d’El Ansar et d’El Arkem qui écument les zones de Boumerdès et Mizrana, cette horde islamiste a fourni, elle aussi, en 2001 selon des informations recoupées, plusieurs éléments pour la création de la serria El Horra (section libre). Supervisée directement à l’époque par le sinistre Hassan Hattab, celle-ci avait pour mission diabolique de planifier des attentats contre les représentants de l’Etat, particulièrement à Alger et à sa périphérie. Les multiples interventions des forces combinées de sécurité l’ont fortement ébranlée. A-t-elle pu renconstituer ses réseaux ? L’interrogation inquiète les services de sécurité qui redoublent de vigilance, démasquent à intervalles réguliers les relais de l’islamisme armé pour enrayer d’éventuels attentats.Juste après la tuerie du week-end, pas moins de 8 suspects ont été, en effet, arrêtés au douar de Benyounès. Une rafle similaire a été opérée, la semaine dernière, aux alentours de Benchoud, suite à des renseignements fournis par un repenti (voir nos éditions précédentes). Et à l’heure où nous mettons sous presse, de gros renforts de l’ANP quadrillent les monts d’Ouled Ali et Ouled Mahmoud situés entre Thénia et Zemmouri.
Salim Haddou