La cité d’Azrou Oukellal, réalisée en 2004 dans le cadre du programme de résorption de l’habitat précaire (RHP), regroupe un ensemble de 36 bâtisses où vivent, dans des conditions déplorables, plusieurs dizaines de nomades.
En effet, des semi-nomades venus de la wilaya de M’sila, de la région de Ben-Srour, qui vivaient auparavant dans des tentes, se sont regroupés dans cette cité située à proximité de la RN5, à l’extrême ouest, à environ 4 km du chef-lieu de la commune d’Ath Mansour, nous précise-t-on. Malheureusement, leurs nouvelles résidences ne présentent aucun confort supplémentaire par rapport à leurs tentes, sinon un taux d’humidité et d’insalubrité plus élevé. Les occupants que nous avons rencontrés, nous ont fait visité l’intérieur de quelques habitations. Le premier coup d’œil nous propulse d’emblée aux années 1960, et fait renaître le souvenir des sinistres logements des cités de regroupement ou plus précisément des camps de concentration réalisés par l’administration coloniale. Ce qui est choquant d’abord c’est le parterre de ces logements de 2 pièces de 4 mètres carrés, en ciment tout cabossé comme de véritables cellules à l’origine d’un taux palpable d’humidité. Réalisées sans finitions, toutes sortes d’impuretés s’accrochent aux aspérités des murs non revêtus d’une couche de crépissage, encore moins de peinture. Cela en plus d’être noircis par la fumée provenant du feu de chauffage dont le combustible utilisé est le bois de pins d’Alep dont la résine en brûlant se transforme en matière collante aux murs, plafonds et même aux maigres meubles, en dégageant en prime une odeur ocre irritante pour les yeux et qui prend à la gorge. Sans plafond, ces habitations sont revêtues de toitures en tuiles, chevrons et liteaux loin de suffire pour l’indispensable isolation. Les chambres se transforment en fournaise durant la saison chaude et glaciale en hiver. Dans l’un des logements visité nous avions remarqué une vieille femme alitée et souffrante. Sa literie est composée d’une natte et d’un tapis traditionnel, les deux usés, étalés à même le sol. Ce qui souligne d’une précarité sociale extrême des résidents de ces lieux, qui affichent sans exception un niveau de vie des plus bas. Les enfants mal habillés maigrichons sales et chétifs sont un signe supplémentaire non trompeur de leur sous-alimentation. Nous apprenons de plusieurs chefs de familles qu’aucun d’eux n’a un emploi stable. Ils travaillent comme journaliers chez les particuliers de la région. Ces derniers font appel à eux à chaque fois qu’ils ont besoin de main-d’œuvre. L’APC d’Ath Mansour a fait le louable effort d’assurer le ramassage scolaire à quelques 60 écoliers inscrits à l’école de Rodha, située à 5 km. C’est toujours ça de gagner pour ces damnés de la terre. Cependant, la contrainte majeure à laquelle font face ces déracinés (ils n’ont pas de terre) d’Azrou Oukellal, c’est l’eau potable. L’APC arrive à peine à leur fournir environ 1 400 litres pour chaque foyer, tous les 25 jours. Rappelons que chaque famille a une moyenne de 13 personnes qui s’entassent dans deux chambres exiguës. De plus, cette cité est étroitement encerclée par une multitude de carrières d’agrégats dont cinq d’entre elles sont à peine à 200m. Il est facile d’imaginer l’infernal bruit des concasseurs et autres engins de carrière qui enveloppent quotidiennement la cité en plus des épais nuages de poussière cancérigène qui s’y abattent. D’autant plus que des explosifs sont parfois utilisés par quelques exploitants. Certes l’Etat a fait l’effort de mettre fin à leur errance en les aidant à se fixer, mais les moyens mis à leur disposition et le lieu choisi pour une vie décente sont loin de répondre aux exigences les plus élémentaires sur toute la ligne, sachant qu’ils n’ont même pas bénéficié d’une salle de soins.
Le seul fait notable est le revêtement en bitume des allées entre les lignées de maisons, l’éclairage public fonctionnel, et enfin le raccordement au réseau de l’assainissement. On nous assure, d’ailleurs, que l’APC procède régulièrement à l’enlèvement des ordures ménagères.
O. S.
