Un créneau à la recherche de repères

Partager

Le réseau de librairies se réduit comme peau de chagrin, dans la ville de Bouira. 

Certaines anciennes librairies se sont carrément « délestées » du livre pour se contenter du créneau de la papeterie et du mobilier de bureau, jugé sans doute, plus rentable. L’ancienne antenne de l’Entreprise nationale du livre (ENAL), acquise par des travailleurs et appelée aujourd’hui Librairie de la Place, est celle qui occupe la meilleure position géographique, au cœur de l’ancienne ville grouillante de monde. Cette librairie n’échappe pas à la tendance générale qui consiste à proposer aux clients surtout ce qui « marche » et qui fait partie de l’air du temps, à savoir les livres de cuisine, les ouvrage de religion et les manuels parascolaires. C’est ce que l’on retrouve un peu partout ailleurs, dans le reste des librairies de la ville. Les ouvrages de référence (encyclopédies et précis scientifiques) n’occupent que quelques menues étagères. La littérature se réduit à quelques rééditions d’ouvrages classiques de la maison Talantikit de Béjaïa. On y trouve Mouloud Feraoun, y compris dans la traduction en arabe, Gibran Khalil Gibran et autres auteurs de romans et nouvelles. Le rayon Histoire trouve un peu plus de place avec les derniers livres abordant la révolution, y compris la réédition des ouvrages de Ferhat Abbas, Benjamin Stora et René Galissot. 

À la Cité Ouest de la ville de Bouira, ce sont les œuvres littéraires d’Albert Camus qui retiennent l’attention, dans la réédition Folio-Gallimard. À la librairie du lotissement Kadouche, la nouveauté est l’intérêt porté au livre amazigh et à l’anthropologie culturelle en général. On y trouve aussi quelques titres des sciences de gestion et comptabilité mais qui sont loin de pouvoir toucher l’ensemble des modules dispensés à l’université. Les livres techniques (génie civil, mathématiques, géologie, sciences de la nature, médecine,…) sont le parent pauvre des librairies de la ville de Bouira. Pour avoir une idée plus nette à ce sujet, d’autant plus que Bouira est devenue une ville universitaire depuis quelques années déjà nous nous sommes rendus à l’antenne de l’Office des publications universitaires (OPU), qui occupe le même siège, à Drâa El Bordj, depuis plus de vingt ans. Les rayons sont bien garnis. Une grande partie des ouvrages proposés sont ceux édités par la maison OPU; ce sont généralement des cours et des exercices de modules dispensés à l’université. Mais, la gamme demeure très limitée. Hormis quelques titres des sciences de gestion, de médecine et de littérature arabe, le reste est composé d’ouvrages de culture générale à destination du grand public. En tout cas, à partir de la visite des librairies de la ville, rien ne fait sentir que Bouira est une ville universitaire. Le gérant de l’antenne OPU nous apprendra que l’activité principale de son unité est la commande que passent certaines institutions, principalement l’université pour sa bibliothèque. La vente au comptoir demeure secondaire. « Le livre n’étant plus subventionné on ne peut plus se permettre d’importer des livres qui reviendront au client à 4000 et 5000 dinars. C’est une opération risquée », explique-t-il. Comme il signalera que l’antenne OPU de Bouira a été fermée pendant sept ans, de 1997 à 2004. Dix ans après sa réouverture, la reprise se fait d’une marnière lente. Mais, avec l’extension extraordinaire que subit actuellement l’université Mohand Oulhadj, qui permettra l’introduction de plusieurs autres filières qui ne sont pas assurées jusqu’ici, l’espoir est permis de voir l’OPU bénéficier d’un intérêt plus accru. Actuellement, les libraires de Bouira, ceux qui ne font que dans l’activité du livre, sont unanimes: leur chiffre d’affaire est tiré par trois créneaux classés par ordre d’importance comme suit: le parascolaire, le livre religieux et la cuisine.                                                

N. M. Taous

Partager