Les APC montrées du doigt

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L’aménagement urbain dans la wilaya de Bouira souffre d’innommables carences.

Ce constat est celui de nombreux élus de l’APW, qui n’hésitent pas à le rappeler à la moindre occasion, en interpellant le premier magistrat de la wilaya. Il est vrai qu’au vue des sommes englouties et la situation jugée « grave » dans laquelle se trouve la wilaya en matière d’aménagement urbain et d’amélioration du cadre de vie, il y a de quoi se poser des question. Hier, la directrice de l’urbanisme et la construction (DUC) de Bouira a exposé le bilan des activités de son département, lors d’un conseil de wilaya dédié à ce secteur hautement sensible. Ainsi, on apprendra que le plan décennal (2005-2014), n’est pas encore achevé et que de nombreux chantiers sont en cours, ou bien rencontrent certaines difficultés à aboutir. Pour rappel, le programme 2005-2014 incluait pas mois de 23 opérations d’aménagement, touchant 271 sites à travers 38 communes, le tout pour 8.5 milliards de dinars. Cette enveloppe, aussi gigantesque soit-elle, n’a pas suffi pour rattraper le retard qu’accuse ce secteur. Afin de palier à cela, la DUC de Bouira a accordé hier, une enveloppe complémentaire estimée à près de 3 milliards de DA, dans le but d’entamer de nouveaux projets de développement à travers de nombreuses communes de la wilaya. Cette dotation financière vise, selon Mme la DUC, à «la prise en charge des sites présentant un déficit en VRD, proposés à travers les communes de la wilaya». Ainsi et pour la daïra de Bouira et ses trois communes, il est programmé pas moins de douze (12) opérations d’aménagement. Pour la daïra de Sour El Ghozlane, neuf opérations sont enregistrées, alors que pour la daïra d’Ain Bessam, laquelle connaît un énorme déficit en aménagement, et ce de l’aveu de bon nombre de ses élus locaux, se verra dotée de douze opérations qui toucheront les principaux «points noirs» des chefs-lieux de ses trois communes. Idem pour la daïra de Kadiria et les autres daïras que compte la wilaya. «Avec toutes ces opérations, nous espérons combler les retards accumulés et offrir aux citoyens un cadre de vie des plus agréables», dira la DUC de Bouira.

Des années pour une simple délibération !

Cependant, toutes ces sommes ne servent absolument à rien, si la volonté ne suit pas ! Et c’est là que le bât blesse. En effet, tout projet d’aménagement urbain, aussi mince soit-il, doit prendre en compte certains paramètres, notamment le plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (PDAU) et le plan d’occupation du sol (POS). Le premier détermine la destination générale des sols, définit l’extension Urbaine, la localisation des services et activités, ainsi que les zones d’intervention sur les tissus urbains et les zones à protéger. Le second fixe les règles générales et les servitudes d’utilisation des sols, dans le cadre des orientations des schémas directeurs avec lesquels ils doivent être compatibles. Bref, sans eux, tout plan d’aménagement, digne de ce nom, est voué inéluctablement à l’échec. Eh bien, selon Mme la DUC, seules six communes, des 45 que compte la wilaya, ont approuvé l’étude de leur plan d’aménagement et d’urbanisme. Il s’agit de Bouira, Bechloul, El Adjiba, El Esnam, Khabouzia et Aomar. Pour six autres communes, à savoir Ahnif, Ath Mensour, M’Chedallah, Ouled Rached et Chorfa, l’étude du PDAU est achevée mais pas encore approuvée. Pour le reste des municipalités, les études sont toujours en cours, et ce, depuis les années 2000, d’après la DUC. Pourquoi tant de retard ? Eh bien, d’après l’oratrice, les Assemblées populaires communales (APC) ne sont pas tout à fait étrangères à cette défaillance manifeste. «Pour un simple document administratif ou bien une enquête d’utilité publique, on met des mois, voire des années pour l’obtenir», s’est-elle désolée. Le cas des POS en est, selon elle, la parfaite illustration. En effet, sur un total de 178 études de POS inscrites depuis plus de 10 ans, 37 sont achevées, mais attendent toujours une enquête d’utilité publique, 31 sont toujours en cours d’études et 05 ont été résiliées pour défaillance du BET. Plus grave encore, 27 études de POS ont été achevées, cependant, elles attendant toujours les délibérations des APC. Parmi les APC «récalcitrantes», la DUC de Bouira citera pêle-mêle Bouira, Ouled Rached, Bordj Okhriss, Ain Bessam, Chorfa, Lakhdaria, Djebahia,… etc.

Ramdane B.

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