Le parcours d’un pionnier de l’amazighité

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Mohand Idir Aït Amrane est l’auteur de «Ekker a mmi-s n umazigh, dira M. Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut commissariat à l’Amazighité (HCA), qui est également réalisateur et scénariste du documentaire «Ad yidir mmi-s n umazigh», dédié à la mémoire de feu Mohand Idir Aït Amrane.

«C’est un hommage à celui qui fut en quelque sorte mon maître avec qui j’ai travaillé pendant dix ans au HCA», dira M. Assad. D’une durée de 52 minutes, ce documentaire a été projeté vendredi dernier, à la maison de la culture Ali Zamoum de Bouira. Il est vrai que le poème Ekker a mmi-s n umazigh (Debout fils de l’Amazigh), faisait l’objet d’une polémique quant à sa «paternité». Certains disaient qu’Idir Aït Amrane n’en était que l’interprète, d’autres mentionnaient que ce chant patriotique kabyle a été «repris» par Aït Amrane. Il n’en fallait pas moins pour que cette chanson suscite la controverse. Par ce documentaire et les témoignages qu’il contient, le réalisateur a, de son propre aveu, «rendu à César ce qui lui appartenait». Afin de présenter cette personnalité marquante de l’histoire de l’Algérie en générale et de la Kabylie en particulier, le réalisateur a eu recours à plusieurs témoignages de personnalités composées d’amis, de membres de la famille d’Idir Aït Amrane, mais aussi à des documents d’archives. Le fil conducteur de ce documentaire est le célèbre texte poétique d’Idir Aït Amrane, «Ekker a mmi-s n umazigh», écrit en février 1945, dans la cour du lycée de Ben Aknoun à Alger. Mieux qu’un poème, c’est un hymne à la révolte et à l’insoumission d’un peuple contre son oppresseur. Ce chant poignant, commence ainsi «Debout fils d’Amazigh, notre soleil s’est levé. Il y a longtemps que je ne l’avais vu ! Frère, notre tour est arrivé», s’adressait à tous ceux qui luttaient pour l’indépendance nationale, mais aussi pour la promotion de Tamazight. Repris dans ces années-là par le mouvement des scouts algériens, il le sera également par des artistes comme Lounis Aït Menguellet, l’un des intervenants dans le documentaire, en plus de Saïd Chibane, Sadek Hadjeres, Mohamed Harbi, Ramdane Ouahès, Malha Benbrahim ou Khedam Mohand Oubelkacem. Tous ont souligné l’amour et l’engagement de Mohend Idir Aït Amrane pour Tamazight. D’ailleurs, des imagées d’archives accompagnées de témoignages démontrent que «le père» d’Ekker a mmi-s n umazigh n’a jamais dissocié d’un cadre rassembleur et de l’unité nationale, allant même jusqu’à illustrer son désaccord avec Mouloud Mammeri sur la création des néologismes. Des faits sont également rappelés, comme l’appartenance du regretté au «groupe de Ben Aknoun» composé de militants de la cause nationale. Ce documentaire s’est achevé sur les images d’un enseignant en train de donner un cours de tamazight et de dicter Ekker a mmi-s n umazigh aux élèves d’une école primaire. Enfin, il est utile de souligner que ce documentaire est accompagné d’un livre, intitulé « Idir Aït Amrane l’itinéraire d’un homme de culture» et d’un livret contenant le poème «Ekker a mmi-s n umazigh», traduit vers l’arabe, le français et transcrit en braille, et d’un CD des chants patriotique repris par une chorale d’enfants.

R. B.

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