Comme il l’avait promis, au mois de janvier dernier, à ses lecteurs de Tizi-Gheniff, Rachid Boudjedra est revenu au café littéraire qu’organise, dans la localité, la librairie KLMI.
L’écrivain était là donc, samedi dernier, avec son nouveau livre ‘’Printemps’’, à la grande salle de lecture de la nouvelle bibliothèque communale. « Nous sommes non seulement heureux mais surtout honorés qu’un aussi grand écrivain nous donne la primeur de son nouveau roman. Il nous avait promis la dernière fois qu’il était là de revenir dès que ce nouveau roman serait prêt. Il nous en avait même fait un résumé. Il a d’abord été publié en France, aux éditions Grasset et Fasquelle, puis en Algérie chez Barzakh. C’est un véritable chef-d’œuvre de littérature », nous confie Mohamed, un universitaire habitué du café littéraire et fervent admirateur de l’auteur. Pour sa part, Rachid Boudjedra ne cachera pas sa joie de se retrouver une nouvelle fois à ce café littéraire. Il dira également sa satisfaction de constater qu’une nouvelle génération de lecteurs, notamment des tout petits, vienne assister au café et s’intéresser à ses œuvres. Pour en revenir à son nouveau roman, qui renvoie à ces révoltes du monde arabe tant en Tunisie, en Egypte, en Libye qu’en Syrie, Rachid Boudjedra n’hésitera pas à dire que le premier printemps arabe avait bien eu lieu en Algérie, en octobre 1988. Il insistera néanmoins sur le fait que ‘’Printemps’’ était d’abord un roman, qui parle de contradictions, de falsification de l’histoire, mais également de la vie. Le conférencier tiendra également à dire que si les révolutions arabes ont mal tourné celle des Algériens quant à elle a fini par apporter des choses positives telles le multipartisme et la liberté d’expression… Par ailleurs, l’auteur reconnaîtra également, au cours du débat, que le problème de l’Algérie réside en cet ancrage, dans la société des mentalités rétrogrades et négatives. C’est un problème civilisationel, dira-t-il. L’auteur n’hésitera pas non plus à déclarer, en étayant ses propos avec des exemples concrets, que la démocratie n’existait, à vrai dire, nulle part dans le monde. « Il n’y a de démocratie nulle part, pas seulement en Algérie. Demandez à un chômeur ou à un père de famille qui a du mal à joindre les deux bouts qu’ils vous définissent ce qu’est la démocratie ? », a conclu le conférencier, avant de se consacrer à une séance de vente-dédicace. Notons que l’invité du jour du café littéraire s’est prêté bien volontiers au jeu de questions et réponses, s’enthousiasmant notamment de l’implication dont ont fait preuve les enfants du club de lecture. Il n’hésitera pas à répondre avec un grand sourire à toutes leurs interrogations.
Essaid Mouas

