En campagne pour le candidat Bouteflika en Europe, Amara Benyounès a eu un passage très remarqué cette semaine en France, où il a accordé plusieurs entretiens aux médias, en marge de son meeting animé à Paris, dimanche dernier. Ainsi, en plus de TV 5 Monde, Beur TV et France 24, Metronews, a eu aussi l’honneur d’avoir son interview avec le ministre du Développement industriel et de la Promotion de l’Investissement. Tout de go, cette dernière est entamée par la récurrente question sur la santé du Président candidat. «Il va bien ! Très sérieusement, il va de mieux en mieux. Il m’a reçu, il y a une quinzaine de jours, avec le vice-Premier ministre portugais, nous sommes restés ensemble 1h30. Il a aussi reçu, la semaine dernière, le secrétaire d’Etat américain». «Le gouvernement fonctionne», fera remarquer M. Benyounès à Thomas Vampouille, notre confrère de Metronews, qui l’interrogeait sur la non-convocation d’un Conseil des ministres cette année. «Contrairement à la France, nous avons aussi un conseil du gouvernement, présidé par le Premier ministre, et celui-ci se tient tous les mercredis. Toutes les affaires de l’Etat sont gérées», lui précisera-t-il. «Nous faisons confiance au peuple algérien : s’il voit que le Président est un impotent ou qu’il a perdu ses facultés mentales, il ne votera pas pour lui. Mais c’est le peuple qui décidera, le 17 avril, et non les médias ou les politiciens», devait-il appuyer encore. Plus loin, expliquant les motivations qui ont amené son parti le MPA à soutenir cette candidature décriée par certains, M. Benyounès mettra en avant le risque réel qui guette la région face à la situation qui prévaut dans les pays voisins : «Toute la région est totalement déstabilisée. Il y a de graves problèmes à la frontière sud avec le Mali, à la frontière libyenne et la Tunisie commence à peine à se remettre… Donc nous, instinctivement, pensons qu’avec son expérience, le seul qui est capable de garantir la sécurité de notre pays et la stabilité dans notre région, c’est le Président Bouteflika. Et sans sécurité ni stabilité il n’y a ni démocratie ni développement, nous l’avons vécu dans les années 1990. Je ne le considère pas comme un homme providentiel, mais dans la situation actuelle, c’est, de très loin, le meilleur, » plaidera-t-il. Pour faire parvenir son discours aux jeunes qu’il aurait à convaincre, Benyounès ne pense pas que la mission serait difficile, à partir du moment où « les Algériens savent tous ce que Bouteflika a fait pour le pays . Il y a donc son bilan qui parle déjà pour lui.»
Le grand défi du chômage !
Dans le détail, Benyounès expliquera : «le Président Bouteflika s’était engagé sur trois piliers. D’abord, le rétablissement de la paix et de la stabilité : je pense que tout le monde reconnaît qu’il a réussi. Ensuite, la réhabilitation de l’Algérie sur la place internationale : aujourd’hui, l’Algérie est la plus grande puissance régionale en Afrique du Nord. Enfin, la relance économique, qu’il faut approfondir : c’est notre engagement pour les cinq prochaines années». Comment ? «Nous avons un double défi à relever. Pendant longtemps, nous avons été une économie centralisée, bureaucratique, donc il faut d’abord passer à l’économie sociale de marché. Le deuxième défi, encore plus important, c’est l’évolution, d’une économie de rente pétrolière, vers une économie de production. Nous avons donc entamé une vraie politique de réindustrialisation. Notre objectif : faire passer le secteur non-pétrolier de 4-5% à 10-15% du PIB, dans les cinq prochaines années. Enfin, pour enrayer le fléau du chômage des jeunes, il faut mettre le système éducatif plus en adéquation avec la demande des entreprises». Et sur le plan démocratique ? «Le Président s’est engagé à faire voter une nouvelle Constitution. L’Algérie connaît un certain nombre de débats à ce sujet : Quel type de régime ? Quels équilibres entres les différents pouvoirs ? Faut-il limiter ou non le nombre des mandats ? Le Président n’a pas tranché mais il a promis une nouvelle Constitution, qui sera soumise à un référendum», devait rétorquer sur la question Amara Benyounès qui n’a pas omis non plus de rappeler que le candidat Bouteflika parlera bien aux Algériens, avant l’élection. «Il va parler, bien sûr », tranchera le secrétaire général du MPA, sans préciser de date ni la manière avec laquelle cette sortie était envisagée. Des bruits non confirmés n’excluent pas une sortie publique, lors du meeting de clôture de la campagne, prévu à Alger.
Compte rendu de D. C.
