À l’initiative de l’association « Espoir de jeunes » d’Ighram, l’assemblée populaire de wilaya a organisé hier, en sa salle de conférences, une journée d’étude sur l’officialisation de Tamazight. Braham Tazaghart, romancier, Mokrane Aggoune, ancien détenu des événements du 19 mai 1981, Mustapha Tadjet, ex-chef du département de Tamazight à l’université de Bejaia, Djamel Baloul, enseignant de droit dans la même université et Tahar Aïssi, enseignant de Tamazight ont été invités à animer une série de conférences. En ouvrant la séance, le président de l’APW déclarera qu’effectivement, à l’instar de la date du 19 mai, il y a des journées gravées dans la mémoire collective, parce qu’elles véhiculent les symboles de l’identité et de l’histoire millénaire du peuple berbère. Celles-ci restent un repère pour l’accomplissement de la revendication légitime de tout le pays, à savoir la reconnaissance officielle de la langue Tamazight, dira-t-il en substance. Il enchaînera en rendant un grand hommage à tous les militants de la cause qui ont payé un lourd tribut pour leur conviction et leur lutte pour une Algérie libre et démocratique. En conclusion, il déclarera que, même si presque tous les acteurs politiques reconnaissent que la langue Tamazight doit être reconnue comme langue officielle, elle fait toujours peur. Or, selon ce dernier, le pays ne pourra retrouver la stabilité et le progrès que dans un Etat démocratique et social où l’officialisation de Tamazight sera incontournable pour l’édification d’un état de droit. Il interpelle les hautes autorités pour mettre tous les moyens en faveur de l’émancipation de la langue Tamazight en créant, entre autres, une académie nationale. Dirigeant les débats, Braham Tazaghart se félicitera que l’APW ait pensé à organiser, pour la première fois, une rencontre à l’intérieur d’une institution étatique, autour de la question de Tamazight. Ainsi donc, il dira qu’étant un élément constitutif de l’identité cette dernière doit avoir la place qui lui sied et l’élite doit justement contribuer pour son émancipation, en prenant position au lieu de sombrer dans la fatalité. Invité à intervenir, Mokrane Aggoune fera un bref rappel des événements enregistrés en Kabylie, notamment ceux d’Avril 80, à Tizi Ouzou, et Mai 81 à Bejaia. Ils représentent, soulignera-t-il, les éléments du socle du printemps berbère qui a duré une année. Pour ce dernier, les mobiles du soulèvement du 19 Mai 1981 sont à chercher du côté des volets socioéconomique et politique. En parlant du cheminement tortueux, à travers le temps, de la revendication de Tamazight Di Lakul, il énumèrera les différentes actions telles que l’année du boycott. Cette journée d’étude a permis aux présents de débattre de l’officialisation de la langue Tamazight et de prendre conscience que la situation de blocage ne peut s’éterniser. Durant la même matinée, pour célébrer le 33e anniversaire des événements du 19 mai 1981, les dirigeants du mouvement culturel berbère ont animé un meeting populaire à proximité de la place Daouadji, qu’ils ont rebaptisée pour la circonstance : place du 19 mai, alors que ceux du mouvement pour l’autonomie de la Kabylie ont organisé une marche à partir de l’université jusqu’à la placette Saïd Mekbel où il y a eu des prises de parole.
A. Gana