Large adhésion et quelques réticences

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Les partis politiques et l’ensemble des destinataires de l’invitation lancée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à une large concertation sur la révision de la Constitution, ont répondu favorablement, à l’exception de quelques réticences émises par certaines entités politiques qui avaient, pourtant, fait de cette question leur cheval de bataille lors de la campagne électorale. C’est ainsi que les partis politiques, qui ont fait campagne pour le président Abdelaziz Bouteflika, ont unanimement approuvé et fait siens l’annonce faite lors du conseil des ministres d’inviter dès le début du mois de juin à des rencontres à la présidence de la République, « pour exposer et débattre leurs vues, commentaires et éventuelles contre-propositions au sujet des propositions qu’ils auront eu le temps d’étudier ».Comme il fallait s’y attendre, le FLN, le RND, le MPA, l’ANR et le TAJ ont non seulement été des heureux récipiendaires à l’invitation faite par le président de la République, mais ont également estimé qu’il s’agit là d’une « opportunité précieuse qui s’offre pour dégager une consultation consensuelle au profit de tous ». Le FLN, par la voix de son secrétaire général, Amar Saadani, a lancé un appel aux partis, aux personnalités nationales et aux organisations de la société civile à participer à l’élaboration d’une constitution consensuelle, à l’occasion de l’installation de la commission chargée de formuler les propositions du parti du FLN sur la révision de la constitution. Amar Saadani a, en outre, indiqué que son parti œuvre pour l’élaboration d’une constitution démocratique et sociale qui consacre le principe de séparation des pouvoirs et conforte l’indépendance de la justice et le rôle du parlement et la place de la majorité au sein du gouvernement. Aussi, a-t-il ajouté le FLN œuvre également à l’élaboration d’une constitution qui élargit  » le champ des libertés, sépare les institutions et ouvre la voie aux partis pour exercer leur activité politique dans un climat sain et consacre un large espace à l’information et au respect de l’opinion d’autrui et à la participation de la société civile au processus de développement ».  Pour sa part, le RND n’est pas resté insensible à l’invitation du président de la République. En effet, le porte-parole du RND, Nouara Djaâfar, a affirmé que son parti n’allait en aucun cas rater cette occasion pour le motif, a-t-elle souligné que « le RND a toujours appuyé le processus de réformes initiées par le président de la République », explique Nouara Djaâfar. À propos du contenu des amendements que le parti allait soumettre, le porte-parole du parti a indiqué que pour le moment, elle ne pouvait anticiper sur les évènements, car le secrétariat du parti ne s’est pas encore réuni. Toutefois, précise-t-elle, les propositions de 2011 sont toujours d’actualité. « Il faudra attendre maintenant que l’on nous transmette le projet de propositions pour que l’on se prononce. Il est possible qu’on en appuie certaines, refusés d’autres ou encore apporter notre touche à l’édifice. Le PT de Louiza Hanoune est, comme d’aucuns ne l’ignorent, prêt à participer aux consultations. Cette formation politique, qui milite pour une refonte globale de cette Constitution, considère qu’il est positif et important d’associer les partis politiques à la discussion, en précisant que le PT a ses propres propositions, lesquelles ne peuvent prétendre remplacer la souveraineté populaire. Par ailleurs, le parti de Louiza Hanoune s’interroge sur la signification d’une Constitution consensuelle évoquée dans le communiqué du Conseil des ministres. D’autre part, le parti a insisté sur la nécessité de la prise en charge de toutes les préoccupations et les aspirations du peuple algérien à une véritable démocratie et au règlement de tous les problèmes socio-économiques. Pour sa part, l’Alliance nationale républicaine (ANR) s’est dite, par la voix de son secrétaire général, Belkacem Sahli, confiante et rassurée quant à cette invitation du président de la République à un large débat autour de la révision de la constitution et qu’elle ira avec la certitude que l’ensemble des doléances des partis trouveront l’écho favorable pour leur mise en oeuvre. L’ANR, selon son secrétaire général, aura à émettre des propositions qui décolleront des réunions périodiques que le parti aura à tenir pour sortir avec la mouture finale qui sera transmise au chef de cabinet Ahmed Ouyahia le mois de juin prochain  

« On attend de voir » des partis de l’opposition  

Parmi les responsables de partis politiques, qui ont émis certaines réserves à l’annonce de ces consultations pour réviser la loi fondamentale du pays, le secrétaire général du Mouvement El Islah, Djahid Younsi, un des acteurs du Pôle des Forces de Changement créé par les soutiens de Ali Benflis au lendemain de l’annonce des résultats des élections présidentielles. Il a indiqué que la question de la participation du Pôle aux consultations sur la révision de la constitution sera examinée dès le début de cette semaine. Djamel Benabdeslem, président du Front de l’Algérie Nouvelle, un parti membre de ce pôle, considère que le pouvoir doit d’abord « donner des gages » concernant ses attentions d’élargir le dialogue à l’opposition, ensuite le pôle « prendra la décision qu’il juge idoine», a ajouté le président du FAN qui tient à préciser que la position de son parti sera celle que le Pôle prendra. Il a, par ailleurs, souhaité que la « mascarade de 2011 » ne se reproduira pas, allusion à la commission de Abdelkader Bensalah et a émis le vœu de voir la nouvelle constitution comme une première étape d’un véritable changement du système politique. Pour sa part, Noureddine Bahbouh, secrétaire général de l’Union des Forces démocratiques et sociales (UFDS), a qualifié quant à lui, les décisions du conseil des ministres de « promesses sans lendemain ». Il doute de la volonté du pouvoir en place à concrétiser les réformes politiques annoncées et a émis des réserves sur la manière avec laquelle celles-ci seront menées. À propos des consultations que le pouvoir compte lancer avec les partis politiques, Bahbouh pense qu’il faut ouvrir un débat avec l’opposition et non pas avec des personnalités choisies sur mesure.  

 

 Ferhat Zafane 

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