À l’approche de la saison estivale, les communes du littoral procèdent, depuis quelques semaines, aux préparatifs.
Le nettoyage des plages a été entamé par les services communaux qui ont, pour certains, opté pour la facilité en ensevelissant sous des couches de sable l’ensemble des détritus ramassés. Une solution précaire et dangereuse pour les touristes qui fréquenteront les plages, pieds nus. Ces détritus sont constitués, majoritairement, de canettes et de bouteilles de bière pouvant, conséquemment, engendrer des blessures aux baigneurs. Ce week-end, la direction de la jeunesse et des sports est passée à l’action. Dans le cadre de l’opération traditionnelle « les éboueurs de la mer », un demi millier de jeunes, venus de cinq wilayas du pays dont Béjaïa, ont sillonné les plages du littoral béjaoui, d’Est à l’Ouest, pour passer au peigne fin toutes les plages autorisées à la baignade. Plusieurs sacs de débris ont été ramassés par ces jeunes volontaires. Un acte civique qui peut servir d’exemple aux pollueurs qui profanent les plages et les forêts à longueur de l’année. Le manque de poubelles et l’incivisme font que les plages et les sites touristiques, à l’image de la route touristique du cap d’Aokas ou celle du cap Carbon de Béjaïa, servent de bars en plein air. Cette nouvelle habitude, née depuis l’ouverture de boutiques de vente de boissons alcoolisées à emporter, a considérablement pollué l’environnement. En outre, les décharges sauvages, qui pullulent au niveau de la côte ouest et celle balnéaire d’Aokas font que la région de Béjaïa, ne soit plus attractive. Elle est trop sale pour la classer comme une région touristique à visiter.
L’éradication des décharges sauvages, une priorité
La préservation de l’environnement passe par la réalisation de décharges contrôlées ou de centres d’enfouissement techniques et une sensibilisation à une culture de civisme. Pour y parvenir, tout le monde doit s’y mettre. L’éradication des décharges sauvages et l’interdiction de la consommation de boissons alcoolisées en plein air est une nécessité. Les autorités compétentes doivent se pencher sur cette situation et trouver une solution dans les meilleurs délais, afin de redorer le blason de cette belle région touristique. Un autre volet rentre dans la préparation de la saison estivale, c’est celui de la sécurité des plages. Outre les brigades de police des plages, dont les éléments circulent en quads, la Protection civile engage des surveillants de baignade et met tout un arsenal à leur disposition. Pour la police, comme à son habitude, un dispositif spécial « ramadhan » suivi d’un autre spécial « saison estivale » sécuriseront tous les secteurs relevant géographiquement de ce corps constitué. On fera même appel aux éléments des autres régions du pays pour renforcer les unités du littoral. De leurs côtés, les services de la Protection civile mobiliseront une moyenne d’une douzaine d’éléments par plage. Près d’une centaine de maîtres nageurs professionnels, auxquels s’ajoutent trois fois plus de surveillants de baignade saisonniers, y seront présents pour assurer la sécurité des estivants. L’affectation de ces ressources humaines se fera, bien sûr, selon l’importance des sites et l’affluence des vacanciers. Cet ensemble de surveillants sera placé sous la responsabilité d’un inspecteur des plages assisté par des chefs de secteurs qui veilleront à la bonne application des normes de sécurité. Sur le plan matériel, outre les ambulances, stationnées en permanence sur les plages à grande affluence, et la dizaine d’embarcations pneumatiques de type zodiacs, prêtes à intervenir sur l’ensemble des plages du littoral, les éléments chargés de la sécurité des baigneurs disposent de l’ensemble des moyens classiques du maître-nageur, telles que les bouées, les cordages et autres boites à pharmacie. Pour offrir toutes les commodités aux cinq millions de vacanciers qui choisissent le littoral béjaoui pour leurs séjours, il faut, également, multiplier les structures d’hébergement. Jusqu’à présent, le nombre d’hôtels, dont dispose la wilaya de Béjaïa, est en deçà de la demande. L’inauguration de cinq nouveaux hôtels, avec un demi millier de lits supplémentaires, augmentera les capacités en matière d’hébergement. Mais cela reste insuffisant pour une région qui reçoit énormément de touristes algériens et étrangers. Heureusement que les campings familiaux et la location de logements par les particuliers viennent en appoint. Ces derniers arrivent à héberger près d’une centaine de milliers de touristes par nuitée alors que les hôtels ne le font que pour une quinzaine de milliers. À long terme, une trentaine d’infrastructures touristiques seront réalisées au niveau des zones touristiques d’Aokas et Souk El Tenine et au niveau de certaines communes de la wilaya. Une fois, achevées, ces dernières feront passer les capacités d’hébergement hôtelier de la région, du simple au double. Entre temps, le tourisme se limite au rafistolage.
Des bicoques en guise de restaurants
L’hébergement ne se limite pas au découcher, il y a également la restauration qui fait plus ou moins défaut. Déjeuner ou dîner dans un simple restaurant revient à cinq cent dinars par personne. Pour éviter ces dépenses exagérées, les touristes se rabattent sur les paillotes en rosier et bâche, érigées pour la saison. Aucune mesure d’hygiène n’est, parfois, respectée dans ce genre de bicoques. Frites-omelettes, tchekchouka, merguez et poulets sont les principaux plats qui y sont servis. Leurs prix, oscillant entre 100 et 300 dinars par personne, sont attractifs, mais…
Beaucoup d’insuffisances en matière d’accueil et de commodités à offrir aux touristes, malgré la beauté féerique de la région. La région de Béjaïa recèle des atouts naturels qui auraient pu faire d’elle un lieu privilégié pour les vacanciers de tout bord. Le mont Gouraya, le cap Carbon, la baie des aiguades, la grotte d’Aokas, la cascade de Kefrida (Taskriout), la cascade de Bouamara (Tizi N’Berber) et les gorges de Kherrata sont quelques beaux sites à découvrir. En réalité la nature a gâté la région, notamment celle du littoral dont la montagne plonge directement sur la mer, faisant jumeler cette dernière avec la forêt. Sur le côté Est, la bande boisée, ombrageant l’entrée des plages, sert de lieu de détente aux familles. Une beauté naturelle mal exploitée.
A. Gana