«La formation journalistique est indispensable, pour une pratique saine du journalisme dans notre pays », a insisté Moustefaoui Belkacem, écrivain et professeur à l’école de journalisme d’Alger, lors d’une conférence animée au centre de documentation des droits de l’homme de Béjaia, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse. « La formation continue du journaliste est très importante. Il faut qu’il y ait une spécialisation dans les thèmes. C’est-à-dire que des quotidiens doivent avoir des journalistes spécialisés dans les rubriques, économique, politique, sportive et autres, et formés pour couvrir la vie parlementaire du pays », a expliqué l’auteur du livre Médias et liberté d’expression en Algérie – Repères d’évolution et éléments d’analyse critique. Abordant la question de la relation de la liberté de la presse avec l’argent, Moustefaoui a soutenu que les journalistes dignes de ce nom ne doivent pas céder « à l’assujettissement ou à la colonisabilité » des tenants de la rente, des annonceurs privés ou des pouvoirs publics qui monopolisent la publicité. « Il y a une forte tentation que le journaliste soit mis en assujettissement. Mais il doit résister de deux manières. D’abord, par son savoir faire. C’est-à-dire qu’il doit maîtriser les techniques rédactionnelles pour qu’il rédige, et non qu’il fasse, des articles. Il doit aussi diversifier, recouper et vérifier ses sources d’information. Ensuite, par son savoir être. Cela signifie qu’il doit se conformer à l’éthique et à la déontologie journalistique. Le journaliste doit avoir un sens de responsabilité sociale pour se prémunir de la récupération et de la manipulation des officines du pouvoir », a souligné l’orateur, devant une assistance composée essentiellement de journalistes, de militants des droits de l’homme et d’animateurs associatifs. Par ailleurs, M. Moustefaoui s’est montré sceptique quant à l’ouverture honnête de l’audiovisuel en Algérie. Pour lui, la dizaine de chaînes satellitaires autorisées par le pouvoir n’est que de la « poudre aux yeux ». L’intervenant a expliqué que l’ouverture de ces chaînes TV répondait, en fait, à des agendas politiques et des alliances entre éditeurs et certaines officines. Dans ce cas, « l’on ne peut parler de la pratique d’un journalisme libre et indépendant ». Au niveau du TRB, l’invité de l’association des journalistes et correspondants de Béjaia, le politologue Mohamed Chafik Mesbah, a estimé qu’« il n’existe pas d’exemple où la démocratie fonctionne sans la liberté de la presse », qui constitue, a-t-il souligné « un contre pouvoir naturel, face aux risques de déviation des pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire ». Le conférencier a indiqué au passage, qu’« il ne peut exister de système démocratique véritable sans une liberté de la presse ». Cela, d’autant plus que, a-t-il expliqué « la séparation entre les trois pouvoirs institutionnels ouvre nécessairement la voie à l’exercice de la liberté de la presse ». Dans notre pays, a insisté Mohamed Chafik Mesbah, «la situation reste en deçà des standards internationaux, malgré les efforts de la presse indépendante».
Boualem Slimani et D. S.
